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Editorial
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Omerta

L'organisation de la défense des entreprises est essentielle. Tous leurs dirigeants en sont convaincus. Pourtant, nombreux sont ceux qui, pour avoir tenté de s'y investir, à travers des organisations existantes, en sortent avec une réelle déception.
Des structures lourdes, politiques, où les rapports de force sont incessants. Des intérêts personnels qui, dans bien des cas, prennent le pouvoir sur l'intérêt collectif et sur la défense, justement, des intérêts des entreprises. Sous prétexte de soi-disant bénévolat, les accords sont tacites, au sein des équipes dirigeantes, pour que des compensations de toute sorte soient accordées, au bon vouloir bien sûr du pouvoir en place. Des instances au sein desquelles il serait mal venu de parler argent ; les yeux fermés, on se doit, sans poser de questions, d'approuver stratégie, budget et comptes. La question posée est une preuve de mauvaise éducation, elle offusque et laisserait sous-entendre qu'il pourrait y avoir un doute dans la gestion de l'être suprême qu'est le président. D'une opposition à un projet découlera très rapidement une sanction : le dessaisissement d'un dossier, une non-convocation à une réunion importante pour faire avancer un sujet et, pour les plus tenaces, on pourra aller jusqu'à l'exclusion pure et simple. Le non-dit est fort et celui qui ne le respecte pas se voit éliminé parce qu'au-delà de l'intérêt collectif affiché c'est bien l'ensemble des intérêts personnels qui se doit d'être protégé. Des intérêts qui la plupart du temps ne sont que de petits avantages bien sûr, mais le symbole est fort ! Un homme, comme une femme (mais il y en a si peu) libres n'ont pas leur place au sein de ces structures. On s'en méfie, ils sont "si imprévisibles". Pensez donc, ils ne réagissent que par rapport à l'intérêt collectif, sans tenir compte des intérêts individuels. Rien d'étonnant d'ailleurs à ce que les élections soient des moments de tension, le vote ne doit être que la conclusion de ce que les instances en place ont décidé pour que rien ne change. Tout hurluberlu, homme libre et imprévisible, aussi compétent soit-il, doit être éliminé ; c'est à la suite de compromis que l'on choisit celui qui, coopté, se fera élire avec un faux-semblant de démocratie. On fermera les yeux sur sa représentativité. L'essentiel est qu'il sache protéger l'institution sans faire de vagues. Gérard Dumontant n'a pas voulu rentrer dans ce moule et a brisé l'omerta. Ceux que l'on appelle les "sages" de la CGPME se sont réunis pour décider de son exclusion. Qu'en pensent tous les chefs d'entreprise qui chaque jour se battent pour faire tourner leurs maisons ? Vous avez dit défense des entreprises ?
PAF


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L'HÔTELLERIE n° 2645 Hebdo 23 Décembre 1999

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