Rennes
Marie-Line, adjointe de
direction de l'hôtel-restaurant Ar Milin', essaye de comprendre les raisons qui ont
amené la Juventus de Turin à jeter son dévolu sur cet établissement de Châteaubourg,
situé à 20 kilomètres de Rennes : "Je pense que notre situation géographique
et la présence d'un parc ont joué un grand rôle dans le choix de notre établissement
par les Italiens." Il suffit en effet de regarder l'extérieur. Cet ancien moulin
de caractère ouvre en effet la porte à un parc privé de cinq hectares, "entièrement
fermé". Un site idéal pour mettre à l'abri des regards indiscrets les stars de
la "Vieille Dame" et préparer en toute sérénité leur match contre le stade
rennais, en tour préliminaire de la Coupe d'Europe de Football. Mais pour accueillir une
équipe si prestigieuse, l'équipe de l'hôtel de Michel Burel n'a pas ménagé sa peine.
"Nous avons été contactés par une agence spécialisée dans le réceptif qui
s'occupe de tous les déplacements de la Juve en France, raconte Marie-Line. Ils
nous ont découverts dans le Guide des Châteaux et Hôtels de France",
d'où l'intérêt pour ce type d'établissement de s'afficher dans les guides. Cette
agence, Touring-voyages, contacte Ar Milin' 16 jours avant le déplacement des joueurs
transalpins. "Je vous laisse imaginer dans quelle intensité nous avons dû
ficeler le dossier ! Nous nous sommes retournés très vite", renchérit Nicolas,
attaché commercial. Outre les aménagements inhérents à l'accueil d'une équipe de foot
(tables de massage, salles de briefing...), l'hôtel a également opéré un transfert de
clientèle. "Nous étions en pleine saison ! Et bien entendu des clients,
étrangers pour la plupart, avaient réservé leurs chambres depuis longtemps",
souligne Marie-Line. La Juventus ayant en effet un impératif : aucune tête inconnue dans
l'hôtel en dehors des brigades de l'établissement ! Pendant deux jours, les 11 chambres
du moulin et les 20 chambres supplémentaires de la résidence située au fond du parc ont
été investies par 44 personnes. La direction entreprend alors de contacter les clients
étrangers avant leur arrivée. "Nous en avons eu certains mais d'autres étaient
sur leur lieu de vacances." Une fois arrivés sur site, "ils étaient
vraiment étonnés de voir tout ce monde aux abords de l'hôtel. Nous leur avons expliqué
la situation et tout s'est admirablement bien passé."
Partenariat plutôt que concurrence
Au total, cinq chambres, représentant 8 personnes, sont délogées, "pour
l'ensemble de leur séjour". Ar Milin' travaille ainsi en étroite collaboration
avec le Pen Roc, hôtel-restaurant situé à quelques kilomètres. "Nous aimons
travailler ensemble. Indépendants et de standing semblable, nous avons tous deux les
mêmes intérêts, précise Nicolas. Mieux vaut jouer la complémentarité que la
concurrence." Les deux établissements travaillent ainsi de pair lorsque certains
séminaires ou autres manifestations les y contraignent. Propriété de Joseph et Mireille
Froc, le Pen Roc a par ailleurs récupéré l'avocat de la Juve et les responsables de
l'agence réceptive. "La Juve a même payé le dîner des "délogés" au
Pen Roc." Une fois les joueurs partis, Ar Milin' a aussitôt enchaîné avec de
nouveaux clients. "Il y avait des petits dérangements et les chambres à refaire
immédiatement. Mais nous avons réussi à faire passer tout ça en compensant par des
petits gestes à l'attention de nos clients."
Avec ce type d'opération, les deux hôtels gagnent certainement en notoriété. "Cette
présence et cette organisation peuvent faire comprendre à certaines sociétés que nous
sommes capables d'accueillir ce type de clients. C'est bon pour la renommée."
O. Marie
L'HÔTELLERIE n° 2640 Hebdo 18 Novembre 1999