55e congrès de la FNIH
Interview réalisée par Sylvie Soubes
L'Hôtellerie :
Vous êtes à l'origine de l'UMIH. Pourriez-vous revenir sur les grandes lignes
de cette nouvelle structure syndicale et nous rappeler les raisons de sa création ?
André Daguin :
Lorsque j'ai pris la tête de la FNIH, je me suis aperçu que les pouvoirs publics
nous écoutaient gentiment mais que nous n'étions pas assez gros pour qu'ils nous
prennent au sérieux. Nous ne faisions pas le poids et ce malgré le travail opiniâtre et
têtu de mes prédécesseurs. Je me suis dit qu'il fallait regrouper les gens. Je crois
que nos organisations syndicales, telles qu'elles existent, ont fait leur temps. L'époque
des solistes est révolue. C'est le message que j'ai fait passer auprès des autres
structures. Dans les départements, des professionnels venant d'autres syndicats ont
adhéré à cette politique et ont décidé de travailler dans ce sens. Le congrès que
nous avons tenu à Tours avec le Clus* était le congrès du "souhait". Le 23
novembre prochain, des statuts vont être proposés au vote. Je tiens à souligner que
tout le monde a participé à leur élaboration. L'Union va ainsi rassembler la FNIH, le
SNRPO*, le GNC*, le SFH* et le Clus. Quant à l'avenir, notre Union doit accueillir et ne
surtout pas être une machine à exclure.
L'H. :
Comment cela va-t-il se passer dans les départements ? Qui sera président de
l'UMIH ? Quel est le calendrier prévu ?
A.D. :
Il y a eu le congrès de Tours, ensuite nos services juridiques se sont mis au
travail. Nous avons eu notre conseil d'administration en octobre. Le vote des statuts va
avoir lieu la semaine prochaine. A partir de là, il faudra élire le président de
l'UMIH. Ces élections devraient avoir lieu fin mars 2000 et je serai candidat à la
présidence. (Les nouveaux statuts devraient porter les mandats à quatre ans et si je
suis élu, je tiens à vous dire que je ne me représenterai pas ensuite). En ce qui
concerne les branches, les présidents de la FNIH resteront à leur poste encore six mois
avant que de nouvelles élections aient lieu. Entre temps, je vous rappelle que des
responsables du Clus font partie du directoire. Ce qui leur donne accès à tous les
dossiers en cours. Quant aux départements où le Clus et la FNIH sont présents, il y
aura fusion. Il faut que ces fusions soient en place avant l'élection du président.
L'H. :
La manifestation qui a eu lieu en octobre à Paris a été un succès. Il y a eu
d'ailleurs des promesses politiques, mais la situation reste bloquée. Comment voyez-vous
les choses ?
A.D. :
C'est l'Union - même si elle n'était pas encore constituée d'un point de vue
juridique - qui l'a organisée. Il n'y a pas eu une vitre de cassée. Les seuls coups qui
ont été donnés, c'est nous qui les avons pris. Ça nous a fait un bien fou ! Dans les
départements, les gens nous ont dit "vous avez été gonflés". Cela
nous a ramenés de nouveaux adhérents. En parallèle de la manif, nous avions pris
rendez-vous avec les partis politiques. Le PC, les Verts, le MDC, les radicaux de gauche
et toute l'opposition nous ont donné leur accord. Sur la situation de blocage, je ne peux
pas vous répondre. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on ne lâchera pas. Je ne
peux, à l'heure actuelle, ni rassurer, ni inquiéter les professionnels.
L'H. :
Cette manifestation a montré certaines divergences entre les associations et les
syndicats ?
A.D. :
Les associations regroupent des gens de bonne volonté et très compétents pour la
profession. Mais le syndicalisme, ce n'est pas tout à fait ça. Le syndicalisme est un
travail permanent, souterrain et impopulaire. Il ne faut pas que les gens des associations
se découragent ou se butent, même s'ils ne comprennent pas toujours notre façon d'agir.
Quand nous avons évoqué un taux de TVA à 14 %, ce n'était pas une demande mais une
remarque de notre part. Dans notre esprit, nous pensons qu'il pourrait y avoir un
deuxième taux réduit en France. Rien ne l'empêche d'ailleurs. Et puis, concernant
l'avenir, je voudrais souligner que c'est le Portugal qui va présider la Commission
européenne à partir du 1er janvier. Nous avons des contacts réguliers avec ce pays,
qui, je vous le rappelle, a modifié ses taux, d'abord à la hausse puis à la baisse...
L'H. :
L'application de la loi Aubry arrive à échéance dans très peu de temps.
Craignez-vous un durcissement du gouvernement ?
A.D. :
Nous participons de nouveau aux négociations depuis 15 jours. Nous avions claqué
la porte parce que la IIe loi Aubry n'était pas votée. Les propositions faites par les
autres syndicats sont inacceptables. Je refuse un accord de branche à 35 heures. Bien
sûr, les hôtels de luxe et les gros porteurs auront moins de difficultés à mettre
cette loi en place mais les petits, que nous représentons en majorité, ne pourront
jamais suivre. Il faut éviter que les gros passent de 39 à 35 heures. Bien sûr, ce sont
des établissements où la culture syndicale est forte. Personnellement, je veux que 35
heures se prononce 39 pour notre profession.
*Le Clus regroupe les départements dissidents de la Confédération française des
hôteliers, restaurateurs, cafetiers et discothèques.
*Syndicat national de la restauration publique organisée.
*Groupement national des chaînes.
* Syndicat français de l'hôtellerie.
"Notre Union doit accueillir et ne surtout pas être une machine à
exclure."
L'HÔTELLERIE n° 2640 Hebdo 18 Novembre 1999