Il est malheureusement trop
fréquent de constater la dérive avec laquelle certains élus, politiques comme
socioprofessionnels d'ailleurs, s'approprient la fonction qu'ils occupent sans plus tenir
compte de l'attente de ceux qui, en votant pour eux, les ont faits rois ! Ils
s'investissent dès lors moralistes, redresseurs de torts, n'hésitant pas à distribuer
bonnes ou mauvaises notes, au gré de leur bon vouloir et de leur humeur. Attitude
arrogante et intolérable.
Un élu se doit de rester à l'écoute de tous puisqu'il a été désigné pour parler en
leur nom. Refuser d'écouter, c'est rejeter son électeur et c'est, à terme, l'amener à
rejeter l'élu à son tour. Les électeurs ne demandent pas aux élus de se placer comme
"maîtres à penser", ils sont matures et tiennent à le rester ; ils attendent
seulement de celui ou de ceux qu'ils ont choisis pour les représenter de savoir les
comprendre, les écouter et de défendre leur cause dans les meilleures conditions afin
d'améliorer leur vie quotidienne. L'électeur déteste le chantage du type
"à prendre ou à laisser", rejette l'alternative "ceux qui ne pensent pas
comme moi sont contre moi et par là même vont à l'encontre des intérêts
collectifs". Se soumettre à une élection c'est accepter l'idée de servir les
autres, aussi difficiles, versatiles et peu reconnaissants soient-ils.
Etre élu, ce n'est pas avoir un poste de plus, c'est avoir l'honneur d'avoir une charge
de plus et se donner les moyens de l'assumer. Que les élus se méfient, les électeurs
aiment de moins en moins voir s'approprier institutions et fonctions, d'autant qu'ils
supportent très mal les leçons qu'on se plaît à leur donner. A ce jeu-là, seuls les
irréprochables ont encore un espoir de survie mais en est-il encore beaucoup ?
La prudence garantirait l'efficacité si l'énergie des élus se concentrait exclusivement
sur les dossiers et sur les moyens de les faire avancer.
Des dossiers aboutis pourraient dès lors être la meilleure façon de préserver la
confiance des électeurs et assurer naturellement le renouvellement de certains mandats.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2639 Hebdo 11 Novembre 1999