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Vie professionnelle
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Remous chez les CHR de l'Isère

Deux syndicats pour un seul département

Le malaise qui durait depuis quelque temps a finalement abouti à une scission de
la CIHTI
, la Chambre d'industrie hôtelière et touristique de l'Isère. Une cassure profonde puisque la nouvelle structure, le SIHD, le Syndicat de l'industrie hôtelière du Dauphiné, a décidé de rejoindre la FAGIHT alors que la CIHTI a toujours été affiliée à la FNIH.

Est-ce parce que Grenoble a été le berceau de la Révolution française en organisant dès 1788 les Etats généraux du Dauphiné, province qui allait bientôt perdre son parlement et être divisée en trois départements ? Toujours est-il qu'un vent de fronde a toujours soufflé sur l'Etat des princes du Viennois dont on célèbre cette année le 650e anniversaire de son "transport" (rattachement) à la France.
Déjà, en 1970, lors d'un congrès national mémorable tenu justement à Grenoble, une scission s'était produite à la FNIH, donnant naissance à la CFHRCL, la Confédération française des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et limonadiers. Une scission qui allait d'ailleurs entraîner celle du Syndicat patronal isérois qui enfanta d'une éphémère UDH 38 (Union départementale hôtelière) animée, entre autres professionnels, par Georges Achini (Les Mésanges à Montbonnot), Claudie Gaboriaud (Les Deux Platanes à Grenoble), Jean-Pierre Savioz-Fouillet (Le Vieux Manège aux Adrets), etc.

Antagonisme nord-sud
Comme la plupart des départements français créés par le jacobinisme républicain centralisateur pour les anciennes provinces, l'Isère est un ensemble un peu bancal : le nord, plaines et bocages, subit de plus en plus l'influence lyonnaise (le Rhône n'a pas cessé de grignoter son territoire, Satolas inclus) tandis que le sud, avec le chef-lieu, Grenoble, est plutôt montagneux. D'où l'existence (tenace) de deux chambres de métiers, de deux chambres de commerce et d'industrie, etc.
Même la Table gourmande Rhône-Alpes, (les cuisiniers de métier), laquelle, comme son nom ne l'indique pas, était essentiellement implantée en Isère, a vu une partie de ses membres, sous la houlette de Guy Savoy (natif de Bourgoin) et de Patrick Henriroux (La Pyramide à Vienne) faire sécession en 1993 avec l'Association des cuisiniers de métier du Nord-Isère.
C'est dire combien l'antagonisme nord-sud est un problème récurrent. Si la plupart des associations, syndicats, amicales, etc., restent départementaux, c'est en pratiquant un équilibre délicat et judicieux entre les gens d'en haut et ceux d'en bas ! Même le conseil général de l'Isère, à l'exception d'Alain Carignon, s'est toujours donné un président qui ne fût pas Grenoblois...
C'est sur ce terrain en partie miné que Pierre Cochet, élu depuis trois ans à la présidence de la CIHTI, a engagé ses élections statutaires au printemps. Dans un premier temps, Jean-Pierre Chavant, ancien président départemental des restaurateurs, avait décidé de s'effacer au profit de sa sœur Danièle Chavant, longtemps présidente de l'office de tourisme. Quant à l'équipe en place, d'après les dires des leaders de l'opposition Daniel Paraire (Le Relais des Chasseurs à Vienne), Gérard Tachet, (L'Hôtel de France à Morestel) et Noël Cottaz (La Gentilhommière à Cessieu), s'appuya davantage sur les Sudistes (en gros : Les Grenoblois) que sur les Nordistes (en gros : les Viennois).
Finalement, une seule liste fut présentée, qui ne comprenait ni Henri Ducret, ni Jean-Pierre Chavant, lequel entre temps avait pourtant confirmé sa candidature par lettre recommandée. Et le temps manqua aux Nordistes pour constituer une liste alternative. Ajoutez à ces dissensions des contestations sur le quorum, le nombre de sièges au conseil d'administration (passé de 21 à 26), la représentativité de certains élus, et vous aurez une idée de l'ambiance.

L'arrivée de Jacques Jond
Pour les Nordistes, c'en était trop. Rapidement, pourtant, il est apparu que l'antagonisme nord-sud était dépassé. Les sécessionnistes avaient pris contact auparavant avec Jacques Jond, qui préside depuis quelques décennies la FAGIHT, une des trois centrales patronales qui regroupe essentiellement des saisonniers à l'exception des hôtels de chaînes, surtout implantée en Savoie et en Haute-Savoie. Avant même que les dissidents aient notifié légalement leur démission (l'annonce a été faite par voie de presse), avant même que le SIHD ait déposé ses statuts et élu un bureau, le rattachement à la FAGIHT était acquis, un local trouvé à la CCI de Vienne à Villefontaine et une active prospection engagée auprès des saisonniers des massifs du Vercors, de l'Oisans et de la Chartreuse.
L'enjeu est de taille. L'Isère compte près de quatre mille professionnels dont un quart, seulement, est syndiqué. Et si la fracture entre la CIHTI-FNIH et le SIHD-FAGIHT ne porte pas sur un dogme, une idéologie ou une politique bien affirmées, elle est en revanche nette lorsqu'il s'agit de l'opposition entre les chaînes intégrées et "les indépendants qui risquent leurs propres fonds", leitmotiv de la centrale de Jacques Jond depuis le mouvement de Sévrier. Les mois qui viennent permettront d'y voir plus clair, chaque camp comptant alors ses affidés et... les cotisations qui en découlent.

Querelles de personnes
Il n'en demeure pas moins que nombre de professionnels, de part et d'autre, déplorent cet éclatement, au moment où l'hôtellerie et la restauration sont confrontées à ces étranglements que sont une TVA excessive et un passage aux 35 heures pratiquement inapplicable dans ces métiers caractérisés autant par des à-coups que par des horaires irréguliers. Ainsi, le vice-président des hôtels permanents de la CIHTI-FNIH, Gérard Tachet, devient-il le porte-parole du SIHD-FAGIHT. Le président André Ferrero (Hôtel Georges, Villard-de-Lans) de la CIHTI-FNIH est l'ancien représentant de... la Confédération sur le plateau. Et l'ancien président départemental des restaurateurs CIHTI-FNIH, Jean-Pierre Chavant, évincé dès 1993 pour laisser Daniel Parraire accéder à son siège, devient-il son principal soutien au SIHD-FAGIHT. On l'aura compris, au-delà des problèmes de fond et de controverses sur les formes, des inimitiés et des querelles de personnes ont envenimé cette affaire : les perdants, pour l'heure, sont les professionnels eux-mêmes dont la représentativité est amoindrie.

Les dissidents du SIHD
Les professionnels qui ont annoncé leur démission par voie de presse début septembre et qui l'ont confirmée lors d'une conférence au Grand Hôtel de Grenoble le vendredi 17 septembre (en fait, la plupart feront partie du futur conseil d'administration du SIHD) sont : Daniel Paraire (Le Relais des Chasseurs à Vienne) ; Jean-Pierre Chavant (Bresson près de Grenoble) ; Antonin Monaco (Auberge de Beaulieu à Vinay) ; Raymond Bertrand (La Vieille Maison à Aoste) ; Gérard Tachet (Hôtel de France à Morestel) ; Noël Cottaz (La Gentilhommière à Cessieu) ; Jean-Paul Bruyat (Le Reventel à Reventin-Vaugris) ; Gilles Duculty (Brasserie Contact à Salaise-sur-Sanne) ; Jean-Jacques Guilloud (restaurant Le Bec Fin à la Tour-du-Pin) ; Pierre Lantiat (Le Savoy aux Abrets) ; Danielle Berger (Bar l'Oasis à Saint-Quentin-Fallavier).
C. Bannières


Pierre Cochet élu depuis trois ans à la présidence de la CIHTI

© Phox Chaumartin

Daniel Paraire (Le Relais des Chasseurs à Vienne) est un des leaders du Syndicat de l'industrie hôtelière du Dauphiné.


L'HÔTELLERIE n° 2638 Hebdo 4 Novembre 1999

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