Périgueux
Yannick Bozoc et Michel
Cadiot voulaient ouvrir un restaurant au centre de Périgueux à quelques mètres du
domicile du premier magistrat de la commune, Xavier Darcos. Le projet de ces deux
Périgourdins était de créer un établissement baptisé Henri IV avec des plats
traditionnels comme la poule au pot et des recettes tirées de la cuisine bretonne. Ouvert
sept jours sur sept, avec fermeture à 23 heures, ce restaurant aurait dû accueillir ses
premiers clients le 19 juin dernier, juste avant le rush annuel des touristes. "Nous
voulions ouvrir pour la Fête de la Musique, expliquent les deux porteurs de
l'affaire. Nous avions des réservations pour le 14 juillet, et même pour le jour de
l'an, et nous avions l'intention de demander toutes les autorisations au fur et à mesure
qu'avançaient les transformations." Yannick Bozoc, cuisinier de profession et
Breton d'origine, comptait proposer la cuisine de son pays, alimentée par les produits du
terroir issus de l'exploitation agricole locale de Michel Cadiot, son associé. "Nous
avions loué le local, et le propriétaire était d'accord pour un restaurant,
rappelle-t-il. 150 m2, une terrasse dans une petite cour intérieure, 100 kF
d'investissements. Mais des toilettes, propriété d'une voisine, installées dans cette
cour et que nous voulions supprimer, ont été le point de départ de nos ennuis."
Peu accommodante, la voisine a mis le feu aux poudres en déposant une plainte suivie
rapidement d'effet.
Une visite d'huissier dépêché par la DDASS entraîne l'étude d'un dossier que les
instances municipales vont au final trouver bien léger : pas de permis de construire,
pourtant nécessaire pour la transformation de locaux à usage de bureaux en restaurant.
Pas d'autorisation ou de visite des pompiers (avec un couloir d'immeuble attenant, il faut
obligatoirement un plan d'aménagement de sécurité). Plus quelques oublis mineurs, comme
l'absence des papiers délivrés par le service d'hygiène, l'avis de l'architecte des
Bâtiments de France, les accès handicapés, etc. "Nous n'avons pas été
méchants, rappelle Serge Salleron, adjoint au maire chargé de l'urbanisme. Nous
les avons aidés dans leurs démarches, montant avec eux le dossier du permis de
construire, dont l'étude est toujours en cours. Mais il faut bien comprendre les
responsabilités d'une mairie qui doit agir dans la plus stricte légalité. Nous
n'étions pas du tout opposés au projet, bien au contraire. Mais encore fallait-il que ce
dernier soit aux normes pour devenir une réalité." Du côté des deux
entrepreneurs, on baisse les bras, en évoquant à mots couverts la gêne pouvant être
occasionnée par un établissement situé dans l'entourage immédiat de la mairie, tandis
que la municipalité se défend d'avoir un tant soit peu tenu compte de ce paramètre.
Une autre implantation ?
"Nous avons toujours en tête un restaurant de ce type, et nous sommes en train
d'étudier une autre implantation géographique, explique Yannick Bozoc. Le Henri
IV aura un jour sa poule au pot en Périgord." L'adjoint au maire réaffirme
volontiers : "Nous sommes désolés de cette situation. Nous les avons reçus
plusieurs fois, complétant leur dossier au fur et à mesure, consultant les diverses
administrations concernées, leur laissant toutes leurs chances, les aidant à dialoguer
avec les différents services. Une fois reçues toutes les autorisations sanitaires ou
autres, nous aurions donné sans hésiter notre aval." A noter que le local, dont
le bail a été définitivement résilié, reste disponible sur la place André Maurois,
que ce soit pour un restaurant ou pour tout autre commerce, dans la plus stricte
légalité.
L'HÔTELLERIE n° 2637 Hebdo 28 Octobre 1999