Valençay
Liquidé le 20 janvier dernier, cet établissement quatre étoiles vient de rouvrir avec des repreneurs qui veulent lui donner une nouvelle dimension.
Le 20 janvier
dernier, la mise en liquidation par le tribunal de commerce de Châteauroux de l'Hôtel
d'Espagne à Valençay avait créé un véritable traumatisme dans la région. Car cet
établissement, un des rares quatre étoiles dans cette zone, était un peu le phare de la
région de Valençay, bourg de 3 000 habitants dominé par le château de Talleyrand. Cet
ancien relais de poste devenu une vénérable institution avait accueilli entre 1808 et
1814 l'état-major des princes d'Espagne qui avaient été exilés par Napoléon et
assignés à résidence à Valençay. Depuis 1875, l'hôtel était la propriété de la
famille Fourré, Philippe et Maurice,
les derniers propriétaires représentant la quatrième génération qui a vu la montée
des charges et un taux d'occupation qui s'est réduit progressivement pour chuter à 35 %
sur 10 mois. Mais la fermeture n'aura été que provisoire. L'établissement vient en
effet d'être repris par Alexandre Aviloff, un décorateur d'Annecy qui a réaménagé et
décoré de nombreux hôtels et palaces en France. Une société, Hotesval, dirigée par
son épouse Claude, a été créée et la gestion de l'établissement confiée au fils
Boris, 27 ans, qui après un apprentissage en pâtisserie a suivi des études de service
et de direction d'hôtellerie. "C'est un bel outil, confie Alexandre Aviloff, qui
demande à être redynamisé, modernisé. Je vais remplir une mission de commercial pour
toucher et attirer une nouvelle clientèle. J'ai conservé de nombreux contacts dans
l'hôtellerie, chez mes anciens fournisseurs ; nous voulons aussi jouer la carte des
séminaires." Pourtant, tout n'est pas aussi simple. Si les six suites ont pu
être rouvertes dès le 15 août, il n'en est pas de même pour les 12 chambres qui n'ont
pas reçu le feu vert de la commission de sécurité : "Nous avons fait venir un
bureau d'études qui a conclu à l'absence de danger. Nous souhaitons discuter avec la
préfecture pour adopter un plan de mise aux normes étalé sur trois ans."
2000 : année du renouveau
Pas question dans l'immédiat de toucher aux étoiles : "Nous pensions descendre
à trois étoiles mais il faut en étudier les avantages et les inconvénients. En
attendant on ne touche à rien." Pendant trente ans,
l'Hôtel d'Espagne avait porté le flambeau de Relais et Châteaux avant de quitter la
chaîne l'an passé. "Nous sommes naturellement intéressés pour y revenir,
confie Alexandre Aviloff, mais le prix demandé est manifestement excessif. Nous allons
discuter." Si l'hôtel n'est que partiellement ouvert, le restaurant (36
couverts) fonctionne en revanche depuis la mi-août avec une équipe entièrement nouvelle
réunie autour du chef Marc Anquez, 36 ans, du second Philippe Dujardin et du pâtissier
Jonathan Hamon. La carte a été entièrement renouvelée (menus à 180 et 260 francs et
menu bistrot à 120 francs). La cuisine devrait également entièrement être
réhabilitée durant l'hiver et d'autres travaux seront engagés dans la foulée. La
famille Aviloff veut en effet prendre son temps et ne pas brûler les étapes. L'ouverture
tardive cette année ne permettra en effet d'engranger les premiers résultats que l'an
prochain. Mais la bonne tenue du tourisme dans la région, le démarchage d'une nouvelle
clientèle et le prestige intact de cet établissement sont pour Alexandre Aviloff "les
clefs de la réussite de l'Hôtel d'Espagne qui avait un passé et qui doit avoir un
avenir prometteur". L'an 2000 sera donc l'année du renouveau.
J.-J. Talpin
Les nouveaux propriétaires : Alexandre, Claude et Boris Aviloff ainsi que le chef
cuisinier, Marc Anquez.
L'HÔTELLERIE n° 2634 Hebdo 7 Octobre 1999