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Epargne

Le mauvais été du livret A

Les pouvoirs publics ont profité de la trêve estivale pour annoncer la baisse du taux du livret A et des placements administrés. Demandée par les autorités monétaires depuis de nombreux mois sans résultat, on commençait à espérer qu'elle ne se produirait pas, les taux mondiaux reprenant le chemin de la hausse. Hélas, elle est effective depuis le 1er août. Comment réagir face à cette situation ?

La rémunération des placements dits administrés - c'est-à-dire des produits dont le taux de rendement est décidé par les pouvoirs publics - ne peut plus désormais excéder le taux moyen des opérations librement négociées à court terme, de plus d'un demi-point. De ce fait, suite à la baisse des taux d'intérêt en début d'année, le Comité consultatif des taux à court terme avait demandé au gouvernement de baisser le taux du livret A, produit leader des placements à taux réglementé.
La réponse des pouvoirs public s'est fait attendre car la décision est en fait plus politique qu'économique. Le montant des sommes en compte sur un livret A ne représente que 107,4 milliards d'euros (704,5 milliards de francs) alors que la capitalisation boursière de la Bourse de Paris est de 1 000 milliards d'euros mais les 47 millions de Français détenant un livret A ou équivalent devaient voter pour les élections européennes. D'où la situation paradoxale actuelle : une baisse autoritaire des taux réglementés de 0,75 % juste au moment où les taux d'intérêt à long terme se tendent.

Taux réglementés en baisse
Le gouvernement Jospin a donc décidé de frapper fort en ramenant, à compter du 1er août, à 2,25 % le taux d'intérêt servi sur le livret A des Caisses d'Epargne et de La Poste et sur le livret bleu du Crédit Mutuel. Cette baisse entraîne dans son sillage les taux d'intérêt des autres placements réglementés dont les rendements sont liés à celui du livret A.
Ainsi, le rendement du Codevi chute également de 3 à 2,25 %, celui du livret d'épargne populaire (LEP ou livret rose) de 4,75 % à 4 %. Les produits d'épargne logement sont également touchés par cette mesure mais de façon un peu différente. En effet, tous les comptes d'épargne logement voient leur rémunération abaissée à compter de la fin juillet de 2 à 1,5 %. En revanche, seuls les contrats de plan d'épargne logement ouverts après la fin juillet ne seront plus rémunérés qu'à 3,6 %, les contrats ouverts avant cette date conservent le taux pratiqué lors de leur souscription. Ainsi, votre PEL à 6 % conserve son taux tant que le montant de la prime versée par l'Etat en complément de la rémunération servie par votre banque n'est pas atteint (10 000 F).
Cette baisse du taux du livret A a eu également pour conséquence la révision par de nombreux réseaux bancaires des taux de rémunération des livrets B et du livret jeune. Les taux servis sur ces produits sont dorénavant librement déterminés par chaque banque. Toutefois, aucun établissement ne peut annoncer pour ces deux placements un rendement brut inférieur à celui du livret A. Conséquence, votre livret B rapporte depuis le mois d'août entre 2,25 % et 2 % bruts dans la plupart des grandes banques françaises et le livret jeune, entre 3 et 3,50 % nets. A noter que les intérêts perçus sur un livret B sont fiscalisés (IRPP ou prélèvement forfaitaire de 15 %) et supportent de plus les prélèvements sociaux (taux actuel de 10 %).

Un petit plus pour le PEL
L'ensemble de ces placements offre donc désormais un rendement encore supérieur à la hausse des prix mais les taux servis sont à présent guère attractifs. Le seul cadeau qui demeure attaché au livret A, au LEP et au Codevi est l'avantage fiscal : l'exonération pour les intérêts versés de toute taxation tant au titre de l'impôt sur le revenu que des prélèvements sociaux.
A noter toutefois le petit geste en faveur des ménages à revenus modestes, le plafond des livrets d'épargne populaire a été relevé de 40 000 à 50 000 F et leur rendement demeure élevé : 4 % nets d'impôts, difficile de trouver mieux.
Enfin, les produits d'épargne logement retrouvent, à la suite de cette baisse de leur rentabilité, leur objectif premier : le financement de l'immobilier à un taux intéressant. En effet, les nouveaux souscripteurs pourront bénéficier dans 4 ans de prêts immobiliers dont les taux seront de nouveau en-dessous des taux du marché libre : 4,31 % pour les crédits liés à une opération d'épargne sur un PEL et 3 % pour un CEL.

Que faire de son épargne ?
Si vous ne souhaitez pas faire une acquisition immobilière dans 4 ou 5 ans ou si vos revenus ne sont pas suffisamment modestes pour vous permettre d'ouvrir un LEP (moins de 4 200 F d'impôts), les produits administrés ne constituent plus pour vous une solution de placement à moyen ou long terme. Vous devez les utiliser pour l'instant uniquement comme moyen de rémunération de votre trésorerie, en attente du paiement de vos charges ou de vos impôts. Leur rendement net est encore supérieur à celui des Sicav monétaires.
Ceux qui peuvent immobiliser leur épargne sur une période plus longue sans prendre de risques peuvent commencer à envisager un retour vers les produits obligataires si les tensions actuelles se poursuivent. Depuis le début de l'année, les taux à 30 ans américains sont passés de 5,10 % à 6,18 % et les rendements des bons à 10 ans français et allemands de 4 à 5,18 %.
Un versement sur votre contrat d'assurance vie en francs vous permettra également de profiter des fluctuations actuelles des taux d'intérêt. Mais il faudra conserver cette somme investie au moins 4 ans pour obtenir un rendement nettement supérieur à celui du livret A en raison du montant des frais de chargement sur les versements (3 à 4 % en moyenne) et des 10 % annuels de prélèvements sociaux.
Le monde des placements est en ce moment en perpétuelle évolution. Le produit idéal aujourd'hui ne le sera certainement plus demain. Tenez donc compte de la situation économique mondiale avant de placer vos économies.
M.-C. Barbier

Produit Rémunération Plafond Fiscalité Prélèvements
    de dépôt   sociaux
Livret A 2,25 % 100 000 F Sans 0 %
Livret        
bleu(1) 2,25 % 100 000 F Sans 0 %
CODEVI 2,25 % 30 000 F Sans 0 %
LEP (Livret d'épargne populaire ou    
Livret rose) 4,00 % 50 000 F Sans 0 %
CEL (Compte épargne logement)    
  1,50 % 100 000 F Sans 10 %
PEL (2) 3,60 % 400 000 F Sans 10 %
 
(1) Ce produit est en réalité fiscalisé mais c'est le Crédit Mutuel qui acquitte les impôts dus
(2) Pour les PEL ouverts après le 1er août 1999

L'HÔTELLERIE n° 2632 Hebdo 23 Septembre 1999

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