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A la loupe
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Rudy Baur s'est installé

Pour vivre avec ses erreurs plutôt qu'avec celles des autres

Quatre ans après le label Relais et Châteaux, Rudy Baur vise aujourd'hui la reconnaissance du célèbre guide rouge, avec Marc Buffet en cuisine et la même volonté de réussite que lors de la création de son établissement, le Château de Montcaud en vallée du Rhône, en 1992.

Rudy Baur est un homme de défi. Sa carrière, au plus haut niveau de quelques-unes des plus prestigieuses chaînes hôtelières internationales, l'a prouvé. Tout comme sa façon de tirer un trait, en 1989, sur ces longues années à courir le monde pour lancer de nouveaux établissements. Investir pour lui et "créer pour vivre avec mes erreurs plutôt qu'avec celles des autres", est devenu comme une devise.
Surtout lorsqu'après l'étude approfondie d'une quarantaine de dossiers de reprises, il a finalement choisi le Château de Montcaud pour se lancer dans une nouvelle aventure.
Celle du rachat, pour quatre millions de francs, d'une bâtisse délabrée (l'hôtel qui compte aujourd'hui 25 chambres et 7 appartements), de dépendances (le futur restaurant, "car je suis allergique aux salles à manger dans les hôtels") en aussi mauvais état et d'un parc de cinq hectares (où une piscine a logiquement trouvé sa place) dans la vallée du Rhône, à quelques kilomètres de Bagnols-sur-Cèze. "Même en mauvais état, je savais que je pourrais lui donner le caractère d'un Relais et Châteaux mais aussi que l'emplacement était le plus rationnel. Au carrefour des axes autoroutiers vers l'Espagne et la Côte d'Azur, central sur le plan touristique et proche d'industries pour vivre aussi au-delà de la saison, Montcaud avait tout pour devenir cette maison dont je rêvais."
Une trentaine de millions de francs d'investissements plus tard, le panneau des Relais et Châteaux accroché au pilier en pierre et une clientèle très internationale, Rudy Baur analyse cette expérience et trace de nouveaux objectifs. "D'abord nous avons réussi à fidéliser une bonne partie de notre clientèle. Du passage pour une nuit d'étape au retour, le temps d'un week-end, puis au séjour à la semaine, les gens sont revenus. Le label des Relais et Châteaux nous a bien aidés en nous assurant 30 % d'augmentation du TO entre 1995 et 1996. Sans lui, nous serions morts... Mais s'il a attiré des gens bien au-delà de la région et beaucoup d'étrangers, il a plutôt constitué un obstacle à notre développement local."

Un chef formé à l'école du Grand Véfour
Une clientèle que l'investisseur suisse rêvait pourtant de séduire grâce à son restaurant. Un échec très partiel qu'il rêve d'effacer. Et pour cela il a convaincu Marc Buffet de le rejoindre au cœur du vignoble de la côte du rhône gardoise. A 29 ans, l'ancien élève puis second de Guy Martin, au Grand Véfour, a accepté le défi proposé par Rudy Baur, c'est-à-dire faire évoluer la cuisine des Jardins de Montcaud et surtout mériter la reconnaissance du guide Michelin. "Ce serait notamment l'occasion de créer un attrait gastronomique et séduire la clientèle d'Avignon. Sans omettre qu'un macaron est une invitation au détour sur un parcours routier", analyse le créateur de l'ensemble hôtelier.
"Le discours de M. Baur m'a vite convaincu, avoue de son côté le nouveau cuisinier. Je savais que pour devenir un grand chef, je devais bouger, et comme ici j'ai carte blanche, j'ai tout pour réussir. Mais si le Michelin est un objectif, ce sont bien les clients qui passent avant tout car ce sont eux notre meilleure publicité."
Une priorité aux goûts, la volonté de ne pas mélanger les saveurs à l'infini et mettre l'accent sur les produits d'un terroir qui se partage entre Provence et Languedoc-Roussillon sont au rang de ses priorités. Sans oublier celle, essentielle, qui le pousse à oublier ce qu'il a fait pendant huit ans pour totalement s'investir dans cette nouvelle vie. Marc Buffet a profité de la fermeture hivernale pour se livrer à un vaste tour d'horizon gourmand.
A Pâques, il a fait connaissance avec les fidèles de Montcaud, ceux qui chaque année sont au rendez-vous de l'ouverture et de la chasse aux œufs dans le parc. Une animation parmi d'autres voulue par Rudy Baur pour donner une vie originale à son établissement.
J. Bernard


Anne et Rudy Baur entourent Marc Buffet.

En quelques chiffres

En 1998 le chiffre d'affaires du Château de Montcaud a progressé d'environ 15 %. Le taux d'occupation moyen de l'hôtel s'établit à 60 % et le ticket moyen du restaurant à 370 F, "mais celui qui choisit un sandwich pour rester au bord de la piscine à l'heure du déjeuner est compté comme un couvert", précise Rudy Baur.
Le personnel, 35 salariés en pleine saison, est très international. Les Français côtoient ainsi des collègues de travail allemands, autrichiens, italiens et hollandais.
La clientèle, de son côté, se répartit essentiellement entre Français, Américains et Suisses, environ 22 %, Allemands (8 %), Britanniques (6 %) sont les mieux représentés.

 

Des animations pour tous les goûts

La particularité du Château de Montcaud est de proposer régulièrement des animations. Si les repas à thème et cours de cuisine ne sont pas les opérations les plus originales, d'autres soulignent le tempérament et les goûts du propriétaire.
Quatre à cinq concerts classiques sont ainsi proposés chaque année dans le grand salon. Depuis trois ans également, des "jazz-brunch" réunissent public et orchestre dans le vaste parc. "J'ai lancé cette formule en 1995 et je souhaite que cela devienne une sorte d'institution qui offre, pour 298 F, un repas Nouvelle-Orléans où tout est compris et un spectacle musical."
Mais les deux principales fiertés de Rudy Baur sont, à Pâques, la course aux œufs et pendant l'été les chorèges d'Orange.
"Comme en Suisse, nous cachons 200 œufs décorés dans le parc mais il y a également cinq pièces Napoléon en or à trouver." précise-t-il en commentant cette première opération empreinte de tradition. "Pour la seconde, il s'agit de proposer des forfaits aux mélomanes. Ceux-ci comprennent les meilleures places dans le théâtre antique d'Orange, l'hôtel, les repas, les transports et la présence d'un accompagnateur, historien de l'art lyrique. Sans oublier le champagne au retour du concert..."


La piscine et le château qui abrite l'hôtel.


L'HÔTELLERIE n° 2628 Hebdo 26 août 1999

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