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Restauration l Les mariages et réceptions familiales

43 % du budget consacré à la restauration

Même si le nombre de cérémonies de mariages n'atteint pas les sommets des années 1970 et tend à se stabiliser, l'activité économique qu'elles génèrent représente bien plus qu'une simple niche. Mais avec les nouvelles tendances, faire le bonheur des futurs époux demande de l'inventivité.

Le mariage est une source de profit pour de nombreux secteurs d'activités et notamment ceux qui touchent de près ou de loin
l'activité des banquets et des
réceptions. Les professionnels concernés ont donc pu se réjouir de la récente reprise des ma-
riages en France. En diminution constante jusqu'en 1996, le nombre d'unions nouvelles fait, depuis, un retour marqué puis-
que l'on est passé, selon l'Insee, de 254.000 célébrations en 1995 à 280.600 en 1996 et 284.528 en 1997. Aucunement lié à un effet de mode, cet engouement serait plutôt, selon l'Institut français
de statistiques, le résultat de réformes fiscales (suppression des avantages fiscaux des concubins en 1996). Avec 2.428 mariages en moins en 1998 (- 0,9 % par rapport à 1997), on peut conclure à la fin de la miraculeuse ascension et à une tendance nouvelle à la stabilisation. Malgré tout, le marché de la cérémonie est aujourd'hui plus riche et plus diversifié et l'activité économique engendrée, en réelle croissance. Selon la revue Wedding trend news du groupe Mariée Magazine, les Français dépensent jusqu'à 14 milliards de francs
pour cette grande cérémonie. "Aujourd'hui, le mariage prend une allure plus festive et plus exceptionnelle encore car l'acte de mariage est plus libre", analyse le magazine. En France, le budget moyen d'un mariage oscille entre 40.000 et 60.000 francs, selon une étude du Revenu Français et 92.000 francs, selon une enquête réalisée par Mariée Magazine auprès de ses lecteurs. Selon ces derniers, le plus gros poste de dépense est la réception qui représente 43,5 % du budget global et pour laquelle les futurs époux dépensent en moyenne 37.000 francs. Enfin, 75,8 % des personnes questionnées organiseront un vin d'honneur, suivi d'une réception.

Le traiteur, chouchou de la réception
Pour les restaurateurs, hôteliers et traiteurs, l'activité des réceptions familiales et des mariages peut constituer un excellent revenu d'appoint et un moyen très efficace de promotion, quoiqu'elle ne représente qu'une faible part de leur chiffre d'affaires total (environ 10 % du CA total des grands traiteurs parisiens) et que les manifestations ne soient pas toujours faciles à traiter. "Ainsi, bien que l'organisation d'un mariage implique une démarche très spécifique, il existe un effet de synergie réel entre ce type de manifestations et les banquets professionnels. Le mariage est un bon moyen de renforcer son image de marque et de convaincre une clientèle affaires potentielle", assure Diane Deblyck, directeur général du traiteur Saint-Clair. Pour le restaurateur, l'activité n'est malheureusement pas simple à gérer car elle nécessite la mise en place d'une logistique dont seules les grandes structures disposent. Par ailleurs, il faut mobiliser le personnel souvent très tard dans la nuit. Les grands restaurateurs travaillent parfois avec des traiteurs, complémentaires en termes de moyens matériels notamment. Les autres n'acceptent généralement que des réceptions de moindre ampleur et sur un créneau plutôt moins haut de gamme. En fait, selon une étude BVA réalisée en 1996, seulement 17 % des cérémonies ont lieu dans les restaurants. Ce sont les salles de réception qui ont la cote puisque 53 % des futurs mariés optent pour cette alternative, qui apporte souvent plus de souplesse qu'ailleurs. Au final, les traiteurs sont donc les heureux gagnants puisque, selon Mariée Magazine, 66 % des clients font appel à leurs services. Les plus gros budgets s'orientent vers les grandes maisons (Saint-Clair, Dalloyau, Potel, Flo, Riem Becker, etc.), qui ne proposent rien à moins de 500 francs par personne.

Un maximum de prise en charge
La tendance actuelle se porte vers le buffet "clés en main". "Le client cherche à se libérer de toutes les contraintes liées à l'organisation. Grâce au buffet clés en main, il ne s'occupe de rien", explique Michel Riem, p.-d.g. de Riem Becker. "Nos clients sont de plus en plus attirés par une prestation complète, bien que cela nécessite un investissement substantiel", renchérit Fabienne Feidt, responsables des mariages chez Flo. Chez Saint-Clair, tandis que 20 % de la clientèle organisent la fête dans la résidence familiale et 10 % choisissent une salle indépendante, 70 % demandent une prestation incluant le lieu de réception. Il existe néanmoins des alternatives "traiteurs" moins onéreuses. Les futurs époux peuvent, en effet, s'adresser à d'autres professionnels, qui sont nombreux à regarder d'un oeil nouveau ce métier en pleine mutation : pâtissiers, boulangers et charcutiers ont saisi l'opportunité de démontrer leur savoir-faire et même les grandes surfaces s'y essayent. A noter aussi que la tendance est à choisir des traiteurs qui ne sont pas spécialement situés dans la région où se déroule la cérémonie. En raison des prix pratiqués, la province a des atouts indéniables dans ce domaine par rapport aux traiteurs parisiens. "Du fait d'une logistique beaucoup moins coûteuse, les traiteurs de province peuvent proposer des prix très compétitifs", confirme Fabienne Feidt.

Personnalisation de l'offre
"Si la tendance est à l'originalité et à la personnalisation, on en a bel et bien terminé avec les fastes des années 1980 et les manifestations "poudre au yeux", déclare Isabelle Bedouk, rédactrice en chef au groupe Mariée Magazine. Aujourd'hui, on préfère inviter moins de monde. Les très grosses réceptions se font plus rares, surtout à Paris et en région parisienne, sachant que de plus en plus, les Parisiens aiment à retrouver leur région d'origine pour les fêtes familiales. Selon, l'étude lecteurs Mariée Magazine, la majorité des manifestations (61,5 %) accueille entre 100 et 150 personnes. Seulement un quart des couples réunira plus de 150 convives. Les tables en U abdiquent de plus en plus face aux tables rondes qui permettent de placer les invités selon les affinités et sont plus conviviales. Les repas tendent aussi vers plus de sobriété : le dîner ne se termine plus au petit matin, les alcools forts sont à la traîne et les digestifs passés de mode. Au contraire, "vin et champagne sont à l'honneur puisqu'ils sont plébiscités par plus de 83 % des mariés", indique Isabelle Bedouk. Les cocktails font désormais fureur, et si malgré tout, on choisit un repas assis, le buffet est préféré pour le dessert où la pièce montée n'est plus là que pour la forme. Néanmoins, d'une manière générale, la province est moins sensible à ces dernières tendances et reste relativement conservatrice dans les banquets de mariages. En termes d'aménagement et de décoration, on recherche là aussi moins la sophistication quoique l'on s'oriente vers plus d'originalité. Ainsi, les réceptions se veulent de plus en plus thématiques. "Ce qui marche, en ce moment, ce sont les thématiques régionales (provençales, alsaciennes, maritimes, etc.), de terroir, exotique ou asiatique", explique Isabelle Bedouk. Les mariés veulent un mariage qui se démarque et qui marque les invités. Les traiteurs doivent faire un sérieux effort de mise en scène. "Celui qui se contente d'aligner les produits sur un buffet peut se poser des questions quand à son avenir", explique Michel Riem. Et surtout, "les mariés veulent un univers qui leur ressemble. Le traiteur se doit de valoriser son client", affirme Diane Deblyck. Le mariage est avant tout personnalisé et authentique. Les clients vont jusqu'à participer à la décoration florale de la salle et les amis se chargent de plus en plus de l'animation à travers chansons, sketches et autres surprises. C'est une œuvre collective en somme.

Une audace mesurée
En ce qui concerne l'aspect culinaire, la démarche demeure très différente. "Vendre des menus très originaux dans les mariages est presque impossible. Très souvent, ça ne passe pas", assure Michel Riem. La demande reste très classique et traditionnelle. Finalement, "un mariage à l'asiatique avec sushis au menu demeure un exemple marginal, initiative d'une élite parisienne", ajoute un traiteur lyonnais. En fin de compte, l'originalité a ses limites car si les jeunes époux souhaitent rompre avec le classicisme, ils le font de manière tempérée afin de ne pas blesser les générations plus âgées. Et surtout, l'organisation d'un mariage nécessite un investissement très lourd qui implique une prise de risque minimum. Et un intéressé de conclure : "On n'est sensé se marier qu'une fois dans sa vie. On n'a donc pas le droit à l'erreur."
A. V.

Poste de dépenses mariage : budget moyen dépensé en francs

Sources : Etude lecteurs Mariée Magazine/1996

PostesDepensesMariage.GIF (3059 octets)

Lieux envisagés pour le repas de mariage

Sources : Etude BVA/1996


L'HÔTELLERIE n° 2621 Supplément Economie 08 Juillet 1999

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