Le duty-free, c'est fini
Alors que le Calaisis retient son souffle face à la tempête qui s'annonce, les restaurateurs s'organisent plus que jamais.
Treize restaurateurs du Calaisis viennent de lancer leur propre guide de poche à l'enseigne "Toques d'Opale, le club de qualité des restaurateurs du Calaisis". Le club présidé par Bertrand Lefèbvre, patron du Côte d'Argent, à Calais promet à ses clients "d'assurer la réputation du Calaisis en garantissant l'authenticité d'une cuisine préparée par des professionnels et élaborée avec les produits du terroir local et de saison". Autrement dit, il s'agit de soigner le rapport qualité/prix avec un travail de professionnels. Chaque restaurant s'engage à proposer un menu spécial "Toques d'Opale" à 130 F avec les recettes originales de chacun. Comme les autres associations et clubs de la région, Toques d'Opale va travailler en promotion avec les institutions touristiques régionales, avec Eurotunnel et avec les compagnies de ferries. D'une manière générale, les partenaires veulent à présent tous disposer d'un interlocuteur organisé pour assurer cette promotion. Un effort d'autant plus nécessaire que le duty-free disparaît au 1er juillet. En dépit de tous les efforts des politiques locaux et de leurs collègues britanniques ou allemands, le couperet est tombé. Jusqu'en 1998, les ventes à bord représentaient près de 50 % des recettes des ferries, et la boutique hors taxes d'Eurotunnel, 30 % du chiffre d'affaires des navettes. Quelles conséquences faut-il attendre ? Pendant la période folle du lancement d'Eurotunnel, les prix de traversée ridicules ont fait peser tout le poids économique du transmanche sur les ventes hors taxes.
Garder espoir
Voici encore un an, on ne donnait pas cher des compagnies comme du tunnel. Aujourd'hui,
les opinions, encore très inquiètes, gardent l'espoir. Les compagnies maritimes et
Eurotunnel ont anticipé l'événement de deux manières. D'une part en haussant très
sensiblement leurs tarifs dès janvier dernier et en cessant depuis l'été 1998 la
politique de promotions à tout va. D'autre part en réfléchissant à une politique duty
paid (taxes prépayées) de ventes à bord ou en boutique de terminal Eurotunnel. Les
Britanniques continueront à venir sur le continent pour le shopping et notamment pour les
alcools moins taxés. A bord, il s'agira de promouvoir des achats ludiques et d'impulsion
fondés sur l'idée que l'on trouve à bord ce que l'on ne trouve pas ailleurs. La
restauration, l'accueil et les jeux à bord des ferries deviendront des aspects vitaux du
marketing. Les marges ne seraient pas les mêmes, c'est certain. Mystère pour les
volumes. Mais surtout que deviendra le nombre total de traversées ? Bien malin qui saura
le dire. En attendant, les restaurateurs et hôteliers tiennent au moins une bonne ficelle
: leur métier, et sa propre séduction sur l'excellent touriste britannique.
A. Simoneau
Il y a du retourL'histoire de Toques d'Opale commencée il y a trois ans est celle de tous les bons clubs professionnels. "Nous avions besoin de nous connaître", se souvient le président du club Bertrand Lefèbvre, patron du Côte d'Argent. "Besoin aussi d'accroître notre crédibilité vis-à-vis des interlocuteurs institutions et entreprises privées", ajoute-t-il. Impossible de réaliser efficacement seul une action de promotion, une action publicitaire prolongée. "Le club nous a appris, au lieu de nous méfier les uns des autres, à faire tourner les clients d'une adresse à l'autre." "Et nous avons du retour." Du retour de toutes les actions, présence aux salons sur le stand du CDT, présence des brochures du club toujours renouvelée à la Maison de la France à Londres, présence dans les offices de tourisme et avant tout chez les collègues du club, présence dans les actions de promotion d'Eurotunnel et des compagnies de ferries. Le nouveau guide est beau, solidement construit et illustré, il contient deux plans pratiques de la région et de Calais, un descriptif de l'offre de chaque restaurant, les coordonnées classiques, mais aussi pour chacun l'adresse internet (site et e-mail). "Il est fait pour être gardé, utilisé et réutilisé, et non jeté ou enterré dans un coin." Bien sûr, il ne faut pas que les tarifs de traversée montent trop haut. La clientèle anglaise est vitale pour tous. Mais les restaurateurs calaisiens n'ont pas attendu la perte du duty free pour s'organiser. |
L'HÔTELLERIE n° 2620 Hebdo 1er Juillet 1999