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A la loupe
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Michelle Demessine à Cannes

Des pistes pour préserver les intérêts de l'hôtellerie indépendante

Samedi 15 mai 1999, le Festival bat son plein. Le monde entier n'a d'yeux que pour Cannes. La ville accueille toutes les personnalités du cinéma. Et pendant ce temps, au Carlton, on parle de l'avenir de l'hôtellerie indépendante.

Treize heures : entrée au Carlton, un ballet incessant de vedettes, producteurs, metteurs en scène, journalistes et ceux qui gravitent autour de l'industrie cinématographique. Au milieu des voituriers, agents de sécurité, gardes du corps ou simples curieux, une quinzaine d'hommes attendent. En costume-cravate, ils cherchent des yeux la star du tourisme français. Au loin, de nombreux yachts mouillent dans la baie de Cannes. Les plages sont déjà noires de monde et les photographes guettent les starlettes au bord de l'eau. Il fait chaud, 28°. Autour d'eux de grandes affiches annoncent les prochaines grandes super productions. Soudain, elle approche. Rayonnante, entourée de ses gardes du corps et conseillers techniques. Elle ne monte pas les marches du palais, elle gravit la rampe d'accès de l'hôtel Carlton. Se frayant un chemin parmi les voitures de luxe, elle sourit aux journalistes présents sur les lieux, les photographes arment leurs appareils et "mitrailles" Michelle Demessine.

Rencontre ministérielle
Le directeur du Carlton, Didier Boidin, est le premier à accueillir la secrétaire d'Etat au Tourisme suivie par les présidents des syndicats hôteliers et restaurateurs de la Côte d'Azur. Michelle Demessine avait souhaité rencontrer Jean-Paul Cordero, président du Syndicat des hôteliers de Nice-Côte d'Azur lors de sa venue à Cannes. J.-P. Cordero voulait être entouré de ses collègues, l'occasion de lui présenter son successeur à la tête des CHR 06 qui regroupe tous les syndicats hôteliers et restaurateurs des Alpes-Maritimes, Didier Benoît également président du Syndicat des hôteliers de Cannes.
Tous se dirigent au bar du Carlton où les rejoignent Jacques Tiberi, conseiller régional, Dominique Salomon, délégué régional au tourisme, Dominique Charpentier, directeur CRT Rivéria- Côte d'Azur. Michelle Demessine, en grande forme, échange quelques mots avec chacun des invités. La Côte d'Azur affiche complet : Festival du film, Grand Prix de Monaco, et les chiffres du tourisme français continuent à progresser. Elle ne se prive pas de le dire et le redire. Les présidents hôteliers acquiescent, les représentants de la direction du tourisme régional du CRT approuvent. Georges Cassar, président des restaurateurs niçois, est plus contracté : la TVA dans la restauration est pour lui un dossier prioritaire. Son collègue Daniel Alessio, président du Syndicat des restaurateurs de Cannes, lui, est plus détendu. Les participants rejoignent ensuite le restaurant du Carlton où au milieu des festivaliers et autres professionnels du cinéma, une table superbement dressée les attend. Entourée des présidents, Michelle Demessine continue à sourire de plaisir, son regard croise parfois certaines vedettes du grand et petit écrans. La magie de Cannes l'emporte.

Palme d'or au tourisme social ?
Elle aborde les deux sujets choisis d'un commun accord. Le tourisme social bien évidemment et l'idée défendue par Jean-Paul Cordero depuis 1996, date de son élection à la tête du syndicat niçois (en accord avec la FNIH) : l'hôtellerie indépendante et familiale ne doit pas être oubliée par Michelle Demessine dans sa volonté de développer le tourisme social et notamment aider les Français défavorisés à partir plus nombreux en vacances.
Pour Jean-Paul Cordero, il faut arrêter de créer de nouvelles structures de tourisme social. "Il y en a suffisamment en France. Par contre, il faut aider un certain nombre de petits hôtels à se rénover. Incapables aujourd'hui d'investir dans les mises aux différentes normes et dans l'amélioration de leurs prestations pour répondre aux nouvelles attentes d'une clientèle sans cesse exigeante, ces hôtels vont disparaître entraînant dans leur sillage des drames pour les familles qui les exploitent, leurs employés et au-delà des problèmes humains se posera également un problème d'aménagement du territoire puisque ces hôtels participent très souvent à maintenir une réelle animation dans un quartier, dans un village. Ces hôtels devraient être rénovés dans le cadre d'une convention Etat-collectivités territoriales-syndicats professionnels avec obligation pour les exploitants de participer à une véritable mission de tourisme social (prix conseillés, acceptation de chèques vacances, produits touristiques adaptés, conventions particulières avec les organismes sociaux)." Et pour Jean-Paul Cordero, "cette véritable révolution dans les mentalités correspond bien aux attentes des touristes les plus défavorisés qui souhaitent une certaine liberté dans le choix des destinations et des hébergements". J.-P. Cordero a bien compris que le tourisme social restera une priorité du gouvernement. Avec passion et conviction, il fait passer un message clair : "Il n'y a pas de contradiction entre le tourisme social et marchand à condition que chacun fasse un pas constructif." Et Michelle Demessine d'affirmer que l'Etat interviendra dans ce domaine.
Seconde idée qui découle d'un postulat : il manque des structures pour héberger le personnel saisonnier des hôtels-restaurants et cela pour toutes les destinations touristiques françaises.
Sur ce sujet, Jean-Paul Cordero veut également innover avec l'idée de venir en aide à l'hôtellerie indépendante et familiale.

Le spectre de Titanic
Il a malheureusement constaté que pour certains de ces hôtels, il est déjà trop tard. Son idée est de reprendre ces établissements qui aujourd'hui ne trouvent pas d'acheteurs afin de permettre aux hôteliers de récupérer le fruit de plusieurs dizaines d'années de travail. "Les syndicats professionnels deviendraient propriétaires de ces établissements, la rénovation serait effectuée grâce à des subventions de l'Etat, des collectivités territoriales et l'apport des organismes du 1 % logement. Ils seraient alors exploités par les syndicats professionnels dans le cadre d'une convention signée entre tous les participants avec l'obligation d'héberger le personnel, moyennant des tarifs adaptés à cette situation." Sur ce sujet également, Michelle Demessine a marqué son intérêt et a annoncé que des rencontres techniques seraient programmées dès maintenant.
Après avoir signé le Livre d'or du Carlton et avant de reprendre son programme cannois, Michelle Demessine a assuré les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration de toute son attention. Elle reste à l'écoute de leurs préoccupations et privilégiera toujours les rencontres sur le terrain.
Il est 15 heures, un sourire, un geste de la main, Michelle Demessine quitte le Carlton en restant persuadée que le tourisme est la grande vedette de l'économie française. Elle ne sait pas encore que le film Humanité sera primé du Festival 1999.
C. Roussel


Jean-Paul Cordero, président du Syndicat des hôteliers Nice-Côte d'Azur, Philippe Leven, président du Groupement national des chaînes, Jean-Pierre Thomas, président du Syndicat des hôteliers d'Antibes-Juan-les-Pins, Georges Cassar, président du Syndicat des restaurateurs de Nice, Dominique Charpentier, président du comité régional de tourisme, Jean Rauline, président du Groupement des palaces de la Côte d'Azur, Didier Benoît, président du Syndicat des hôteliers de Cannes, Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, Daniel Alessio, président du Syndicat des restaurateurs de Cannes, et Dominique Salomon, délégué régional au Tourisme.


L'HÔTELLERIE n° 2619 Hebdo 24 Juin 1999

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