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A la loupe

Joseph et Mireille Froc à Saint-Didier (35)

"Il faut se battre pour vivre, alors on s'engage"

Pen Roc fête ses cinquante ans. Au-delà de l'anniversaire de cet hôtel-restaurant situé entre Rennes et Vitré (35), il convient de s'arrêter sur la personnalité de son propriétaire. D'Internet à la présidence de l'office de tourisme de Vitré, Joseph Froc est présent sur tous les fronts... surtout dans son établissement, avec sa femme Mireille.

Joseph Froc a l'un œil avisé. En affaires, cet homme est un visionnaire ! Il cadre et mesure parfaitement les choses. D'ailleurs, "plus jeune, je voulais être photographe", concède ce chef moustachu qui, pour fêter dignement les cinquante ans de son restaurant, s'est offert une campagne de publicité grandiose. Pendant plusieurs jours, les Rennais ont pu observer de leur voiture, de l'autobus, du trottoir... Joseph Froc coiffé de sa toque et servant des clients dans un décor de rêve. Un hôtelier-restaurateur indépendant s'offrant une campagne d'affichage pour un anniversaire, gonflé ! Et lors de la date fatidique, le 1er octobre 1999, "nous allons transformer l'établissement en casino".
Le propriétaire du Pen Roc à Saint-Didier n'en est pas à ses débuts en matière d'innovation. L'établissement dispose en effet depuis déjà 3 ans de son propre site Internet. A l'époque, on peut effectivement dire que Joseph et Mireille Froc faisaient office de pionniers. "J'ai toujours eu horreur de prendre le train en marche." L'homme ne se contente pas d'innover, il s'implique. Secrétaire en son temps des Tables gourmandes, il adhère aujourd'hui au Club hôtelier du bassin rennais, occupe la fonction de secrétaire des Pays d'accueil, et, surtout, préside depuis 4 ans aux destinées de l'office de tourisme de Vitré. "Lorsque vous êtes, comme moi, dans un trou comme ça, on sclérose, on ne voit pas ce qui existe à l'extérieur, explique Joseph Froc. Pourtant, il faut se battre pour défendre la profession, pour vivre. Alors, on s'engage." Le Pen Roc récolte de fait les fruits de l'engagement tous azimuts de son propriétaire. Désormais, la clientèle touristique se veut internationale, grâce en partie aux salons des métiers de bouche et au site web. "Il faut au moins deux ans avant d'observer des retombées d'Internet." Les clients arrivent aujourd'hui de Belgique, d'Angleterre...

Accueillir les pèlerins
Les parents, Joseph (senior) et Germaine Froc, arrivent ici en 1949. A cette époque, l'établissement ressemble à une ferme flanquée d'une petite auberge de 3 à 4 chambres. Pourquoi une auberge ici ? Tout simplement parce que le premier dimanche de septembre se déroule le pèlerinage de Notre Dame de la Peinière, située en contre bas. "Cette manifestation attire encore quelque 10 000 à 12 000 personnes", précise Joseph Froc qui rejoint l'affaire en 1974 en compagnie de Mireille, sa femme. "Ma mère s'occupait de la cuisine, elle a toujours aimé ça. Au départ, nous n'étions pas très chauds pour reprendre. Nous souhaitions partir à l'étranger." Ils donnent néanmoins leur accord pour reprendre le flambeau à condition d'y effectuer des aménagements : extension de la capacité hôtelière, nouvelle salle de restaurant, nouvelle cuisine... En 1974, ils creusent même la cave. "En dessous, il y avait de la roche friable." L'établissement a trouvé son nom. Pen Roc signifie la tête du roc. Mais en août 1989, malgré son nom, l'hôtel-restaurant ne résiste pas à un incendie. Il plie pendant 4 mois de fermeture, mais ne rompt pas. "Nous avons refait la toiture et un étage entier. Depuis, les employés ne couchent plus là-haut, précise Joseph Froc. Les investissements en fait ne cessent jamais. Il faut en faire... Pas pour soi ! Mais pour le client. Afin qu'il remarque que l'on s'occupe de lui. Il faut rester volontaire, dynamique vis-à-vis du client." En 1993, ce sera une piscine, une salle de gymnastique, un sauna etc. Lorsqu'ils se rendent à Pen Roc, l'un pour travailler dans le potager extrêmement apprécié des clients, l'autre pour arranger les fleurs, Joseph père et Germaine Froc peuvent mesurer le chemin parcouru. La ferme est devenue une belle hôtellerie.

Des prix pour l'accueil
"Avec la gestion commerciale, la cuisine est la seconde activité qui me revient", précise Joseph Froc. Mireille supervise, quant à elle, l'hôtellerie et l'accueil, activité qu'elle exerce avec brio recevant même quelques prix. "Elle met également le nez dans la cuisine, lorsque nous lui présentons de nouvelles recettes. Et quand nous nous laissons emporter, elle nous freine. Mais généralement, en cuisine, nous essayons de ne pas devancer la clientèle. De ne pas la brusquer." Au piano, le chef et sa brigade ne font qu'un. "Nous travaillons vraiment ensemble. Le chef ne doit pas écraser les autres, mais les écouter." Cette démarche de travail porte ses fruits, Le Pen Roc ayant déjà remporté quelques prix gastronomiques, et notamment trois fois la Chouette d'Or récompensant le vainqueur du concours des Tombées de la nuit. Comme quoi, une belle hôtellerie va de pair avec un bon restaurant. Pour son jubilé, Le Pen Roc affiche donc une parfaite santé. On en veut pour preuve le classement du numéro un des tour-opérateurs britanniques. VFB Holidays limited classe régulièrement Le Pen Roc parmi les meilleurs établissements de l'Hexagone.
O. Marie


Joseph et Mireille Froc dans leur établissement Le Pen Roc à Saint-Didier (35).


L'HÔTELLERIE n° 2609 Hebdo 15 Avril 1999

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