Actualités

Premier emploi

Paroles de jeunes

Un avenir plein d'espoir

Stéphane est salarié depuis quelques mois. Alexandre finit ses études et a déjà quelques stages derrière lui. Leurs parcours, leurs attentes, ce qu'ils pensent du secteur et leurs projets. La parole aux jeunes...

Propos recueillis par Nadine Lemoine

Stéphane Thomas 26 ans

Originaire de Caen (Basse-Normandie).
Assistant concierge de nuit à l'hôtel Raphaël

Pourquoi avez-vous choisi cette voie ?
Mes parents avaient déjà travaillé pour l'hôtel Normandy. Ils font de la décoration intérieure et de la sellerie automobile et avaient déjà quelques contacts avec M. Feuillie, chef concierge de l'hôtel Normandy à Deauville. Un jour, il a pris rendez-vous avec mes parents à titre professionnel à un moment où je cherchais du travail dans l'hôtellerie. Je l'ai donc rencontré et il m'a demandé pourquoi je ne voulais pas faire concierge puisque je parlais plusieurs langues étrangères, dont le japonais. Je ne savais pas ce qu'était la fonction de concierge. Il m'a tout expliqué et c'est lui qui m'a conseillé de faire l'lnternational Concierge Institute.

Quelle est votre formation ?
J'ai un bac littéraire avec philosophie et langues pour dominantes. Puis j'ai fait la faculté d'histoire de Caen, niveau Bac + 2. J'ai été déçu et je suis parti sur un coup de tête en Australie, où j'ai suivi un an de cours d'anglais à l'université de South Australia à Adelaïd. J'avais aussi enseigné le français dans un collège. J'ai également travaillé dans le bâtiment pour arrondir mes fins de mois. Ensuite, je suis rentré en France pour faire l'armée puis je suis parti à nouveau à l'étranger, mais cette fois à Tokyo. J'y ai passé neuf mois pendant lesquels j'étais enseignant de français le matin, étudiant en japonais l'après-midi et barman le soir. C'est lors de mon retour en France que j'ai rencontré M. Feuillie et en suivant j'ai postulé à l'ICI (International Concierge Institute). Je lui en suis vraiment reconnaissant et je lui dois tout.

Présentez-nous l'ICI ?
L'International Concierge Institute forme les jeunes au métier de concierge de palaces. C'est une formation payante. Il y a 4 écoles dans le monde : Paris, Toronto, Miami et Budapest. La formation dure une année, d'octobre à mai, avec stages le matin dans les hôtels et cours théoriques l'après-midi. Il faut un niveau Bac + 2 pour pouvoir passer l'examen d'entrée.

N'est-ce pas un handicap de n'être pas passé par un lycée hôtelier ?
Oui, totalement. Dans ma promotion, sur les 16 élèves, 4 n'avaient aucune formation hôtelière. Nous étions complètement paumés. Nous avons dû travailler d'arrache-pied pour se mettre juste à niveau afin de pouvoir au moins démarrer le stage. C'était vraiment très dur.

Etes-vous satisfait de l'enseignement que vous avez reçu à International Concierge Institute à Paris ?
Dans l'ensemble oui. Les cours théoriques sont importants, mais, pour moi, ce sont vraiment les stages qui m'ont tout appris.

Parlez-nous de votre premier travail. Quelle est votre fonction exacte aujourd'hui ? Quelles sont les tâches et responsabilités qui vous sont confiées ?
Je suis assistant concierge de nuit à l'hôtel Raphaël, 4 étoiles Luxe, à Paris. Mon premier job, c'était un poste de tournant de hall (concierge de nuit et voiturier) à l'hôtel Radisson SAS de Nice. C'était un contrat saisonnier. Puis, en suivant, l'hôtel Raphaël m'a proposé un contrat à durée indéterminée. J'étais très content, car j'avais suivi un stage de deux mois au Raphaël pendant ma formation et c'était vraiment le top de mes stages. La loge du Raphaël, c'est comme une famille.
Mon travail consiste à accueillir les clients à l'entrée de l'hôtel, les diriger soit vers les salons, bars, restaurant ou la réception. Après leur check-in, on est chargé de les emmener à leur chambre et leur présenter les services de l'hôtel : téléphone, coffre-fort, minibar... On s'occupe du standard téléphonique, mais aussi des réservations pour les restaurants, les trains, les avions, voyages organisés. On fait tout pour que le client soit bien et n'ait pas de souci. Je travaille de 19 heures à 7 heures du matin, une semaine 3 jours, une semaine 4 jours. Ce qui me fait au minimum trois jours de repos par semaine. Une semaine 36 heures, la suivante 48 heures.

Entre la formation et la réalité du monde du travail, avez-vous senti un grand décalage ?
Non, parce que j'ai eu la chance de faire des stages pendant ma formation. Bien sûr, je ne travaillais pas 8 heures par jour et il y avait toujours quelqu'un avec nous pour rattraper nos erreurs et nous conseiller.

Avez-vous fait des découvertes sur le terrain ? Des surprises ?
Pas vraiment, parce que déjà, à l'école, des concierges viennent nous avertir des problèmes que l'on peut rencontrer. Le plus surprenant, ce sont les personnalités connues qui nous parlent en toute simplicité, qui se confient.

Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
La chose la plus importante, c'est aimer le contact avec les gens. Il faut toujours avoir le sourire et faire abstraction de ses propres problèmes. Il faut être toujours positif et créer une atmosphère conviviale. Il faut savoir parler au moins deux langues étrangères. Il faut aussi être sérieux et avoir la tête sur les épaules. On est entouré de luxe et de gens connus, c'est facile de perdre la tête. Du sérieux, de la rigueur... Un client qui loupe son vol, parce qu'on ne l'a pas réveillé en temps et en heure, peut rater un contrat par notre faute. Le client se confie à nous, nous fait entièrement confiance, on n'a pas le droit de faillir.

Quels sont les points positifs de votre métier ? Ce qui vous plaît ?
Les contacts avec les gens, leur rendre service. Quand je vois un client heureux qui me remercie, je trouve ça formidable. C'est pour ça que j'exerce ce métier.

Quels sont les points négatifs ? Des déceptions ? Des difficultés ?
L'hôtellerie, c'est spécial. Il ne faut pas choisir cette voie pour l'argent et pour avoir ses week-ends. Il ne faut pas non plus avoir l'œil sur la montre. Les horaires fixes, ça n'existe pas dans l'hôtellerie. Pour moi, la difficulté c'est de travailler la nuit. Pas facile de récupérer la journée, le sommeil n'est pas aussi bon. Le décalage avec les autres, aller au travail alors que les autres en reviennent... Mais j'ai plus de jours de récupération que mes collègues qui travaillent la journée.

A quel poste aimeriez-vous accéder à court terme ?
Passer assistant-concierge de jour.
Et l'avenir à plus long terme ?
Vu ce que j'ai traversé dans ma vie, je préfère ne pas penser au long terme. J'aime mon métier, j'ai trouvé ma voie et je ne me pose pas trop de questions pour l'instant. C'est vrai que ça bouge beaucoup dans le métier. Mais quand on trouve un hôtel où on est bien, il faut faire la part des choses avant de décider de quitter sa place. Chaque hôtel a une atmosphère différente et on ne peut pas être à l'aise partout.

Aucun regret ?
Pour l'instant non. Je ne suis dans le métier que depuis 11 mois et tout va bien.


L'HÔTELLERIE n° 2608 Supplément Formation 8 Avril 1999

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration