Après la Coupe du Monde de Football
La Coupe du Monde de
Football, qui a si bien réussi aux hôtels, aux restaurants et aux cafés toulousains,
notamment du centre-ville, n'a pas fait merveille là où certains l'attendaient le plus,
à savoir au village de toile spécialement dressé au bord de la Garonne pour accueillir
la foule des supporters et des curieux. Tantôt dénommé village gourmand, tantôt
village occitan, cet espace animé (concerts, écrans géants, etc.) de 8 000 m2, annoncé
pour voir passer plusieurs centaines de milliers de personnes pendant trois semaines,
devait offrir une vitrine exceptionnelle aux richesses et aux saveurs de la région
Midi-Pyrénées, et représenter un pendant local et populaire au village officiel situé
à côté du Stadium, exclusivement réservé aux VIP et aux sponsors dûment patentés.
Malheureusement, le village typique n'a pas constitué la vitrine attendue en raison de la
quasi-absence de stands régionaux permettant aux visiteurs de découvrir la charcuterie,
les vins, cassoulets, foies gras, confits et autres spécialités des 8 départements de
la région Midi-Pyrénées. Le village a d'autre part été victime, au début de la
Coupe, d'une météo redoutable, et a en outre été mis en veilleuse plusieurs jours
durant pour cause de "supporters anglais". Du coup, l'association Tables et
Auberges de France, qui s'était beaucoup investie avec une quinzaine de chefs et une
armée de serveurs, pour monter et tenir un restaurant gastronomique capable de servir 1
500 couverts par jour, n'est pas rentrée dans ses frais. Il en est de même pour la
majorité des exposants qui se sont plaints, à l'heure des comptes, de résultats
extrêmement décevants, au point que l'affaire a été abordée au conseil municipal de
la ville.
Deux fois plus de dépenses que de recettes
"On nous avait promis 500 000 visiteurs, on n'a eu personne ou presque",
explique l'un des cafetiers de la ville mobilisé avec plusieurs autres pour tenir des
buvettes, ainsi que la brasserie installée non loin du restaurant de l'association. Ce
sentiment de ratage et d'occasion manquée, partagé par les autres professionnels, est
particulièrement vif au sein de Tables et Auberges de France. "Nous n'avons
compté ni notre temps ni notre énergie pour accueillir les supporters et les touristes
qu'on nous promettait, mais l'opération s'est traduite par un véritable fiasco, faute de
monde", explique Jean Lanau, président de l'association. "On a investi
quelque chose comme 600 000 F pour récupérer 350 000 F, ce qui représente un manque à
gagner considérable." Aussi l'association a-t-elle décidé de se retourner
contre la mairie, accusée de ne pas avoir tenu ses engagements. "Ma position, qui
consiste à aller contre la mairie, est délicate, mais celle-ci ne veut rien entendre. Il
était pourtant prévu qu'elle s'occuperait de toute la communication et de la promotion
du village, ce qui n'a pas été fait, d'où le problème", assure Jean Lanau,
qui a demandé à son avocat de saisir le tribunal administratif en vue de contraindre la
ville à indemniser l'association.
Pour Maïté Carsalade, l'élue responsable du dossier, la mairie n'a rien à se reprocher
car le village, malgré la météo et les supporters anglais, aurait comme prévu
accueilli plusieurs centaines de milliers de personnes. "Tables et Auberges de
France n'a pas su plaire au public, ni changer son fusil d'épaule. Les restaurateurs se
sont bloqués sur une idée qui ne marchait pas. De là à se retourner contre la mairie,
il ne faut pas pousser."
Le village gourmand devait être le pendant populaire du village "du
Stadium" réservé aux VIP.
L'HÔTELLERIE n° 2605 Hebdo 18 Mars 1999