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Record transmanche à Calais

L'hôtellerie remercie les Anglais

Comme un entonnoir, sur mer ou par le tunnel, la route Calais-Douvres concentre l'essentiel d'un marché en expansion. L'hôtellerie en profite mais craint l'abolition supposée prochaine du duty free.

Après des années d'insuffisance, l'hôtellerie du Calaisis a retrouvé un taux d'occupation de près de 65 % en 1997, en hausse de 5 % sur 1997. Cette hausse, souligne l'analyse de la CCI de Calais, "provient surtout de la progression de la clientèle britannique, qui, après avoir stagné à 35 % pendant plusieurs années jusqu'en 1996, est passée en 1997 à 41 % de la clientèle locale, et en 1998 à 47 % de la clientèle totale, pour Calais et sa périphérie". En deux ans, souligne la compagnie consulaire, cette même clientèle est passée dans l'arrière-pays de 45 à 60 %, et sur le littoral de 18 à 30 %. En catégorie trois étoiles, les étrangers dépassent 78 % des clients, parmi lesquels les Britanniques qui pèsent 65 % contre 58 % en 1997. Les chiffres restent plus modestes pour le littoral hors Calais ville (47,1 % de TO moyen en hausse de 3 %) et dans l'arrière-pays (55 % en hausse de 3,5 %), mais il faut tenir compte de fermetures annuelles de un à trois mois selon les établissements en hiver. Surtout, ces établissements attirent du court voire du moyen séjour, alors que les hôtels de la ville vivent avant tout du passage transmanche cumulé avec l'activité affaires. En saison (de juin à fin août 1998), la zone Calais et sa périphérie a réalisé un TO de 83,1 % en hausse de 3,1 % (+ 5 % à 81,2 % en trois étoiles), le littoral hors Calais a baissé de 2 % à 63,1 % (pour cause de mauvais temps essentiellement) mais l'arrière-pays a progressé de 3,3 % à 70,6 % avec une clientèle aux trois-quarts étrangère, dont 58 % de Britanniques. 345 000 chambres ont été louées dans le Calaisis en 1998, contre 315 000 en 1997, pour un chiffre d'affaires de 100 millions de francs environ.

"L'effet tunnel"
Nous ne disposons pas de chiffres globaux pour les cafés et restaurants de la même zone géographique. Mais notons que la création du colossal centre commercial de Cité Europe et le vif succès de sa "Cité gourmande" (en route vers les 200 MF de CA) n'ont pas tué loin s'en faut les commerces de centre-ville. Au contraire, ils semblent s'en porter mieux que jamais. Il faudra une analyse encore plus fine pour déterminer toutes les causes de cette évolution, mais d'ores et déjà les premières conclusions s'imposent. D'abord, "l'effet tunnel" et la guerre des tarifs des diverses compagnies de car-ferries ont concentré les passages sur la route la plus rapide Calais-Douvres. Les services de surface ont transporté environ 18 millions de passagers en 1998, le tunnel, lui, gagne du terrain avec 14 millions de personnes. De ce total de 32 millions de passagers, l'hôtellerie fait ses choux gras avec un taux de captage de 5,5 chambres louées par millier de passagers, stable sur 1997. D'autre part, il semble bien que les efforts commerciaux de vente de "paquets touristiques" aient porté leurs fruits, notamment auprès des Britanniques dans l'arrière-pays. Troisième point, la fermeture d'un hôtel, le Bellevue, avant le retour de la haute conjoncture a profité à tous, et sans doute le marché a-t-il été tendu en saison. Enfin, l'activité estivale reste portée par le passage transmanche même si elle a souffert dans une certaine mesure de la Coupe du Monde (les Britanniques ont renoncé à venir craignant des prix élevés et la foule, de vraies fausses réservations ont empêché certains hôtels d'accueillir des groupes), et du mauvais temps qui a gâché les activités de plage. Ce beau bilan laisse donc toutefois les Calaisiens prudents, en raison de la menace qui pèse sur le duty free. L'interdiction des ventes à bord au 1er juillet prochain provoquerait une forte hausse des coûts de transport, et une chute brutale des traversées de touristes britanniques. Or l'espoir renaît d'une remise en question de la décision de l'Union européenne, ou au moins d'un report de plusieurs années. Il semblerait que l'arrivée au pouvoir du chancelier allemand Gehrard Schroeder ait changé la donne à Bruxelles. Les commerçants calaisiens pensent également que trop c'est trop et, par l'intermédiaire de la CCI, ils se prononcent contre le prochain projet de développement d'une seconde zone massive de distribution par l'aménageur Eurotunnel développement, projet présenté en CDEC sous l'égide de l'investisseur Marques Avenue.
A. Simoneau


L'HÔTELLERIE n° 2604 Hebdo 11 Mars 1999

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