Villa Hôtel
Nathalie et Fabrice Petit veulent montrer qu'on peut aujourd'hui investir dans l'hôtellerie et même lancer un concept de "micro-entreprise".
"On entend partout que ça val mal, que les
hôteliers ne gagnent pas leur vie, que les TO s'écroulent. On veut prouver le contraire
en montrant qu'il y a encore de la place pour ceux qui veulent entreprendre" : ce
discours de Nathalie et Fabrice Petit devient réalité le 15 février avec l'ouverture de
Villa Hôtel à Poilly-lez-Gien près de Gien dans le Loiret. Jeunes professionnels -
Nathalie à 25 ans et Fabrice 30 - ils ont travaillé essentiellement à Paris (hôtels
Frantour et Campanile Tour Eiffel) avant de sauter le pas. Le déclic est intervenu le
jour de leur mariage à Gien "où il n'y avait aucune chambre de disponible",
et de leur rencontre avec un ancien pavillonneur de Grenoble, M. Policand, reconverti dans
des "studhôtel" et désireux de lancer un nouveau concept baptisé Villa
Hôtel.
Il s'agit en fait de construire de petits établissements (10 à 20 chambres) avec une
gestion proche de l'hôtellerie économique (localisation en zones d'activités et près
des grands axes de circulation) mais avec la qualité en plus. Le Villa Hôtel de Poilly,
classé deux étoiles, propose ainsi 14 chambres à 169 francs, toutes de plain-pied de
style motel mais de qualité auberge : petit-déjeuner, dîner du soir avec menu unique,
accueil, cheminée. "Les chaînes, explique Fabrice Petit, ne veulent pas
s'installer dans les petites villes car leurs charges de structures supposent des hôtels
importants. Nous, nous avons fait un choix différent, celui de la micro-hôtellerie."
En tout, le couple aura investi un peu plus de deux millions de francs pour construire
l'établissement ainsi que leur logement qui y est intégré. Sans aucune aide publique
(sauf l'aménagement des voiries offert par la commune d'où est originaire Nathalie
Petit), le couple a donc réussi à concrétiser son projet, en mettant la main à la
pâte pour réaliser la décoration ou nombre de petits travaux.
Un exemple à dupliquer
Leur chance aura été également de trouver une banque qui a apporté, sans caution, la
plus grande partie des capitaux nécessaires. "Il y a, expliquent-ils, un
marché à prendre dans les villes moyennes mais il faut limiter les charges, surtout
celles du personnel." Avec un seul employé à mi-temps, Fabrice en salle et Nathalie
en cuisine, l'entreprise devrait trouver son point d'équilibre avec un TO de 65 % soit 8
à 9 chambres et 10 repas par jour. "C'est une estimation très réaliste. Nous
avons démarché les entreprises, les commerçants. L'accueil est très favorable, nous
devons donc réussir car c'est un concept auquel nous croyons et qui peut intéresser de
nombreux jeunes y compris des gérants d'établissements de chaînes économiques."
La localisation de Villa Hôtel devrait également être un atout avec la proximité de
Gien qui voit passer de nombreux touristes et surtout beaucoup de professionnels en
sous-traitance ou intérim dans les grandes entreprises de la région et les deux
centrales nucléaires toutes proches à Dampierre-en-Burly ou Belleville-sur-Loire. Les
premiers mois vont être mis à profit pour tester le concept, l'affiner avant
éventuellement de le dupliquer pour montrer qu'on peut être petit tout en étant
parfaitement viable et même au-delà.
J.-.J Talpin
Nathalie et Fabrice Petit devant leur Villa Hôtel : 14 chambres toutes de
plain-pied de style motel mais de qualité auberge.
L'HÔTELLERIE n° 2602 Hebdo 25 Février 1999
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