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A la loupe

Lyon

Pascal Donat ou le goût d'entreprendre

Dans son fief lyonnais, Pascal Donat vient d'être élu président du Leaders Club. C'est la première fois que ce poste échoit à un provincial.

Ses proches disent de lui qu'il est "gai, enthousiaste et travailleur" et qu'il tient sa volubilité de sa mère. Pascal Donat rétorque simplement qu'il a "le goût de la vie et d'entreprendre".
Le "doux gamin rêveur" l'est resté jusqu'à l'âge de vingt ans. Il s'imaginait alors volontiers faisant carrière dans le monde de la musique, dans le groupe de rock créé avec ses amis à Valence. C'est dans cette ville que son père Guy, ancien dentiste, a choisi d'investir dans l'hôtellerie. Le groupe familial est aujourd'hui fort de huit hôtels et de quelques restaurants et réalise 130 millions de francs de chiffre d'affaires.
Rockeur donc cet artiste, souvent dans la lune, qui s'offre un détour par Sciences Po à Lyon, avant de découvrir réellement le monde de l'entreprise. C'est le déclic. Dans le cadre de la coopération, il passe un an et demi chez Ibis en Allemagne où il crée la fonction marketing. A son retour en France, Andersen Consulting l'approche pour l'intégrer dans son cabinet. Il ne sera jamais chanteur...
Après un Master d'ingénierie financière à Sup de Co Lyon, il sait qu'il n'échappera pas à son destin. Son père qui souhaite se diversifier dans le secteur de la restauration a trouvé son homme.
A 31 ans, par un 1er janvier ensoleillé, Pascal Donat débarque à Lyon et s'installe à la barre du Grand Café des Négociants.
Au cœur de la presqu'île, l'établissement a toujours eu la cote d'amour auprès des Lyonnais. Mais au fil des ans, de ventes en reprises mal gérées, son image s'est écornée. Pascal Donat s'attache à lui redonner son lustre d'antan.
A deux pas de là, un établissement de la rue Mercière fait partie du lot de reprise. Pascal Donat lance le New York Street, dont l'appellation situe assez bien la vocation. Les jeunes de la ville apprécient...

"Quand j'agis, j'ai le sentiment de construire ma vie", dit-il sans éprouver le moindre regret sur sa vocation artistique avortée. "Quand j'ai approché le monde de l'entreprise, j'ai découvert le sens des mots agir, construire, entreprendre. J'ai découvert aussi que l'on pouvait exprimer sa sensibilité et faire preuve d'imagination dans tous les secteurs, y compris les plus rebutants", dit encore cet intuitif qui revendique une "approche humaine des problèmes."
Il l'a fallu à la reprise de la Brasserie de la Mère Vittet. Dans le quartier de Perrache, l'établissement voisin de la Brasserie Georges était en pleine déconfiture. Et c'est un personnel traumatisé que Pascal Donat s'est attaché à remotiver pour relancer la machine. Un an plus tard, le succès était encore au bout de la route.
La recette ? "Je crois simplement qu'il ne faut pas confondre sensibilité et fragilité affective. On peut être aussi créatif qu'un peintre devant sa toile. L'entreprise permet de construire au sens premier du terme. C'est une sorte d'humanité appliquée et c'est excitant de pouvoir concrétiser tout ce que l'on ressent sur des projets d'entreprise."
Est-ce à dire que ceux-ci l'accaparent désormais totalement au point de lui faire oublier le reste ? "Surtout pas, répondent en écho ceux qui partagent sa vie. Pascal est resté très attaché à sa famille, à sa femme et à ses enfants et leur consacre beaucoup de temps. Il aime toujours autant faire la fête."
Travail, famille, fratrie donc en quelque sorte. "Je n'ai aucune espèce de regret des choix que j'ai faits", affirme-t-il simplement. "La présidence du Leaders Club est un nouveau challenge, mais j'ai des idées précises et l'envie de les appliquer. Au cas particulier, les notions de club me semblent très importantes. Et qu'un provincial préside une institution parisienne ne me paraît pas être un obstacle..."
J.-F. Mesplède

Pascal Donat.

L'HÔTELLERIE n° 2599 Hebdo 4 Février 1999