Qui s'en souvient ? Lorsque les "Lyonnais"
lancèrent en 1983 le premier Salon les Métiers de Bouche, deux réactions
s'exprimèrent. L'ancien dirigeant d'Equip'Hotel, Georges-Henri Villard, y vit
immédiatement un redoutable concurrent au berceau, et L'Hôtellerie soutint une
initiative que beaucoup se contentèrent d'observer. En fait, les deux avaient raison.
Alors que le salon parisien a aujourd'hui opté pour la biennalité instituée dès le
début sur les bords du Rhône, le Salon des Métiers de Bouche, rebaptisé SIHRA depuis
(le fallait-il vraiment ?), se pose en manifestation phare de la profession des CHR et des
collectivités, sans oublier les boulangers-pâtissiers dont la place est aujourd'hui
dominante parmi les métiers alimentaires.
Il est vrai que les organisateurs du salon de Lyon, jouant à la fois sur la tradition
et la convivialité des partenaires locaux, qu'il s'agisse des chefs autour de Paul
Bocuse, des producteurs et artisans fameux de la capitale des Gaules, des fournisseurs
enthousiastes ont su valoriser les atouts qu'ils avaient dès le départ.
Le résultat se passe de commentaires : selon les sources Sepelcom, 173 000 visiteurs
professionnels entre le 23 et le 27 janvier, pour la plus grande satisfaction des 1 372
exposants.
Au-delà des chiffres, il faut encore une fois souligner combien les idées simples
peuvent être meilleures quand elles sont intelligemment exploitées. Un salon de grande
convivialité et d'ouverture vers les visiteurs qui "se sentent chez eux", une
animation permanente avec en point d'orgue, le Bocuse d'Or, reconnu comme le plus prisé
des prix culinaires, ce qui n'enlève évidemment rien aux autres concours de haut niveau,
un outil remarquable avec Eurexpo, et le plébiscite des exposants, toutes catégories
confondues.
Le succès de Lyon lance un défi à la capitale qui se doit de le relever. Dans la
bataille pour la suprématie des salons qui s'amorce entre les deux géants anglo-saxons
Reed et Miller Freeman, il faut souhaiter (est-ce une utopie ?) qu'en sorte victorieuse la
profession, à Paris comme à Lyon. L'année 1999 a démarré très fort avec le SIRHA,
bénéficiant d'une bonne conjoncture et d'une organisation exceptionnelle. Aux managers
du prochain Equip'Hotel de démontrer qu'ils savent faire aussi bien, qu'ils peuvent
emporter la conviction des exposants et des visiteurs. Incontestablement, l'année qui
débute s'annonce passionnante. Lourde tâche.
L. H.
L'HÔTELLERIE n° 2599 Hebdo 4 Février 1999