Grenoble
Si l'enjeu n'était pas aussi important pour une
agglomération de 450 000 habitants dont le tourisme d'affaires s'est beaucoup développé
en fonction même du profil de cette cité industrielle, universitaire, spécialisée dans
l'électronique, la micro-informatique et les biotechnologies, ces péripéties relevant
autant de Kafka que de Courteline pourraient porter à rire. Incidents, fâcheries,
querelles de personnes, deux directrices éphémères, changement de personnel : rien
n'aura été épargné aux municipalités successives d'Alain Carignon et de Michel
Destot, principales et essentielles bailleresses de fonds.
L'actuelle municipalité ne parvient pas, faute d'un consensus entre les courants
"pluriels" qui agitent et opposent ses rangs, à définir vraiment une politique
touristique.
Certes, en se libérant d'un système associatif obsolète, verrouillé, en le remplaçant
par un Etablissement public d'intérêt commercial (EPIC), les élus grenoblois pensaient
avoir doté leur office d'un outil efficace de promotion et d'organisation de congrès
entre autres activités dévolues à une institution de ce genre.
Des intentions, mais pas d'action
De nouveaux objectifs avaient été définis, des démarches entreprises pour réintégrer
le classement de la FNOTSI (Fédération Nationale des offices de tourisme et syndicats
d'initiative) et décrocher les étoiles qui le ponctuent, et on s'acheminait vers un
bureau des congrès en partenariat avec les professionnels, vieux serpent de mer de la
communauté clochemerlesque grenobloise.
Seulement voilà : pour mener à bien un tel programme, il faut de l'argent. Alain Pilaud,
élu pourtant très lié au député-maire, n'a pu convaincre ses collègues de voter une
rallonge aux 3,2 millions, qui actuellement ne couvrent même pas les frais de
fonctionnement. Bref, la ville a confondu l'intention et l'action.
Sans munitions, pas d'offensive
Dominique Roffet, dont le cursus professionnel plaide brillamment en sa faveur, ne
demandait pas la lune. En doublant sa subvention, la ville aurait pu compléter le
personnel actuel, l'assortir d'emplois- jeunes et d'hôtesses à mi-temps, lancer des
opérations de promotion avec des agences spécialisées, permettre à l'OT d'être
présent dans les salons professionnels et privés et créer le bureau des congrès
mythique en plaçant à sa tête un professionnel qui ne soit pas un fonctionnaire
détaché. D'autant que la plupart des professionnels (Club grenoblois des hôteliers de
congrès avec leur charte, agences de voyages, autocaristes, hôteliers-restaurateurs,
gestionnaires de structures d'accueil, ATRIA appui efficace de la CCI liée à la ville
par une convention de concession, etc.) étaient d'accord pour sortir d'un immobilisme
fort préjudiciable à la cité. Tout en respectant la législation en vigueur, Dominique
Roffet a quitté ses fonctions le 10 janvier et dirigera désormais l'office de tourisme
de Divonne-les-Bains.
Du côté de la mairie, il aurait été décidé de lui trouver un successeur en passant
des annonces sur le plan national et en utilisant des "chasseurs de tête"
parisiens : mais l'oiseau rare ne pourra pas s'envoler si les munitions sonnantes et
trébuchantes ne lui permettent pas de sortir de sa tranchée pour passer à l'offensive.
Devant un tel gâchis, l'ancienne association de gestion de l'OT régie par la loi de
1901, au moment d'être dissoute avec un bonus de 220 000 F, a décidé de se maintenir.
Grenoble deviendra-t-elle un Colombey-les Deux-Offices ?
C. Bannières
L'office de tourisme de Grenoble est le locataire d'une partie du rez-de-chaussée de
la Maison du tourisme, ensemble gérant une vingtaine d'associations départementales
réunies par le conseil général de l'Isère.
L'HÔTELLERIE n° 2597 Hebdo 21 Janvier 1999