Vierzon
Avec 35 000 habitants, à l'intersection de la Sologne et du Berry, Vierzon vit
une situation difficile avec une profonde restructuration de son tissu industriel et la
perte de vitalité de l'activité ferroviaire. Confrontée à ces difficultés, la
municipalité que dirige le maire, Jean Rousseau, entame une période de grands travaux
urbains avec en particulier la réhabilitation d'une ancienne friche industrielle, encore
occupée il y a peu par l'entreprise Case. C'est dans ce cadre que la ville recherche un
grand ou un futur grand nom de la gastronomie qui pourrait lui apporter notoriété et
vitalité. "Nous ne nous immisçons pas, explique Jean Rousseau, dans
l'initiative privée, nous raisonnons d'abord en termes d'aménagement du territoire.
Quand on gère une ville, on essaye de promouvoir des activités qui n'existent pas et qui
peuvent contribuer à conserver nos habitants. Nous sommes bien dans le cadre des
prérogatives d'une ville". "Nous avons de grandes entreprises et une
clientèle d'affaires importante, renchérit Joël Hallier, le directeur de cabinet, mais
faute de grandes tables locales nous assistons à une véritable évasion vers le Bourbon
à Bourges, La Cognette à Issoudun, le Prieuré à Vignoux ou le Lion d'Or à Romorantin".
Pas de risque donc de déclencher une guerre locale : "Il y a de bons et
sympathiques restaurants ici, une grande table ne leur ferait pas d'ombre",
poursuit Jean Rousseau.
La ville cherche donc un grand cuisinier ou un jeune qui serait prometteur. Elle a pris
pour cela contact avec les grands que sont Troisgros ou Loiseau afin de tisser un réseau
de relations ou de toucher des jeunes qu'ils auraient pu former.
"T'as voulu voir Vierzon"
La ville lance également un large appel à l'extérieur à destination de chefs désireux
de créer une "grande table". "Ce ne sera pas un marché de dupes, prévient
Jean Rousseau. Nous nous engageons à soutenir un candidat et à lui apporter de la
clientèle." Pour cela deux sites pourraient être proposés : la maison de
Célestin Gérard, bâtisse bourgeoise située juste en face de la gare dans l'enceinte de
l'ancienne usine Case ou alors un emplacement au premier étage de l'avenue de la
République, la principale artère commerçante de la ville, près d'un théâtre qui va
être réhabilité. La ville pourrait alors prendre en charge l'immobilier avec des tarifs
de location avantageux. "Mais rien n'est bouclé, avertit le maire, tout
est négociable, les bâtiments ne seront aménagés qu'avec l'aide d'un repreneur. Tout
cela peut se faire dès la mi-99." Bien desservie par le rail et par l'autoroute,
à deux heures de Paris, Vierzon voudrait devenir une étape gastronomique, un peu à
l'image de Roanne. Mais pour cela la ville a besoin d'une belle carte de restaurant. Sans
être une cité touristique, Vierzon pourra alors effacer cette image qu'avait
popularisée, un peu négativement, Jacques Brel : "T'as voulu voir Vesoul et t'as
vu Vierzon".
J.-F. Talpin
Le maire, Jean Rousseau et Joël Hallier, directeur de cabinet.
L'HÔTELLERIE n° 2595 Hebdo 7 Janvier 1999