Gradignan
La formule n'est pas nouvelle, mais généralement les hôtels sont, soit très
basiques, soit de très haut standing. Entre les deux, rien. Yves Richer, ancien
cuisinier, licencié en 1996 pour raison économique, a décidé d'occuper le terrain et a
lancé le Meublé-Hôtel d'un niveau 2 étoiles.
En deux ans il a repris, en crédit-bail ou en bail commercial avec promesse de vente,
quatre hôtels en difficulté d'une quarantaine de chambres chacun : un Balladins à Melun
et trois Primevère à Champigny-sur-Marne, à Villiers Val-de-Marne et à Meaux.
Affichant des taux d'occupation sur l'année de plus de 80 %, ce pour des investissements
moyens de 200 000 à 400 000 F selon les hôtels, son concepteur a décidé de tester la
formule en province. Première étape : Gradignan dans la banlieue bordelaise où un
ancien Soretel, un trois étoiles de 42 chambres situé en bordure de la rocade
Arcachon-Bordeaux, a fermé ses portes. Peu de modifications sont engagées. Les chambres
de 16 m2, avec salles de bains équipées de baignoire et de WC, restent telles quelles,
seul aménagement pour certaines d'entre elles, un canapé lit à la place du couchage
classique - les étudiants en sont friands paraît-il. Les gros aménagements portent sur
la transformation de l'ancienne salle de réunion en cuisine. Celle-ci se voit dotée d'un
évier, de tables de cuisson et de vingt casiers équipés d'un frigo-congélateur avec
une étagère. Car si le linge est fourni et le ménage assuré comme dans tout hôtel
classique, ici le client qui choisit l'option "cuisine" (10 F de plus par jour
et par chambre) doit apporter ses couverts, ses casseroles et sa nourriture. "En
région parisienne tous les clients cadenassent leur casier, remarque Morgan Schaff,
le directeur de cet établissement. Ici rien de tel, les gens sont beaucoup moins
stressés." Ce jeune dirigeant de 24 ans est également cuisinier de formation.
C'est d'ailleurs durant son apprentissage qu'il a connu Yves Richer. "Ce qui est
formidable avec lui c'est qu'il donne des responsabilités à des jeunes. C'est rare."
Très économique... surtout sur un mois
A l'instar de ses homologues, l'établissement bordelais fonctionne avec deux personnes,
un directeur et une assistante. Tous deux sont chargés de la gestion au quotidien :
comptabilité, accueil et service. "Nous essayons d'apporter un maximum
d'informations à nos clients", indique Morgan Schaff en montrant un tableau
d'affichage où sont indiqués les horaires de transports en commun, le nom des sociétés
assurant la livraison de repas à domicile, ou encore des informations touristiques.
"Ici c'est vraiment convivial. D'ailleurs, au départ nous avions espacé les
tables, or spontanément les clients les ont rapprochées pour former de grandes tablées."
Ils sont étudiants, stagiaires ou commerciaux ou ce sont encore des familles en transit,
adressées par des organismes sociaux. Tous apprécient ce mode d'hébergement qui ne
nécessite ni caution ni frais d'agence. Seule contrainte, payer d'avance.
La moyenne des séjours est d'un mois environ, car la formule ne devient vraiment
attractive qu'à partir de cette période avec des prix passant de 255 F la chambre pour
une nuit à 70 F la nuit pour une période de 30 jours, soit un total de 2 100 F pour un
mois.
Hormis le supplément chauffage, obligatoire l'hiver (300 F par mois et par chambre), les
prestations sont facultatives comme le service de nettoyage et séchage du linge, le
branchement d'une télévision personnelle ou l'abonnement téléphonique. Une cabine
téléphonique à pièces est toutefois installée dans le hall de l'hôtel.
La commercialisation est assurée par Bénédicte Briant depuis le siège parisien situé
à Champigny. Elle cible ses actions en direction des grosses entreprises à la recherche
de solutions pour leurs stagiaires ou leurs formateurs ; vers des associations
d'étudiants ou le Crous ; ou bien vers des organismes sociaux très demandeurs pour des
gens en difficulté.
Dès son deuxième mois d'ouverture, l'établissement girondin a atteint les 50 % de taux
de remplissage. Il est de 62 % aujourd'hui. Preuve que le besoin est bien réel.
B. Ducasse
B. Ducasse
La résidence Meublé-Hôtel a pris possession des anciens bâtiments du
Soretel, un 3 étoiles non rentable.
B. Ducasse
Morgan Schaff, le directeur du Meublé-Hôtel à Draguignan : « C'est promis, cet
été, la piscine sera remplie. »
Quelques tarifs :w Chambre à la nuit pour une ou deux personnes : 255
F |
L'HÔTELLERIE n° 2594 Hebdo 31 Décembre 1998