Charente
Robert Drugman, industriel nordique, vient de s'engager auprès du mandataire à régler l'ensemble des dettes du château d'Yeuse, dont il est actionnaire majoritaire (également propriétaire des murs, et principal financier). Pour cet hôtel-restaurant du quartier de l'Echassier, à Cognac-Châteaubernard, mis en redressement judiciaire le 13 mars, cette déclaration d'intention est porteuse de tous les espoirs, rassurant à la fois personnel et clientèle. Gérée par Céline Desmazières, dirigée par le couple Lambert, dont Bernard est chef de cuisine, l'Yeuse emploie 18 salariés qui se déclarent "heureux et soulagés" de voir leur entreprise repartir de zéro. Quant aux clients, cette décision une fois publiée et connue ne pourra que les sécuriser et faire taire tous les bruits négatifs entendus sur le château. "Certains nous croient toujours fermés", explique Mme. Lambert, tant il est vrai que pour beaucoup, redressement et liquidation sont synonymes, la rumeur faisant le reste.
Un avenir consolidé
D'après la gérante, l'hôtel (en voie d'être classé 4 étoiles) est en progression
constante depuis le printemps dernier, et ce malgré toutes ces difficultés. Malgré
également le feuilleton médiatico-financier qui aura bouleversé l'activité de l'Yeuse,
alors que l'établissement n'aura pas fermé un seul jour depuis le début de ses ennuis.
Aidé par l'office de tourisme de Cognac, qui a permis des contacts avec des groupes
anglo-saxons, ainsi que les agences de voyages, qui ont poussé leur clientèle Relais et
Châteaux dans sa direction, l'établissement est monté en puissance. Autre paramètre à
prendre en compte dans cette renaissance annoncée, la stratégie des grandes maisons de
négoce du Cognac qui n'ont pas hésité à continuer à envoyer leurs hôtes de prestige
vers l'Yeuse et son confort. Sans compter l'effet bénéfique des grandes guides nationaux
dans lequel est répertorié le château. (16/20 et 2 Toques Rouges au Gault et Millau,
classé Château Rouge au Michelin).
Le couple Lambert et Céline Desmazières vont pouvoir, avec cet apurement, (dont le
montant n'est pas pour l'instant précisé, la gérante le déclarant cependant
conséquent) se donner les moyens de leurs ambitions. Leur établissement diversifiera ses
activités, proposant des possibilités de banquets à 70 couverts, ouvrant une partie de
sa terrasse aux repas d'été. Une activité de traiteur est à l'étude, déjà
entreprise mais en cours de perfectionnement, afin d'offrir à l'extérieur un service
égal à celui pratiqué dans les murs du château (jusqu'à 300 convives). Un château
qui devrait retrouver tout son lustre, dans les tous prochains mois, et tirer
définitivement un trait sur ce fâcheux épisode. Sans compter la très possible
première étoile au Michelin, une ambition non démesurée en regard du talent du chef et
de la réputation d'un lieu devenu une des meilleures étapes du périple
cognaco-charentais.
J.-P. Gourvest
L'HÔTELLERIE n° 2593 Hebdo 24 Décembre 1998