Marché
Hôtellerie l Les
commerciaux itinérants
Un budget de 316 F pour la chambre et le petit-déjeuner
Les commerciaux itinérants sont une clientèle majeure des
hôteliers. Cependant, les entreprises qui les emploient se chargent de limiter leurs
dépenses et les orientent naturellement vers un type d'hôtels.
Si on supprimait demain la clientèle des commerciaux itinérants
aux hôteliers, il est certain que cela leur ferait un gros trou dans leur compte
d'exploitation. Et pour cause. Il y a près de 450.000 commerciaux qui sillonnent la
France et qui se "posent" régulièrement avec leur ordinateur portable ou leur
valise d'échantillons à l'hôtel. La part de la demande est colossale. Pour les
déplacements de leurs forces de vente, on peut estimer que les entreprises consomment
chaque année environ 40 millions de nuitées sur les 130 millions qu'enregistre
l'hôtellerie en France, soit un volume d'affaires de près de 14 milliards de francs.
Ainsi, beaucoup de commerciaux itinérants sont parmi les gros utilisateurs de
l'hôtellerie, y séjournant plusieurs nuits par semaine, sur près d'une trentaine de
semaines par an. Il y a aussi, parallèlement, une forte proportion de commerciaux et
assimilés qui ne vont pas à l'hôtel, mais qui prennent des repas dans les restaurants.
D'ailleurs, contrairement à ce qu'on imagine, plus une entreprise emploie de commerciaux
répartis sur l'Hexagone, moins elle consomme de nuitées hôtelières. Les collaborateurs
couvrent en effet un territoire plus étroit et rentrent pratiquement chaque soir chez
eux.
On épluche les notes de frais
Selon la dernière étude annuelle Havas Voyages Amex, 87% des entreprises françaises
disent s'être dotées d'une politique de voyages destinée à leurs collaborateurs. De
plus en plus, on diffuse des "livrets du voyageur" ou des consignes et règles
servant à arrêter la bonne façon d'engager des dépenses et à faire des économies
lors des voyages professionnels. Les dépenses hôtelières représentent environ 20% des
frais de déplacements des voyageurs d'affaires. Parallèlement, la dernière enquête
réalisée par le magazine Action Commerciale donne un aperçu intéressant des
tendances de la demande pour l'hébergement des commerciaux itinérants. Ce qui est sûr,
c'est que les entreprises françaises sont loin d'être laxistes sur la gestion des frais
de déplacements de leur force de vente. Partout, on épluche les notes de frais et de
plus en plus on craint les contrôles de l'Urssaf, bien décidée à détecter les
rémunérations déguisées et autres avantages qui lui échapperaient.
Les hôtels 2 étoiles choisis en majorité
Ainsi, on constate que 39% des entreprises remboursent les frais d'hébergement
(chambre et petit-déjeuner) au réel plafonné et 22% avec un forfait. Rares sont
aujourd'hui les sociétés qui accordent des remboursements illimités. 83% demandent un
justificatif des frais engagés. La tendance du "réel plafonné" se confirme de
plus en plus et correspond, bien sûr, à une recherche de maîtrise des dépenses, mais
aussi à une réponse aux exigences de l'Urssaf. Celle-ci accorde une tolérance de
plafonnement des frais de repas lors des déplacements fixés à 91,25 francs pour les
cadres et à 71 francs pour les non-cadres. Au-delà, l'entreprise et l'employé sont
tenus d'apporter des justificatifs et sont taxés sur l'avantage en nature. On rembourse
aussi en moyenne à 316 francs la chambre et le petit-déjeuner. Du coup, selon les
études d'Action Commerciale, 72% des commerciaux choisissent régulièrement des
hôtels 2 étoiles, 19% des hôtels 3 étoiles. 33% des entreprises disent négocier des
accords particuliers avec des chaînes hôtelières, par lesquels dans 50% des cas, la
remise se situerait entre 10 et 20% sur le prix affiché. Pour autant, ces dernières,
avec la reprise de la fréquentation hôtelière, se montrent de plus en plus dures en
affaires et accordent des tarifs spéciaux avec de plus en plus de réticence. Enfin, on
constate que 64% des entreprises mettent à la disposition de leurs commerciaux un
téléphone mobile et 30% une carte téléphonique société. La chute des recettes
téléphoniques des hôtels s'explique en partie par ces dotations mais on le savait
déjà. Toutes ces applications et les modalités de remboursement des frais de
déplacement des commerciaux itinérants ont bien sûr une incidence directe sur les
recettes des hôteliers et des restaurateurs. Ils sont obligés d'en tenir compte pour
établir leurs prix et pour garder cette clientèle, qui représente souvent un pilier du
fonds de commerce.
M. Watkins
LA TVA EN QUESTION
Alors que l'Urssaf plafonne les frais de repas, le fisc n'autorise pas la
récupération de la TVA par les entreprises sur les notes de frais de leurs
collaborateurs. Cette situation est pénalisante pour les sociétés qui emploient
beaucoup de voyageurs professionnels, et implicitement pour les restaurateurs et les
hôteliers. Pour autant, de plus en plus de PME passent outre et prennent l'initiative de
récupérer la TVA. Elles considèrent, avec de nombreux fiscalistes, que la France est
dans l'illégalité par rapport aux directives européennes et qu'elle se montre isolée
de la plupart des pays de l'Union. Ces entreprises s'appuient sur le décret Alitalia qui
détermine le principe de détaxation des frais de voyages et de restauration des
collaborateurs. Du coup, certaines accordent un remboursement de repas de 91 francs hors
taxes et non TTC à leurs commerciaux. Pour l'instant, la Direction des impôts ferme les
yeux, mais le risque de redressement fiscal reste toujours latent. Question
d'interprétation des textes. |
Montant moyen des remboursements des frais de déplacement
des commerciaux (1998)

L'HÔTELLERIE n° 2591 Supplément Économie 10 Décembre 1998
