Le marché des séminaires génère, on le sait, beaucoup d'emplois et de bons volumes de chiffres d'affaires pour les hôteliers. Avec la reprise économique, les entreprises confirment qu'elles commandent depuis deux ans plus de manifestations et ont tendance à augmenter leurs budgets.
La dernière étude, réalisée par Coach Omnium pour le Guide séminaires et congrès Bedouk, auprès de 404 entreprises françaises, indique que le marché des séminaires est en phase de nette croissance de la demande. Sur ces deux dernières années, 22,5% des entreprises ont eu tendance à augmenter le budget consacré aux séminaires et 49% ont maintenu leurs efforts budgétaires. Seulement 28,5% des organisateurs déclarent avoir réduit leurs dépenses. Toujours par rapport à ces deux années précédentes, 49,3% des entreprises ont le sentiment que leur secteur d'activité va plutôt mieux économiquement, contre seulement 10,6% qui pensent qu'il est en régression. Les secteurs qui semblent voir la meilleure reprise sont l'industrie pharmaceutique et chimique, la bureautique-informatique, l'automobile, les agences de stimulation et de conseil. Parallèlement, 69% des sociétés interrogées affirment que leur propre activité est en amélioration alors que seulement 5% constatent au contraire une récession. Ces éléments sont prometteurs, car 64% des interlocuteurs pensent que la demande séminaires-congrès est directement liée à la bonne marche des entreprises. Une situation dont on se doutait et qui est confirmée par l'étude. Quand l'entreprise va, le séminaire va. 37% des organisateurs de séminaires déclarent même que la croissance de l'activité de leur propre société et son développement les conduit à organiser plus de manifestations.
Dans les PME qui vivent une bonne relance de leur activité, 26% en profitent pour augmenter les budgets investis dans les séminaires. A l'inverse, quand l'entreprise est en crise, les séminaires sont parmi les premiers postes de charges que l'on sucre. 68% des sociétés en récession ont fait ce type de choix. Cette amélioration générale de l'économie des PME est donc une bonne nouvelle pour les prestataires de séminaires que sont les hôteliers (96% des entreprises font appel aux hôtels pour organiser leurs séminaires). Quand les entreprises augmentent leurs budgets consacrés aux séminaires (autre bonne idée qui plaît aux hôteliers et aux restaurateurs !), elles disent organiser un plus grand nombre de séminaires, choisir des lieux de séminaires de qualité supérieure ou encore inviter plus de participants à leurs réunions. Dans certains cas, on ajoute aussi des prestations comme des animations, des activités sportives ou autres cadeaux plaisants. Les repas et les pauses commandés sont parfois plus "luxueux" ou mieux garnis que pendant les périodes de vaches maigres. On passe aussi quelquefois des petits vins de pays aux grands vins lors des déjeuners et des dîners. Cependant le temps des séminaires festifs payés par l'entreprise, composés de fioritures, prétextes à sorties chaleureuses et rigolardes entre collègues, est révolu. Les patrons dépensent utile.
Quand il s'agit de diminuer les budgets, on opte en premier pour un changement des lieux de séminaires pour "du moins cher". Cela dit, d'une manière générale la demande change. Comme cela a été constaté lors de l'étude précédente de 1997, la tendance va toujours vers une diminution des séminaires résidentiels de 2 et de 3 jours, au profit d'une intensification des journées d'études et des manifestations de 4 jours à 8 jours. La moyenne des entreprises organise moins de 5 séminaires par an selon les secteurs d'activité, ce qui n'est déjà pas si mal. Les gros consommateurs, qui réalisent plus de 20 séminaires par an, se trouvent globalement dans l'industrie pharmaceutique, les banques-assurances, les agences de stimulation, de conseil et les sociétés de formation.
On constate également qu'il y a de plus en plus de demandes de séminaires-conventions de plus de 50 personnes, alors qu'il y a encore 5 ans, les organisateurs donnaient plus dans les réunions de moins de 20 personnes, presque intimistes. Enfin, la dépense moyenne se situe entre 200 et 600 francs par participant pour une journée d'étude et entre 600 et 1.500 francs pour un séminaire résidentiel. Il est clair que les entreprises continuent à choisir en priorité les hôtels 3 et 4 étoiles pour le déroulement de leurs manifestations de petite ou de moyenne envergure. Question de confort mais surtout d'image vis-à-vis de leurs collaborateurs. Les centres de congrès et de conventions sont choisis en deuxième lieu, mais le plus souvent pour les manifestations plus lourdes en participants et en besoins d'infrastructure. Quant aux thèmes des séminaires, la motivation de collaborateurs et les réunions d'information l'emportent et sont même en forte progression depuis ces dernières années. A l'inverse, les stages de formation sont en recul dramatique, ainsi que les autres motifs de séminaires comme les lancements de produits ou de services, ou encore la fidélisation de clients/prescripteurs. A noter que les budgets de formation servent souvent à financer des séminaires de motivation de collaborateurs.
Le marché des séminaires, dans lequel les entreprises françaises injectent près de 50 milliards de francs de volume d'activité annuellement, reste toujours une valeur sûre pour les hôteliers et autres prestataires qui s'y sont lancés. Toutefois, pour y faire sa place au soleil, il faut être bon. Quand l'organisateur recherche un nouveau lieu de séminaires, il interroge en moyenne 4 prestataires avant de faire son choix. Il teste leurs qualités commerciales, éprouve leurs aptitudes d'adaptation, cerne leur professionnalisme, mesure leur disponibilité, identifie leur capacité à rassurer sur leurs prestations... et négocie. Du coup, la concurrence est rude, bien que le premier critère de sélection ne soit pas toujours le prix. Une étude de Coach Omnium de 1994 avait démontré que seulement près de 15% des hôteliers savaient se montrer séduisants dans leurs relations commerciales sur le marché du séminaire. Aujourd'hui, les organisateurs de séminaires sont très informés et très experts. Ils ne veulent pas seulement des réponses fonctionnelles à leurs demandes de séminaires mais souhaitent "qu'on leur donne envie d'y aller". Cela prédispose, en face, à trouver des professionnels du séminaire très aguerris.
M. W.
DES SECTEURS MEILLEURS CLIENTS QUE D'AUTRESPar secteurs d'activité, on découvre que les PME qui ont le plus rehaussé leurs dépenses de séminaires sur ces deux dernières années se trouvent dans la bureautique et l'informatique (29% des entreprises interrogées du secteur), dans les fédérations et associations (31%), dans l'industrie (30%) et dans les services (22%). A l'opposé, les sociétés dans l'agroalimentaire et dans l'édition-presse sont celles qui ont le plus fortement sacrifié leurs budgets. Ce dernier secteur a été parmi les plus touchés par la crise, avec le bâtiment, jusqu'en 1998. |
LE BUDGET MOYEN INVESTI PAR L'ENTREPRISE EN SÉMINAIRE | |||||||
RÉSIDENTIEL PAR PARTICIPANT ET PAR JOUR | |||||||
Plusieurs réponses possibles > 100% | % sur répondants | ||||||
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w De 200 à 400 francs | 1,6 % | ||||||
w De 400 à 600 francs | 12,5 % | ||||||
w De 600 à 800 francs | 31,6 % | ||||||
w De 800 à 1 000 francs | 31,6 % | ||||||
w De 1 000 francs à 1 500 francs | 29,7 % | ||||||
w Plus de 1 500 francs | 8,6 % | ||||||
DEPUIS DEUX ANS, LES ENTREPRISES ONT UNE ACTIVITÉ PLUTÔT... | |||||||
% sur répondants | |||||||
w En croissance | 69,3 % | ||||||
w A l'identique | 25,2 % | ||||||
w En récession | 5,4 % | ||||||
LES THÈMES DES SÉMINAIRES | |||||||
Plusieurs réponses possibles > 100% | en 1998 | en 1993 | |||||
w Motivation des collaborateurs et | |||||||
séminaires d'information | 78 % | 53 % | |||||
w Formation | 35 % | 60 % | |||||
w Lancement d'un produit ou d'un service | 30 % | 43 % | |||||
w Fidélisation de prescripteurs/clients | 12 % | 28 % | |||||
L'AUGMENTATION DES BUDGETS CONSACRÉS | |||||||
AUX SÉMINAIRES S'EST OPÉRÉE PAR... | |||||||
Plusieurs réponses possibles > 100% | % sur répondants | ||||||
w Augmentation du nombre de séminaires | 58,2 % | ||||||
w Choix de lieux de séminaires de qualité supérieure | 45 % | ||||||
w Augmentation du nombre de participants | 42,8 % | ||||||
w Augmentation de la quantité des prestations | 40,6 % | ||||||
w Augmentation de la durée moyenne des séminaires | 8,8 % | ||||||
Source : Coach Omnium - Guide Bedouk * 1998 |
Source : Coach Omnium - Guide Bedouk * 1998
L'échantillon : cette enquête a été réalisée par Coach Omnium pour le Guide Bedouk. Elle a été effectuée par téléphone en octobre 1998 auprès de 404 entreprises organisant des séminaires (72% en région parisienne et 28% en province). |
L'HÔTELLERIE n° 2591 Supplément Économie 10 Décembre 1998