Quand les frères Blanc, dans le cadre d'une vente aux enchères publique à
laquelle tout le monde pouvait donc participer, ont acheté le Palace pour 7,5 millions de
francs, certains, et ils furent nombreux, n'ont pas hésité à crier au scandale ! Et de
dénoncer le prix trop bas auquel la vente s'était faite alors que des propositions
beaucoup plus hautes dont celle du chanteur Mick Hucknall, n'auraient pas été retenues.
Un argument que Régine, ancienne propriétaire des lieux, mettait en avant pour crier au
scandale, au complot et pour soupçonner un accord occulte entre Pierre Blanc, ancien juge
consulaire, et le tribunal de commerce de Paris.
L'affaire fit beaucoup de bruit bien sûr et suscita l'intérêt de quelques
"affairistes" naïfs qui ont effectivement cru que le Palace valait beaucoup
plus que les 7,5 MF sur lesquels s'étaient engagés les frères Blanc. Ceux-ci,
professionnels avertis, avaient depuis longtemps estimé le montant des travaux
nécessaires à la remise aux normes des lieux très détériorés par les années de
fermeture. Aussi, choisirent-ils de ne pas participer à la seconde vente qui amena le
Palace, quelques mois après, à être vendu à 11 millions de francs. Sans projet réel
pour ce bien, sans avoir semble-t-il évalué l'état des dégâts et le montant des
investissements pour rouvrir l'établissement, les acheteurs, un couple de promoteurs
parisiens, se sont lancés dans une aventure qui risque de leur coûter cher... attirés
par une certaine odeur de scandale, ils croyaient, naïfs, réaliser une très belle
opération : pensez donc, ils avaient des noms de gens tous disposés, dixit Régine, à
s'investir dans pareille entreprise ; autant d'arguments pour elle afin de dénoncer les
conditions de la vente à la commission d'enquête parlementaire sur les tribunaux de
commerce. "Paroles, paroles" disait la chanson... Contactés par les nouveaux
propriétaires, aucun ne veut aujourd'hui s'engager dans l'aventure.
Ce que l'on comprend aisément : si l'affaire avait été aussi intéressante que
l'ancienne propriétaire le prétendait, qui les empêchait de surenchérir au cours des
différentes ventes aux enchères ? S'ils ne l'ont pas fait c'est qu'ils étaient
conscients du peu d'intérêt de l'opération ! Les nouveaux propriétaires se
retrouvent donc aujourd'hui avec un investissement impossible à rentabiliser. Qui plus
est, pour exploiter le Palace, 40 millions doivent être investis pour la mise aux normes.
Leur naïveté peut leur coûter cher, on murmure qu'ils auraient porté plainte contre le
notaire qui a organisé la vente. Morale de l'histoire, Régine a profité de
l'événement pour faire parler d'elle... Quant aux frères Blanc, ils sont aujourd'hui
connus de tout le monde et les dernières péripéties de ce dossier montrent bien combien
ils avaient raison, en vrais professionnels, de ne pas aller plus loin. Et oui : c'est un
métier la restauration, qu'on se le dise...
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2591 Hebdo 10 Décembre 1998