Bistrots autorisés en zone protégée
A la veille du boum de la saison touristique, une telle décision, prise à la sauvette et sans aucune concertation avec les professionnels par un préfet sur le point de changer de département, avait de quoi faire bondir les 253 tenanciers des cafés de la capitale administrative du Finistère. Il n'y a pas si longtemps, le procureur de la République voulait fermer un café de la ville parce qu'il était situé à moins de 200 mètres d'un stade. L'antériorité a sauvé le bistrot dont la propriétaire n'est pas la dernière à s'insurger au-jourd'hui. Même si le nouvel arrêté la délivre complètement de l'ancien couperet.
Au nom de l'animation
Mais pourquoi tout ce remue-ménage ? Simplement parce que la municipalité quimpéroise
socialo-écologiste a pensé que l'installation de nouveaux cafés allait réchauffer les
places de la mairie et de la cathédrale, nouvellement réaménagées, mais toujours aussi
réfrigérantes. "Nous ne sommes pas contre l'animation de ce quartier, plaident
les cafetiers du centre quimpérois, mais la création d'autres établissements serait
commercialement insoutenable. Déjà que la plupart des cafés ont du mal à vivre et que
les dépôts de bilans s'ajoutent les uns aux autres depuis plusieurs années, une telle
décision en condamnerait plusieurs à disparaître, purement et simplement."
Le syndicat intente un procès
C'est pourquoi les cafetiers ont décidé de "s'opposer vigoureusement à
l'arrêté du préfet qui va créer un préjudice économique majeur à toutes les
entreprises du secteur sans parler de la valeur marchande des fonds de commerce dans
lesquels certains propriétaires ont beaucoup investi d'argent, en toute confiance".
Ils demandent au nouveau préfet de prendre en compte les risques économiques d'une telle
décision mais aussi les risques d'inégalité devant la loi entre les anciens et les
futurs détenteurs de licences IV. Tous soutiennent sans réserve le recours en annulation
avec sursis à exécution introduit par le président du syndicat L'hôtellerie 29 devant
le tribunal administratif.
Excès de pouvoir ?
Si le président des hôteliers finistériens s'est lancé dans un tel procès c'est qu'il
juge cette décision préfectorale illégale. Il pense même qu'elle constitue un excès
de pouvoir. En effet, seule une zone du grand centre de Quimper, calquée sur la zone de
protection du patrimoine (ZPPAU), et qui s'étend sur plusieurs kilomètres, de l'ancien
Grand séminaire (aujourd'hui lycée catholique) au lycée public de Cornouaille et au
lycée Chaptal où prospère une section hôtelière, est concernée. Ne serait-ce pas une
discrimination ? Au tribunal administratif de Rennes de trancher avant que la pression ne
monte un peu trop derrière des comptoirs.
A. de Sigoyer
Noël le Quéré, président des hôteliers du Finistère (à gauche) et Thierry
Lecomte, directeur du syndicat (à droite).
L'HÔTELLERIE n° 2590 Hebdo 3 Décembre 1998