Concours
340 chefs représentant 7 pays européens étaient sur la ligne de départ pour
le Prix Taittinger 1998. En finale, ils n'étaient plus que 9. Pour décrocher le titre,
les finalistes, réunis dans les cuisines de l'ESCF-Ferrandi à Paris, disposaient de 5
heures. Au programme : une barbue de 2 kg avec trois garnitures dont une à base
d'oursins. Le jury, composé de 22 grands chefs français et étrangers, avait la lourde
tâche de départager ces 9 professionnels de grand talent. Unanimes, lors de la remise
des prix, le soir même, les membres du jury saluaient le "haut niveau" de la
compétition.
Séquence émotion. Les 9 finalistes sont sur la scène. La tension monte. Gilles
Etéocle, président du jury, commence par donner les noms des six candidats qui ne font
pas partie du "tiercé gagnant". A chaque nom prononcé, le couperet tombe et
l'atmosphère devient de plus en plus électrique. Ils ne sont plus que trois : deux
Français, Vincent Arnould, Arnaud Bignon et un Suisse, Jean-Louis Farjot. Soucieux de
maintenir le suspense, Gilles Etéocle annonce le troisième. C'est Arnaud Bignon, du
restaurant Montparnasse 25 à Paris. Puis le second : Jean-Louis Farjot, Auberge Auvernier
à Auvernier en Suisse. Un palmarès à rebours qui par élimination désigne sans
équivoque Vincent Arnould vainqueur du 32e Prix culinaire international Pierre
Taittinger. Dans les salons du Concorde La Fayette, c'est un tonnerre d'applaudissements.
Or, à ce moment précis, c'est encore le doute et l'incompréhension qui se lisent sur le
visage du jeune chef du restaurant Le Prieuré (Relais & Châteaux) de
Villeneuve-les-Avignon. Il lui faudra quelques secondes pour réaliser qu'il est bien le
lauréat. Et c'est une explosion de joie avec un immense sourire, les yeux légèrement
embués, un visage transcendé de bonheur et une évidente timidité que Vincent Arnould
offre à un public (500 invités) sous le charme. Gilles Etéocle lui tend le micro pour
recueillir quelques mots : "Je remercie Mme Mille, propriétaire du Prieuré, mon
chef, M. Chenet et tous mes amis d'Avignon qui m'ont aidé". Quelques minutes
plus tard, il confiera : "Mes amis, ce sont les chefs, Claude Lambert et Michel
Benet, et aussi M. Meissonnier. Sans oublier mes remerciements à Philippe Gauvreau et
Christophe Marguin (les deux derniers vainqueurs du Prix Taittinger) qui m'ont donné de
précieux conseils". Vincent Arnould est aux anges. En fait, c'est son second
essai. L'an passé, il n'avait pas dépassé les demi-finales. Depuis, il a beaucoup
travaillé et son rêve s'est réalisé. Les flashes des photographes crépitent et de
très nombreux professionnels se précipitent pour le féliciter. Régis Bulot, président
des Relais & Châteaux, fait partie du nombre et déclare être "enchanté
qu'un des membres de la chaîne ait gagné".
Une soirée bien commencée qui fut suivie d'une réception où les invités ont eu la
surprise de voir officier 7 grands chefs proposant chacun deux plats : Jacques Chibois,
Christian Constant, Jean-Pierre Crouzil, Michel Husser, Alain Passard, Philippe Renard et
Christian Willer. Sans oublier les spécialités de Jean-Jacques Massé, le chef des
cuisines du Concorde La Fayette.
N. Lemoine
Le trophée du Prix Taittinger dans les bras, Vincent Arnould, 28 ans, savoure
son bonheur.
L'HÔTELLERIE n° 2589 Hebdo 26 Novembre 1998