Taxe sur les locaux commerciaux en Ile-de-France
Les professionnels de l'hôtellerie de Paris et d'Ile-de-France, autour de Jean
de Préaumont, président de l'office du tourisme et des congrès de Paris, dénoncent le
danger que fait courir cette taxe supplémentaire à l'industrie hôtelière.
L'office du tourisme a voulu réagir. Comme le déclare Jean de Préaumont, "cette
nouvelle taxe ne concerne pas seulement une profession, mais le tourisme dans son ensemble
dont les hôteliers sont la base. Par un effet boomerang, cette taxe viendra affecter tout
le secteur touristique, car l'un de ses effets pernicieux est de venir renchérir la
chaîne de toutes les prestations de tourisme".
La seule et unique revendication est l'exclusion du champ d'application des CHR de cette
loi. Pas question de négocier sur le seuil ou sur les taux, il faut tout simplement
soustraire tous les CHR de cette mesure.
Calculée sur les m2 cette taxe sera lourde à supporter pour tous les types
d'établissements. Mais il faut noter que les hôteliers seront les principales victimes
de cette mesure en raison de la nature de leur activité. En effet, afin de répondre aux
normes obligatoires de classement, des surfaces minimums tant pour les chambres que pour
les parties communes sont imposées. En outre, les locaux d'exploitation comportent
souvent plusieurs étages qui
s'ajoutent aux parties communes d'accueil et de services. Ces deux contraintes génèrent
un nombre important de m2, bien supérieur au seuil des 300 m2. Ce qui se traduira sur le
terrain par une taxation importante de tous les hôtels, y compris les plus modestes.
Ces derniers atteignent facilement une surface de 1 000 m2, ce qui représente une taxe de
l'ordre de 12 000 francs pour 1999, et 27 000 francs en 2004. Quant aux plus grands
établissements on atteint des sommes invraisemblables. Marcel Del Tongo, directeur
général du groupe Concorde, estime que cette taxe représentera 5 millions pour la
première année, mettant en cause la compétitivité internationale de la société. Il
craint une désaffection de la clientèle de congressistes qui se tournera vers des
destinations moins taxées et donc moins onéreuses.
Cette dérive aura non seulement des effets en ce qui concerne la fréquentation
touristique de Paris, mais aura aussi des incidences prévisibles en matière d'emploi
(frein à l'embauche, voire licenciement).
Pour Bertrand Lecourt, président de la Chambre syndicale des hôteliers, cafetiers,
restaurateurs de Paris et de sa région, "nous avons une tempête fiscale. Cette
taxe sera très destructrice. On devra payer ou être condamné à disparaître. Depuis 4
à 5 ans on constate que 40 % de la petite hôtellerie a disparu en Ile-de-France. Il ne
faut pas oublier que ces établissements sont nécessaires".
Cette nouvelle taxe viendrait s'ajouter à la taxe de séjour et à la taxe de dépenses
sur les publicités. Pour Madame Itant, hôtelière à Paris, le seuil critique est
atteint : "N'importe quel hôtel, même le plus petit, parvient à ce seuil des
300 m2. Ce qui veut dire que presque tous les établissements seront touchés. En matière
de surface d'exploitation, nous sommes sujets à une double imposition, car la surface de
nos établissements est déjà soumise à la taxe foncière et maintenant à cette taxe
sur les bureaux."
Trop de taxes
Le nombre de taxes auxquelles sont soumis les hôteliers constitue un handicap pour la
stabilité de la profession : taxe professionnelle, taxe foncière, taxe de séjour à
laquelle est venue s'ajouter la taxe sur les brochures publicitaires. Philippe Cohen,
propriétaire d'un hôtel de 40 chambres avec 8 employés dans le IXe arrondissement de
Paris, a acheté son établissement en 1993 selon un plan de financement très précis.
"Puis en 1994 a été votée la taxe de séjour à Paris. Ce qui représente pour
mon établissement une somme de 62 349 francs. Maintenant avec cette nouvelle taxe j'aurai
à payer 13 200 F au titre de l'année 1999 pour atteindre la somme de 29 700 F en 2004.
Cette charge supplémentaire est l'équivalent d'un emploi à mi-temps." René
Rouillon, vice-président et secrétaire général du SNRLH tient à rappeler que cette
taxe va aussi concerner les grandes brasseries, les restaurants et les bars, même s'ils
seront touchés dans une moindre mesure.
P. Carbillet
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Tarifs en francs | Locaux | Locaux | Locaux | Locaux de | |||||
par m2 | commerciaux | de stockage | commerciaux | stockage | |||||
Entre 300 et | Supérieur à | Entre 500 et | Supérieur à | ||||||
2 500 m2 | 2 500 m2 | 5 000 m2 | 5 000 m2 | ||||||
1999 | 12 F | 30 F | 7 F | 14 F | |||||
2000 | 15 F | 36 F | 9 F | 17 F | |||||
2001 | 18 F | 42 F | 11 F | 20 F | |||||
2002 | 21 F | 48 F | 13 F | 23 F | |||||
2003 | 24 F | 54 F | 15 F | 26 F | |||||
2004 | 27 F | 60 F | 17 F | 28 F |
L'HÔTELLERIE n° 2588 Hebdo 19 Novembre 1998