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Editorial

35 heures

Le mépris avec lequel les hommes politiques appréhendent la réalité économique des entreprises est accablant. Constamment suspectés de camoufler réserves de ressources, réserves de productivité, les chefs d'entreprises sont régulièrement montrés du doigt et menacés quand ils ne s'exécutent pas aussi rapidement que les politiques l'exigent. François Hollande ces derniers jours n'hésitait pas à lancer un « avertissement », accusant les patrons de vouloir « biaiser avec l'esprit des 35 heures » et d'agiter le bâton en prévenant « qu'il y aura une deuxième loi qui interviendra le moment venu et qui, justement, pénalisera le recours aux heures supplémentaires ». Comment tolérer de tels propos de la part de gens qui se refusent à toute analyse économique de la réalité et qui se protègent derrière des considérations idéologiques et démagogiques ! Comment supporter autant d'arrogance envers des chefs d'entreprises qui ne cessent de prendre des risques, le plus souvent sur leurs biens propres, pour maintenir à flots leurs entreprises. Comment accepter une telle simplification du débat sur la réduction du temps de travail quand on sait qu'un tel dispositif ne permet pas à certaines entreprises de survivre dans la mesure où elles ne supporteront pas le coût imposé par cette réforme ? Comment laisser s'installer un tel climat de suspicion entre salariés et patronat sous prétexte qu'il servira le discours des politiques ? ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs mais malheureusement, au niveau de l'Etat, les décideurs ne sont pas, là encore, les payeurs : les hommes politiques se refusent à être gestionnaires, ils ponctionnent les contribuables à chaque fois que la mise en place d'une mesure peut leur permettre de servir leurs intérêts politiques en général et électoraux en particulier. Les chefs d'entreprises, comme les salariés d'ailleurs, n'ont pas cette liberté budgétaire qu'a l'Etat qui ponctionne chaque jour un peu plus le contribuable pour assurer ses fins de mois. Patrons comme salariés se doivent de respecter un budget. Les premiers savent qu'au delà d'un certain niveau de charges, la survie de leur entreprise est compromise, quant aux seconds, fisc et banquiers s'accordent pour les maintenir dans la norme. Autant de réalités qui rendent intolérables les propos des politiques qui, depuis qu'ils ont quitté les bancs de l'Ena, ne se sont jamais investis dans la gestion d'une entreprise. Pour anecdote, François Hollande a entamé une négociation sur les 35 heures avec les 80 salariés du PS, dont il est le patron, l'accord n'est pas encore signé car on est loin d'arriver à une négociation exemplaire, le trésorier fabusien, Alain Claeys, qui a enfin réussi à redresser les comptes du PS se refuse à accepter des conditions trop favorables aux salariés... Amusant non, quand on entend dire que le passage aux 35 heures n'est pas un coût supplémentaire pour les entreprises ?
PAF


L'HÔTELLERIE n° 2584 Hebdo 22 Octobre 1998

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