Près de deux ans après sa mise en place,
l'élargissement de la loi Raffarin au secteur de l'hôtellerie permet de faire un premier
bilan pour le moins intéressant. Un peu plus de 80% des demandes de construction ont
été acceptées, autant dire que c'est avec beaucoup de bon sens et de sagesse que les
CDEC ont choisi de traiter les dossiers et qu'en la matière, personne n'a cherché à
jouer à la chasse aux sorcières ! Parce que les politiques et l'administration sont
toujours des forteresses difficiles à convaincre, les mesures de contrôle du
développement de l'hôtellerie ont été prises un peu tardivement et les conséquences
de la surcapacité hôtelière ont été lourdes pour le secteur dans son ensemble. Le
fait qu'aujourd'hui 80% des dossiers aient été acceptés montre bien la maturité des
hôteliers qui, de plus en plus, acceptent le développement d'une concurrence, pour peu
que les projets soumis à leur avis aient une justification économique. Les années 80
avaient vu la prolifération de baraquements sur la devanture de laquelle on apposait
allègrement une enseigne hôtelière. Leur financement n'était réalisé qu'à travers
des opérations qui permettaient à des investisseurs ignorants du marché hôtelier une
forte économie d'impôts. Les échecs ont été assez nombreux pour rendre plus prudents
certains entrepreneurs et aujourd'hui, les dossiers déposés en CDEC ne le sont qu'après
de réelles études de marché. Les financements sont difficiles à trouver auprès des
banques qui ont gardé de mauvais souvenirs de ces années délirantes, elles redoublent
de prudence et prennent un maximum de garanties. Autant dire que quand le dossier est
prêt à passer en CDEC, c'est qu'il concerne la création d'un hôtel dont la viabilité
a toutes les chances d'être assurée.
Mais attention, sous prétexte de maturité du marché, il ne faudrait pas que, pour
autant, l'administration décide de lever l'obligation d'autorisation des CDEC pour toute
ouverture d'hôtel. La mesure n'avait été mise en place que pour deux années, c'est
vrai, mais il y a tout lieu de penser que son maintien obligerait à une réelle habitude
de rigueur tous les entrepreneurs, une contrainte qui ne peut être que bénéfique tant
pour eux que pour le marché.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2580 Hebdo 24 Septembre 1998