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Restauration

Saint-Germain-la-Rivière




Le restaurateur fait de la résistance

Depuis le 23 juillet, Patrick Valduga qui dirige le "Saint-Germain" un restaurant installé dans les murs de la Maison du Pays du Fronsadais, s'est mis en grève de la faim. Une décision motivée par la rupture de son bail commercial et la mesure d'expulsion prononcée par la cour d'appel de Bordeaux.

En 1992, la proposition d'ouvrir un restaurant au sein de la Maison du pays du Fronsadais, structure à vocation touristique initiée par un SIVOM regroupant dix-huit communes, ne manquait pas de charme. Le site sur près de 1.500 m2 au bord d'un lac artificiel est superbe et la départementale Saint-André de Cubzac/Libourne, non loin de l'autoroute A 10, des plus passantes. Patrick Valduga, actionnaire majoritaire et sept autres associés réunis dans la SA SERT sont séduits par le projet. D'autant qu'on leur promet monts et merveilles : réunions, colloques, séminaires, étapes de voyagistes. Ils investissent 800.000 F dans l'aménagement des cuisines, acceptent d'assurer le gardiennage et même d'effectuer le nettoyage de toute la maison de pays (une sacrée économie pour le SIVOM !). Un bail commercial est signé le
12 mars 1993 entre les deux parties et le SIVOM s'engage, verbalement, à prendre en charge la signalisation. Premier accroc, à l'ouverture, deux mois plus tard, pas l'ombre d'un panneau n'indique la Maison de Pays et son restaurant. Qu'à cela ne tienne, la S.A propose de payer les panneaux pour la somme de 65.000 F, mais demande qu'en contrepartie les 30.000 F dus au titre de la caution rajoutée au bail soient compris dans cette somme. Un accord verbal, mais devant témoins, est donné par le SIVOM.

Intérêts divergents, mésentente, prise de bec... Les contentieux s'accumulent et le 6 juin 1994, le SIVOM informe par courrier recommandé qu'il souhaite rompre le bail commercial le liant à la SERT. Sûre de son bon droit, la SA porte l'affaire en justice. Et là, stupeur ! Un premier jugement rendu le 19 septembre 1996 par le tribunal de grande instance de Libourne prononce la résiliation du bail. Le 29 juin dernier, la cour d'appel de Bordeaux confirme ce jugement. Or, sur chaque point motivant la condamnation Patrick Valduga a des réponses claires et précises. Par exemple pour les 30.000 F de caution. "Nous les avons finalement payés et ce en plus des panneaux de signalisation." La liste des griefs est longue, comme ceux de mal accueillir les clients, de ne pas faire "de la qualité" alors même que l'établissement réalise entre 12.000 et 13.000 couverts par an et fait vivre cinq salariés dont un mi-temps, tout en dégageant des bénéfices.

Le restaurant assure toujours le service

Aujourd'hui la situation est quelque peu surréaliste. Le restaurant reste ouvert comme si de rien n'était. Le livre d'or se remplit chaque jour de multiples témoignages de soutien de clients. Plus de 600 signatures de sympathie ont été récoltées. Par ricochet, cette affaire a mis en lumière un véritable gâchis. Car hormis l'activité du restaurant, cette maison de pays qui a coûté plus de 10 millions de francs ressemble à une coquille vide. D'où la réaction de contribuables, qui, soutenant implicitement le restaurateur, ont créé durant l'été l'association INDICE "Notre Maison", afin de demander des comptes aux élus sur la gestion de ce site touristique.

Face à un soutien massif et malgré un corps affaibli, Patrick Valduga garde un moral d'acier. "De toute façon je n'ai rien à perdre, car si le jugement était maintenu cela signifierait cinq employés au chômage et pour moi, la rue, aucune indemnité de chômage et des dettes puisque pour mes prêts je me suis porté caution personnelle. J'irai donc jusqu'au bout." Il ajoute : "En faisant la grève de la faim, je renvoie les gens face à leurs responsabilités. Car désormais seul le sous-préfet peut intimer aux forces de l'ordre de m'expulser." Installé sur une chaise longue dans un coin du restaurant, il travaille à sa défense, recherche tous les recours possibles. Ainsi a t-il saisi le juge d'exécution du TGI qui doit rendre sa décision le 18 septembre prochain. "Nous avons demandé un délai exécutoire de deux ans ce qui nous permettrait d'attendre le jugement de la cours de cassation".

B. Ducasse

INDICE Notre Maison

En marge du conflit, une association réunissant des habitants du canton de Fronsac en Gironde a été créée pour obtenir des comptes sur la gestion de la Maison du Fronsadais. INDICE (Institution Nouvelle de Défense des Intérêts des Contribuables Excédés) qui a reçu l'appui de l'ADUA (Association de Défense des Usagers des services publics), a relevé le manque «d'utilisation rationnelle du site depuis cinq ans pour des activités ludiques, sociales, culturelles autres qu'une occasionnelle fête des vendanges ou un éventuel téléthon». Et explique au SIVOM : «vous admettez qu'il est rare de voir qui que ce soit entreprendre la construction d'un bâtiment en ne se posant qu'a posteriori la question de son utilisation».

Pour sa part Jean-Claude Delarue, le président de l'ADUA, qui s'est rendu sur place, a déclaré qu'il «s'interrogeait sur les sommes importantes consacrées à un château de la belle au bois dormant».


L'HÔTELLERIE n° 2579 Hebdo 17 septembre 1998

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