Actualités


Danger

La publication du rapport Malinvaud avait, en cette fin d'été, redonné quelques espoirs aux chefs d'entreprise jusqu'alors très inquiets du coût de la mise en place des 35 heures. C'était sans compter sur les mesures compensatoires que prévoirait le gouvernement pour financer le coût de la mesure que Bercy évalue aujourd'hui à 25 milliards de francs. En effet, idéologie oblige, Martine Aubry prévoit la mise en place d'une surcotisation pour tous les salariés à partir de 16.000 francs... Et une fois de plus, de faire appel à ce que l'on appelle la solidarité, et de montrer du doigt ceux que l'on n'hésite pas à qualifier «d'aisés», voire même de «riches» ! Il est donc, aux dires des politiques en place, parfaitement logique et moral, de faire payer certains plusieurs fois, sous forme d'impôts, de suppression d'avantages fiscaux, sociaux et de surcotisation, ceux qui justement constituent le moteur de l'économie parce qu'ils ont une formation de qualité, une compétence reconnue, qu'ils travaillent davantage et qu'ils ont osé prendre des risques.

Accepter une telle discrimination est d'autant plus inacceptable qu'il est évident qu'à terme, une telle mesure ne pourrait avoir l'efficacité attendue ! Elle ne pourrait que tirer les niveaux de salaire vers le bas, favoriser l'embauche d'un personnel peu qualifié au détriment des salariés compétents. Elle appauvrirait intellectuellement et économiquement les entreprises dont le marché se rétrécirait considérablement dans la mesure où, le salaire moyen ne cessant de chuter, la consommation en subirait des conséquences graves. Quelle motivation pour les jeunes ? Comment continuer à investir dans la formation pour que les rémunérations soient aussi régulièrement tirées vers le bas ?

Une telle mesure ne sera pas sans avoir des conséquences graves sur l'hôtellerie-restauration. En effet, sous prétexte que le secteur compte un très grand nombre de salariés dont la rémunération est proche du SMIC, le gouvernement a tendance depuis quelques mois, à refuser toute négociation spécifique pour la mise en place de la réduction du temps de travail, mettant en avant le fait que les allégements sur les bas salaires bénéficient davantage à ce secteur qu'à d'autres. Implicitement, accepter cet état de fait et tirer les salaires vers le bas dans le secteur CHR, c'est signer son arrêt de mort. Ne plus avoir les moyens de recruter et de rémunérer un personnel compétent, bien formé, c'est accepter de ne plus assurer de service de qualité. A l'heure où le tourisme français veut conforter sa position internationale, cette mesure ne peut être que catastrophique. Les instances syndicales devront savoir imposer une baisse des charges sur les bas salaires sans surcotisation sur les autres et demander à l'Etat d'apprendre à réduire son train de vie. Tout simplement.

P.A.F.


L'HÔTELLERIE n° 2579 Hebdo 17 septembre 1998

L'Application du journal L'Hôtellerie Restauration
Articles les plus lus...
 1.
 2.
 3.
 4.
 5.
Le journal L'Hôtellerie Restauration

Le magazine L'Hôtellerie Restauration