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Vigilance

Le rapport Malinvaud a redonné quelques espoirs aux chefs d'entreprises qui, depuis des années, dénoncent le niveau trop élevé des charges salariales qu'ils accusent de freiner la création d'emplois et de favoriser la délocalisation industrielle. Une analyse que ne voulaient pas partager les instances au pouvoir et que réfutaient haut et fort les syndicats salariés en qualifiant de «cadeau au capitalisme» tout projet d'allégement de charges. On comprend dès lors qu'à la divulgation des conclusions du rapport Malinvaud, qui justement prônait un allégement des cotisations patronales sur les bas salaires pour favoriser l'emploi, le patronat exprime sa satisfaction.

Mais la partie est-elle gagnée pour autant ? De toute évidence non et les instances patronales feraient bien de faire preuve d'une grande vigilance sur la manière dont sera traité ce dossier par le gouvernement. Il y aura tout lieu de se garder de considérations idéologiques car derrière cette annonce de baisse possible des charges sur les bas salaires, se profile de plus en plus un projet de progressivité des cotisations qui impliquerait un relèvement pour les salaires au dessus de 13.500 F brut par mois.

Un choix qui pénaliserait considérablement les entreprises qui ont investi dans la formation, qui ont un personnel qualifié, compétent, qui justement permet une productivité suffisante pour accorder de bons niveaux de salaires. Ce «déplacement» de charges aurait rapidement des conséquences graves sur les entreprises qui très vite, pour maintenir un niveau de charges raisonnable, se verraient dans l'obligation de ne recruter que du personnel incompétent et d'empêcher toute progression de carrière et de salaires !

Alors que l'hôtellerie-restauration rencontre de plus en plus de difficultés à recruter et à fidéliser un personnel de qualité, on peut se demander qui, demain, dans de telles conditions, acceptera de travailler dans ce secteur ? On peut imaginer que les plus compétents auront rapidement trouvé un emploi hors de France où les entreprises du secteur ne demandent pas mieux que de recruter du personnel français.

Les instances syndicales devront donc refuser de voir les régimes sociaux assumer un rôle en matière de redistribution des revenus. La baisse des charges sur les bas salaires ne doit pas être payée par les salariés dont le niveau de salaire est plus élevé, mais elle doit être compensée par les charges supplémentaires perçues du fait des créations d'emplois et par des économies de gestion sur les dépenses publiques.

P.A.F.


L'HÔTELLERIE n° 2575 Hebdo 20 Août 1998

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