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23 établissements en 1970, 9 aujourd'hui

Luz-Saint-Sauveur sur la mauvaise pente

L'hôtellerie de Luz-Saint-Sauveur, station touristique située dans l'une des plus belles vallées pyrénéennes, est en crise. Son représentant local lance un appel.

La commune de Paul Lesterle, propriétaire de l'hôtel Touristic et professeur à l'école hôtelière de Lourdes (25 heures par semaine), occupe une situation privilégiée, dans une des plus belles (si ce n'est la plus belle) vallées pyrénéennes, au dessus de Lourdes, à quelques kilomètres de Barèges, au pied du col du Tourmalet. Elle donne sur le cirque de Gavarnie et le Parc national des Pyrénées. Or cette vallée, qui reçoit été comme hiver des dizaines de milliers de sportifs et amoureux de la montagne, perd ses hôtels. Luz en comptait 23 en 1970, il en reste 9, et Paul Lesterle, qui les représente au syndicat départemental depuis trente ans, n'en voit plus que 6 ou 7 d'ici trois ans. «La situation se dégrade chaque année et mon hôtel tient car j'ai un second métier». Cauterets, située dans une vallée voisine, souffre autant : «Ils avaient 75 hôtels il y a trente ans, il en reste 24. C'est la même chose dans les autres vallées». Dans le même temps, le nombre de campings situés à Luz-Saint-Sauveur est passé de 1 à 12 et le nombre d'appartements de 60 à plus de 600.

A quand des chèques-hôtels ?

Paul Lesterle conseille aux jeunes de ne pas investir localement dans la profession, «à moins d'avoir envie de tirer la langue 17 h par jour pour gagner le Smic. J'ai construit en 1970 et quatre ans après, j'étais déjà obligé d'aller travailler chez les autres afin de pouvoir rembourser mes emprunts, ce qui m'a permis de garder l'hôtel». Ce dernier est ouvert 110 jours par an et n'est complet que 56 jours. Il vient de redescendre d'une étoile (de 3 à 2) «pour rassurer les clients, beaucoup croyant les hôtels onéreux. Rien n'est plus faux puisqu'on trouve des pensions complètes à Luz à 170 F tout compris». Le prix moyen des chambres du Touristic est ainsi passé à 200 F, et le prix moyen du repas s'établit à 85 F. «Les clients grattent sur tout. Sur une moyenne de 20 chambres occupées en été, on compte 6 demi-pensions et 50% de petits déjeuners, les clients préférant aller les prendre ailleurs. Alors cette année, on va faire le petit déjeuner à la carte : le café 6 F, le croissant 6 F, etc. On verra».
Paul Lesterle a plusieurs fois transformé le restaurant en self, en grill, en restaurant traditionnel. «J'ai un client qui vient depuis vingt ans et la première chose qu'il fait en arrivant consiste à demander : «comment on mange cette année ?». Pour tenter d'attirer davantage de clients au restaurant (35 couverts à midi, 6 à 8 le soir), Paul Lesterle va le doter d'une entrée indépendante de l'hôtel. Dans ce contexte, il appelle les pouvoirs publics à lancer des chèques-hôtels (sur le modèle des chèques-vacances), à permettre aux hôteliers de bénéficier de prêts à taux réduits, et à taxer la location : «Nos métiers sont capables de créer beaucoup d'emplois mais encore faut-il qu'on leur en donne les moyens car à notre niveau, je ne vois pas ce qu'on pourrait faire de plus».

AMP


Paul Lesterle, responsable de l'hôtellerie luzéenne : «Il y a de moins en moins d'hôtels et ceux qui restent travaillent de moins en moins».


L'HÔTELLERIE n° 2571 Hebdo 23 Juillet 1998

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