Parce que la couleur de leur peau n'est pas blanche
ou parce ce sont des jeunes filles, certaines entreprises hôtelières refusent
systématiquement de prendre ces stagiaires et choisissent des jeunes correspondant à
leur image. Une réalité trop souvent répétitive que dénonce le Lycée hôtelier
parisien Jean Drouant ayant fait l'objet de ce type de refus. Le collectif d'enseignants
contre le racisme et l'exclusion de l'école hôtelière a pris le parti de défendre les
valeurs fondamentales humaines et
de manifester son attachement à la déclaration des droits de l'homme et du citoyen
reprise dans la constitution française en adressant un courrier au Rectorat de Paris.
«Au Lycée technique hôtelier Jean Drouant, nous formons des jeunes aux différents
métiers du secteur de l'hôtellerie-restauration et les préparons à des diplômes qui
vont du BEP au BTS en passant par le Bac technologique hôtelier, rappelle les
enseignants. Dans le cadre de la préparation de ces diplômes, les élèves doivent
effectuer des stages dans des entreprises hôtelières. Or, bien que le législateur ait
prévu un cadre restrictif - et c'est tant mieux - face aux dérives racistes, xénophobes
et sexistes des employeurs, certains refusent toujours d'accepter des stagiaires de
couleur et des jeunes filles en invoquant bien entendu de fausses raisons pour éliminer
des stagiaires motivés. Nous constatons que les élèves qui ont vécu ces situations de
refus sont déstabilisés psychologiquement : ils se sentent exclus.»
A ce titre, le collectif des enseignants a souhaité faire appel au Rectorat afin que
celui-ci rappelle les valeurs humanistes imposées dans notre pays. Le lycée estime que
les hôtels et les restaurants où règnent ces discriminations ne sont pas des lieux de
formation pour adolescents et menace de ne pas continuer à travailler avec ces
entreprises si de telles pratiques persistent.
L'HÔTELLERIE n° 2570 Hebdo 16 Juillet 1998