Le Premier ministre se donnera-t-il vraiment les moyens de tenir les promesses qu'il fait dans ses discours ? Intention louable que celle de vouloir encourager la croissance mais dans quel esprit ? La taxation de l'outil de travail est aujourd'hui une menace lourde qui inquiète tout particulièrement les hôteliers qui reprenaient pourtant espoir depuis quelques mois. Taxation de l'outil de travail, loi sur la réduction du temps de travail et risque de voir le taux de TVA sur l'hébergement augmenter sont autant de perspectives qui ne peuvent que décourager les entrepreneurs du secteur. Un découragement qui aurait des effets désastreux sur le tourisme à très court terme.
En effet, depuis plusieurs années maintenant, les investissements n'ont pu se faire, les hôteliers rencontrant trop de difficultés pour assumer les remboursements des emprunts contractés à des taux trop élevés. Aujourd'hui, après de gros efforts de gestion, ils connaissent des résultats encourageants qui vont leur permettre, enfin, d'envisager de nouveaux investissements afin de moderniser, d'améliorer leur outil de travail très fatigué par plusieurs années d'économies drastiques. Les menaces qui pèsent sur eux en matière d'augmentation de charges fiscales et sociales risquent d'anéantir l'enthousiasme avec lequel ils commencent aujourd'hui à faire ces projets de rénovation ! Des projets, pourtant, dont profite directement l'économie puisqu'ils permettent à tous les fournisseurs d'améliorer leur activité et à l'hôtellerie d'offrir un produit plus attrayant, mieux positionné sur le marché international.
Les investissements ne se feront pas à la légère. Par excès d'optimisme dans les années 80, les hôteliers, qui ont investi, ont payé trop cher la confiance qu'ils ont eue dans la conjoncture. Certains ont tout perdu, ils ne sont plus là, mais ceux qui restent savent qu'ils ont frôlé dans bien des cas la catastrophe. Aujourd'hui, ils sont plus pragmatiques et savent qu'il ne faut plus investir sans avoir la certitude de rentabiliser ses investissements. Autant dire qu'avec autant de menaces, les hôteliers français sont méfiants. Si le Premier ministre leur en demande trop, il risque d'appauvrir un secteur essentiel à l'économie française !
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2569 Hebdo 9 Juillet 1998
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