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Les fonds profilés méritent-ils leur succès ?

Investir sur les marchés financiers est tentant mais jusqu'à présent, il fallait soit disposer d'un minimum de temps et de connaissances pour gérer son portefeuille seul, soit posséder des avoirs importants pour pouvoir déléguer leur gestion à un professionnel. Aujourd'hui, les fonds profilés permettent de bénéficier d'une gestion personnalisée même si le montant investi est réduit. En 1997, plus de 28 milliards de francs ont été souscrits dans ces nouveaux fonds d'investissement. Méritent-ils ce succès ?

Depuis un an, le nombre des fonds profilés ne cesse de croître. Vous avez aujourd'hui le choix entre 70 fonds profilés qui prennent l'aspect juridique soit d'une Sicav ou d'un FCP, soit d'un contrat d'assurance-vie multi-supports.

Un produit a priori simple

Ce succès s'explique surtout par la simplicité apparente du produit. La souscription d'un fonds profilé permet en effet, à un épargnant disposant de moyens limités de déléguer la gestion de son épargne à un professionnel des marchés financiers.

Mais contrairement à une gestion sous mandat qui est effectivement personnalisée, dans le cas de fonds profilés, le souscripteur doit choisir entre 3 grands types de gestion : prudente, équilibrée ou dynamique. Le profil prudent est sensé s'adresser aux épargnants souhaitant valoriser leur capital en prenant le minimum de risques. Le profil équilibré est destiné à ceux qui souhaitent une revalorisation plus substantielle de leur épargne mais au prix d'un risque tout de même limité. Et l'option dynamique doit être choisie par les épargnants espérant des plus-values conséquentes mais au prix d'une prise de risque élevée.

Des notions de profil fort différentes

Mais cette simplicité est apparente, car à partir de ces 3 modes de gestion, les établissements ont multiplié les cas de figure. Et surtout, chaque établissement a donné sa propre définition de la notion de risque selon la clientèle qu'il voulait séduire. C'est ainsi que l'on a pu constater que le profil «Equilibré» proposé par tel établissement bancaire correspondait au profil «Dynamique» de tel autre établissement. D'ailleurs la société Europerformance a refusé de classer ces fonds selon le niveau de risque annoncé. Elle a préféré les classer en fonction de la répartition effective du portefeuille entre produits monétaires, obligations et actions et le type de gestion effectivement pratiqué.

Ces différences de définition expliquent la diversité des résultats. Le «profil prudence» le moins performant annonce un rendement de 2,4% pour 1997 alors que le plus performant affiche 16,33%. Rien d'étonnant si on étudie les investissements opérés : pour le premier, l'actif n'est composé que de placements à court terme du type Sicav monétaires alors que le second produit détient 37,5% d'actions. Un pourcentage qui a permis d'afficher un rendement élevé en 97 parce que les marchés financiers se sont bien tenus mais que se serait-il passé en cas de retournement brutal des marchés ?

Comment choisir ?

Avant de souscrire, il ne faut donc pas se contenter de prendre en considération le nom donné au produit. Il faut essentiellement s'attacher à l'étude de la composition du portefeuille. Et ensuite se demander si le produit choisi ne va pas faire double emploi avec ses autres placements.

Par exemple, si le fonds sécurité proposé est majoritairement investi en placements à court terme, sachez qu'il n'offrira pas de meilleurs résultats que des Sicav monétaires achetées en direct mais qu'en revanche, les frais pris seront plus importants.

De même, un fonds investi majoritairement en produits court terme et en obligations (c'est en règle générale un profil équilibré) ne fera pas mieux que votre contrat d'assurance-vie en francs.

En fait, ces fonds s'adressent surtout à ceux d'entre vous qui souhaitent investir sur l'ensemble des marchés mondiaux mais qui d'une part, n'ont ni le temps, ni les connaissances pour le faire et d'autre part, n'ont pas les moyens financiers de s'offrir une gestion sous mandat. Investir dans un profil dynamique constituera de plus pour eux un bon moyen d'apprendre à gérer un portefeuille car la majorité des établissements commercialisant de tels placements s'engagent à adresser à leurs clients des informations régulières sur la stratégie d'investissement suivie par leurs gestionnaires. Un apprentissage qui se fera au prix d'une prise de risque plus ou moins élevée et qu'il ne faut pas oublier. Donc attention à limiter son investissement à l'épargne que l'on peut jouer en Bourse.

Marie-Claude Barbier

 

Une fiscalité avantageuse

Le durcissement de la fiscalité explique également l'engouement des Français pour les fonds profilés. En effet, les arbitrages effectués à l'intérieur du fonds par le gestionnaire ne sont pas comptabilisés comme des cessions et les plus- values potentielles alors enregistrées ne sont pas imposées.

En revanche, la plus-value dégagée lors de la vente définitive des parts de fonds sont imposables dès le premier franc.


L'HÔTELLERIE n° 2557 Hebdo 16 Avril 1998

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