Restauration
McDo à Gap
Les restaurateurs et les écologistes font de la résistance
McDonald's s'installe à Gap. L'enseigne met un premier pied dans
les Hautes-Alpes. Alors que le maire vient de signer le permis de construire du futur
restaurant, une alliance inattendue vient contester sa décision : le conseiller
écologiste de la ville s'est rallié aux restaurateurs locaux pour empêcher cette
arrivée.
Après cinq ans de patience McDonald's s'installe à Gap (Hautes-Alpes). Le maire vient
de signer le permis de construire déposé en janvier par la SCI les Marronniers, dans le
quartier du même nom, pour le compte de McDonald's. Investissement prévu : environ 7 MF.
"McDonald's correspond à l'attente d'une partie de la population",
souligne Christian Graglia, conseiller municipal. Aussi, rares sont ceux qui ont encore
des états d'âme ou des positions de principe, parmi les acteurs politiques du jeu local,
hormis l'unique conseiller écologiste, Patrick Marsauche, qui récuse au nom d'une
certaine éthique, les valeurs que cristallise le sandwich yankee. Il se voit soutenu,
dans une alliance inattendue, par le président de la Fédération départementale des
hôteliers restaurateurs, André Rolland. Un recours contre le permis de construire
pourrait ainsi être déposé très rapidement.
"Notre ville est saturée"
L'arrivée de la chaîne de restauration rapide s'était déjà, dans le passé,
heurtée à la résistance haute-alpine pour des raisons technique, politique ou
commerciale. Le premier projet d'implantation s'était d'abord porté au Nord de la ville,
sur un terrain de Décathlon qui s'est finalement avéré trop exigu. McDonald's a alors
engagé des tractations avec un nouvel interlocuteur, Raphaël Savariello, promoteur
local, disposant d'un terrain d'environ trois hectares dans le quartier Sud, sur la route
de Marseille. Un choix qui s'est avéré positif : le restaurant en occupera 2.200 m2. Le
reste fera l'objet d'une occupation mixte : parkings, logements, bureaux et commerces sur
environ 5.000 m2. Le maire UDF, Pierre Bernard Reymond voit dans ce projet un triple
avantage : le financement par l'aménageur d'un carrefour que la sécurité dans le
quartier rend nécessaire, le rééquilibrage urbain avec le développement d'un nouveau
pôle commercial et l'accueil de grandes enseignes, dont McDonald's ouvre la voie, sont
susceptibles de donner une nouvelle dynamique au Sud de la ville.
Une vision municipale positive que contestent certains commerçants du centre-ville qui
ont déclaré la guerre au projet. "Notre ville est saturée en surfaces
commerciales avec des taux supérieurs à la moyenne nationale", dénonce Alain
Anglès, président du Syndicat des cafetiers et restaurateurs. Nombre de commerçants,
conscients de l'image positive que porte McDonald's, souhaiteraient plutôt voir
l'enseigne s'installer dans le coeur de ville, permettant d'enrayer la fuite commerciale
vers le Nord de la commune et ses 50.000 m2 de grandes surfaces (Zone Tokoro).
AMP
L'HÔTELLERIE n° 2557 Hebdo 16 Avril 1998
