Editorial
Idées fausses
C'est une tendance regrettable : quand les affaires ne marchent plus aussi bien
qu'on le souhaite, on se persuade que la responsabilité en incombe aux autres. Et de
présenter une liste de responsables au gré des circonstances : un concurrent qui en
s'installant ou en rénovant aurait «déstabilisé» déloyalement le marché, le poids
des charges, l'évolution des moeurs, la TVA ou la réglementation sociale. Et de se
morfondre pour certains, de militer pour d'autres, pour que l'Etat mette enfin bon ordre
à ces abus, on verrait du meilleur oeil la protection des enseignes grâce à des
interdictions d'implantation à proximité de son établissement sans pour autant
s'interdire de défendre, pour soi, la liberté d'entreprendre. A l'opposé, quand les
affaires marchent bien, voire très bien (ça arrive heureusement) on en déduit que l'on
est un chef d'entreprise compétent, un bon gestionnaire, parfaitement en phase avec son
marché. Et l'on a raison parce que l'on a été à même de faire face à la concurrence
dans les meilleures conditions, on s'est senti stimulé par les rénovations entreprises
par les autres dans la mesure où elles ont amélioré l'image du quartier et attiré une
nouvelle clientèle dont on bénéficie, parce que l'évolution des moeurs a permis de
diversifier l'offre, d'avoir davantage d'atouts pour satisfaire la clientèle. Bien sûr,
on se plaît à rêver d'une TVA moins forte, de charges sociales plus légères qui
permettraient de reconstituer ses marges bien plus vite mais on ne focalise pas sur ces
problèmes et l'on cherche encore et toujours à évoluer, à faire avancer ses équipes,
à trouver une nouvelle clientèle et à toujours avoir un produit performant.
Ce n'est qu'en se remettant en cause chaque jour, en étant très attentif aux besoins
de la clientèle que l'on peut aujourd'hui survivre. Penser que ce qui plaisait hier doit
plaire aujourd'hui est une grave erreur, les clients changent et le produit doit évoluer
pour plaire. Penser que son échec est de la responsabilité des autres, c'est se
préparer à ne jamais s'en remettre, c'est aller droit dans le mur à grande vitesse.
Réussir est à la portée de tous ceux qui, talentueux, professionnels, cherchent à
satisfaire leurs clients avec une prestation de qualité, dans une ambiance chaleureuse à
un prix compatible avec le marché et bien sûr, avec des investissements à leur mesure.
Réussir est à la portée de ceux qui prennent du plaisir à faire plaisir à leurs
clients et qui entraînent leur personnel dans cette ambiance.
PAF
L'HÔTELLERIE n° 2557 Hebdo 16 Avril 1998