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Fernand Mischler, président des Maîtres Cuisiniers de France

A propos de la création du Groupe des 8

"Ils ont découvert l'Amérique"

C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai pris connaissance dans L'hôtellerie du 19 mars dernier à la suite de la plupart des grands quotidiens nationaux qui ont également relaté l'événement mais avec moins de détails, de la création du Groupe des 8, le "G8", comme il est déjà baptisé.

"Nos collègues se revendiquent d'une certaine philosophie de la cuisine qui leur serait propre tout en s'inscrivant dans la continuité de l'initiative prise il y a bientôt trente ans par Paul Bocuse et ses amis de la grande cuisine française.

Réuni par une forte amitié et l'amour du métier, le Groupe des 8 est composé de chefs talentueux, une véritable constellation d'étoiles distinguées par Michelin.

Partant du principe que toute action en faveur de la cuisine française est bienvenue, je ne puis que me féliciter de cette initiative, d'autant plus que la charte en 5 points dont s'est dotée la nouvelle association ne peut, à défaut d'être vraiment innovante, que rallier les suffrages de tous les cuisiniers de France et de Navarre.

Les propos tenus par Alain Passard, Michel Troigros, Pierre Gagnaire sont dignes d'estime et le président Marc Veyrat réclame un légitime "droit d'exister", tout en esquivant une question insidieuse sur les intentions "révolutionnaires" du G8, avec une formule unitaire "la cuisine française doit être une grande famille où toute polémique est interdite."

Dommage que dans ce concert de bon sens et d'objectivité, apparaisse tout de même l'inévitable fausse note de la réaction pure et dure, impliquant que toute idée nouvelle prend ses distances avec ce qui est en place, taxé d'inertie et d'inanité.

Pour Jacques Chibois, l'un des membres du G8, "à l'heure actuelle dans les unions ou associations de cuisiniers ou de restaurateurs, rien ou presque ne se fait et il manque trop souvent cette fraternité qui me semble indispensable."

Je connais Jacques Chibois, sa gentillesse, son savoir-faire, en font un professionnel de haut niveau. Je regrette d'autant qu'il décroche d'inutiles pichenettes à ces associations "où rien ou presque ne se fait"!

Sans doute que notre collègue, tout occupé à gérer son affaire et à défendre sa cuisine, n'a pas le temps de prendre connaissance du travail effectif des associations, dont L'Hôtellerie se fait régulièrement l'écho. Sinon il saurait que sur propositions de Paul Bocuse (cité en exemple par le G8) et Pierre Troigros, a été créée il y a deux ans, l'UFCT (Union Française de la Cuisine et de la Table), une structure informelle qui a le grand mérite de réunir à la fois les organisations professionnelles et les associations de cuisiniers et dont la seule raison d'être est de pousser dans le même sens les grands dossiers professionnels.

Faut-il rappeler également à nos collègues, qu'une association comme Eurotoques a contribué à la pérennité des fromages français au lait cru, que les Maîtres Cuisiniers de France et l'Association des restaurateurs de métiers des provinces de France se battent pour l'adhésion des cuisiniers aux Chambres des métiers et la reconnaissance du statut d'artisan, (à cet égard, une demande officielle signée par la totalité des organisations professionnelles et des associations membres de l'UFCT a été adressée aux quatre ministères ayant un avis à donner), que les Maîtres Cuisiniers de France encore ont initié "le parcours du professionnalisme", véritable filière professionnelle du métier de cuisinier, à présent développé par la FNIH et la Confédération, que toutes les associations soutiennent les organisations professionnelles pour l'abaissement du taux de la TVA, la fiscalisation des charges sociales et la récupération de la TVA sur les repas d'affaires et qu'elles organisent enfin dans le monde entier la promotion de la gastronomie française.

La sauvegarde du métier passe obligatoirement par la résolution de tous ces problèmes et c'est précisément le rôle le l'UFCT de faire avancer les dossiers tout en sauvegardant l'identité, les prérogatives, "le droit d'exister" en quelque sorte cher Marc Veyrat, de chacune de ses composantes.

Nos huit collègues ont eu la révélation, un jour de mars et les voilà animés des meilleures intentions.

Peu importe qu'ils découvrent l'Amérique tardivement, les "Indiens" qui occupent le terrain sont prêts à les accueillir, à vivre et à progresser avec eux, tout en respectant leur culture et leurs traditions. Nul n'est besoin de se marcher sur les pieds, le pays est si grand et si beau qu'il y a de la place pour tout le monde.

A bon entendeur, salut !"

Fernand Mischler



L'HÔTELLERIE n° 2556 Hebdo 9 Avril 1998

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