L'Hôtellerie :
C'est le premier congrès que vous organisez en tant que président. Quels sont les
messages que vous comptez faire passer à vos adhérents ?
Roland Magne :
"Le slogan, cette année, sera "l'espoir pour des indépendants tournés vers
l'avenir". J'ai passé une grande partie de l'année dernière sur le terrain à
écouter les professionnels, à essayer de comprendre ce qu'ils attendaient de moi, du
syndicalisme. Vous savez, j'ai rencontré des gens extraordinaires qui aiment vraiment
leur métier mais il est très difficile d'avancer quand on croule sous les charges.
Prenez l'exemple des horaires, bien sûr qu'il faut diminuer les horaires, mais pour
pouvoir embaucher, il faut une défiscalisation appropriée. Si on évoque les cafetiers,
croyez-vous qu'on puisse véritablement construire l'avenir à partir d'un Code dont
certains articles ont été signés par le gouvernement de Vichy ? Il faut aujourd'hui
faire sortir la profession de l'impasse. Les gens sont prêts à se battre mais il faut
leur montrer la voie. Dans cet esprit, je ne veux plus qu'on assiste à des réunions où
les congressistes repartent avec un sac vide. A Clermont-Ferrand, nous allons être
concrets et apporter des réponses à des problèmes précis. Nous allons aborder, entre
autres, les nuisances sonores avec les cafetiers et les discothèques, le coût de la
musique et de la télévision avec les hôteliers. En ce qui concerne les restaurateurs,
j'ai pris la décision de réunir l'ensemble des représentants de la restauration
française pour un tour de table qui devrait nous permettre de voir si on est capable
d'aboutir à un consensus général. Ce qui ressortira des débats sera présenté à
Madame le ministre, Madame Lebranchu, le lendemain."
L'Hôtellerie :
Quel est, selon vous, le rôle d'un syndicat professionnel ? Comment voyez-vous le
professionnel adhérent ? Comment se porte la Confédération ?
R. M. :
"Vous savez, il faut arrêter d'agir par petits comités à droite et à gauche. Nous
devons apprendre à travailler ensemble. Mon rôle, je crois, est de remettre les troupes
en route, de faire en sorte que les indépendants construisent ensemble l'avenir du
secteur. La difficulté, chez nous, c'est la diversité de la base. Dès lors, l'objectif
du syndicat est de former une force professionnelle à partir de cette diversité,
d'unifier. Quel est le professionnel adhérent ? C'est celui qui a conscience que tout
seul et isolé, il ne peut plus rien faire. Dans notre société, nous ne pouvons plus
rester seuls dans notre coin et pour de multiples raisons. Au travers des crédits, des
formations... Si les discothèques veulent retrouver une identité nationale, c'est
seulement ensemble et réunies qu'elles pourront y parvenir. Comment se porte la
Confédération ? Je peux vous dire qu'elle va bien et je suis heureux d'être à sa
tête. Nous représentons 28.000 entreprises, 46 départements. Nous avons un nouveau
syndicat qui se monte actuellement à Cannes. Cela montre que la profession a compris ce
qu'était un indépendant et notre dynamisme, non ?"
L'Hôtellerie :
Comment voyez-vous l'évolution du dossier de la TVA en restauration ?
R. M. :
"Pour faire de la restauration, il faut y croire. Quand je vois des gens qui se
décarcassent, qui donnent le meilleur d'eux-même, j'ai du mal à comprendre. Avons-nous
vraiment mérité une TVA à 20,6 ? Il est anormal, parce qu'on embauche du personnel, de
payer plus de TVA. C'est pourtant ce qui nous arrive. Pour moi, ce dossier ne peut se
décanter qu'au niveau européen. Mais cela va dépendre de nos hommes politiques. Je ne
pense pas, malheureusement, qu'on ait des ministres suffisamment intelligents pour obtenir
d'eux des réunions dans lesquelles notre problème soit véritablement pris en compte. Et
pourtant, si on ne fait rien, à terme, la bonne restauration est appelée à
disparaître. C'est inacceptable."
L'Hôtellerie :
Comment comptez-vous gérer l'image de marque de l'hôtellerie française, très
décriée à l'étranger par ses prix que l'on dit prohibitifs pendant la Coupe du Monde ?
R. M. :
"Il n'y a que dix villes qui reçoivent la Coupe du Monde et nous avons en France
36.000 communes. Même si certains dérapages de prix ont été relevés dans quelques
hôtels situés dans ces dix villes d'accueil, je tiens à vous dire que nous nous
élevons avec vigueur contre la campagne de presse tendant à laisser entendre que cette
dérive est une pratique généralisée dans la profession hôtelière. Il est à
déplorer d'ailleurs que Mondiresa ait cru bon d'inciter les professionnels à majorer
leurs tarifs de 20 à 25%. La France qui accueille le Monde, ce sont 160.000 entreprises
cafés, hôtels, restaurants indépendants dont 20.000 hôtels de tourisme aux prix
restés sages et non quelques hôteliers qui pratiqueraient des augmentations de prix
exagérées."
L'Hôtellerie :
La contrepartie à la signature de la convention collective devait être, pour les
entreprises des CHR, une exonération des charges sur les avantages en nature nourriture.
Rien n'arrive alors que nous sommes à la fin du mois de mars. Quelle est la position de
la CFHRCD sur ce dossier ?
R. M. :
"Je tiens à vous rappeler que nous n'avons pas signé mais seulement adhéré à
cette convention... Nous ne sommes pas du tout contents de la tournure que prennent les
choses. Qu'est-ce que le gouvernement attend ? Pourquoi nous dit-il tous les mois que ça
va sortir le mois prochain ?"
L'Hôtellerie :
Comptez-vous avoir des actions particulières pour lutter contre le paracommercialisme
?
R. M. :
"Notre position est claire : à prestations égales, charges égales. Une association
qui fait des prestations identiques aux nôtres doit avoir les mêmes charges. Ce qui me
paraît logique. Mais j'attends de voir M. Radelet pour déterminer quelles sont les
actions à mettre en place à court terme.»
«Mon rôle, je crois, est de faire en sorte que les indépendants contruisent
ensemble l'avenir du secteur.»
Programme du congrèsLundi 30 mars * Assemblée générale en présence du Préfet, du président de la CCI et du président la Chambre des métiers. Intervention du maire de Clermont-Ferrand. * Réunions des groupements : les hôteliers et la démarche qualité, les saisonnier Sacem et droit du travail, les restaurateurs et la restauration traditionnelle artisanale, les cafetiers et le permis pour la licence, les discothèques et la reconnaissance de leur activité. * Thèmes des tables rondes de l'après-midi : l'euro par la CCIP, l'assurance par la CCIP, la transmission d'entreprises et protection sociale par les caisses de retraites CGIS, CIRCO et RIPS. L'organisation du tourisme en France. Internet : la mondialisation, les avantages et ses inconvénients. Mardi 31 mars * Débats : Des nuisances sonores aux fermetures administratives. Le coût de la musique et de la télévision pour les saisonniers. La reconnaissance de la profession pour les restaurateurs. * L'assemblée de clôture se fera en présence de Madame le ministre Lebranchu. |
L'HÔTELLERIE n° 2554 Hebdo 26 mars 1998