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Pour lutter contre le paracommercialisme

«Réveillons Hôtellerie-Liberté»

Maurice Peregrini, hôtelier-restaurateur à Roquebrune Cap Martin, est aujourd'hui las de lutter sans succès sur le plan local contre le paracommercialisme. Conscient de tous les efforts qui sont faits par d'autres professionnels sans plus de succès, il en appelle à tous ceux qui ont versé une participation pour la constitution «d'Hôtellerie-Liberté».

«Nous ne cessons de nous battre sur le plan local contre le paracommercialisme mais nous sommes ficelés, les pressions sont trop nombreuses, nous ne pouvons pas aboutir convenablement», explique d'emblée Maurice Peregrini. Pour cet hôtelier, la concurrence déloyale doit être un sujet traité au fur et à mesure des plaintes locales, au niveau national avec des moyens financiers et techniques importants. «C'est une situation qui est encore plus discriminatoire pour les petits établissements indépendants. Parce que nos capacités ne nous permettent pas d'avoir des équipes autour de nous, nous sommes obligés de rester dans nos établissements, nous devons tout faire, tout repose sur nous. Il m'est impossible de m'absenter un jour ou deux pour rencontrer d'autres professionnels au niveau national, il faut que tous les professionnels se donnent les moyens de réunir leurs forces pour que, cas par cas, les problèmes se règlent».

La situation à quelques kilomètres de Menton est significative. Des caisses de retraite, des mutuelles, ont beaucoup investi ces dernières années en achetant d'anciens hôtels et en les rénovant, offrant ainsi à leurs sociétaires, des prestations de haut niveau. «Ces clients venaient dans nos hôtels pour une à deux semaines de vacances, maintenant ils ne viennent plus chez nous et pour le même prix, passent 3 à 4 semaines dans ces établissements». Pour Maurice Peregrini, c'est une réalité à intégrer en terme de concurrence et constate, «nous ne pouvons pas nous battre sur cette situation qui, même si elle diminue notre potentiel de clientèle, est légale.» Par contre, ce qu'il dénonce, c'est la dérive de certains établissements. «Voici quelque temps maintenant, devant la faible fréquentation de leurs établissements à certaines périodes, ils se sont ouverts à une autre clientèle. Dans un premier temps, des accords entre organismes différents ont permis aux sociétaires d'avoir accès à une gamme plus large de résidences et maintenant, ils se sont ouverts au public, quasiment en toute légalité puisqu'ils affichent 2 tarifs ; le plus bas pour leurs sociétaires et le plus haut pour le public.» Une différenciation tarifaire qui n'apaise pas l'inquiétude de Maurice Peregrini qui dénonce justement à ce niveau là une concurrence déloyale, il y a forcément vente à perte puisque les travaux, somptueux dans bien des cas, ont été pris en charge par les caisses de retraite. «C'est quasiment avec de l'argent public, en tout état de cause avec de l'argent dont la destination a été détournée, que l'on nous fait cette concurrence en rénovant ces établissements alors que nous, hôteliers-restaurateurs, nous n'avons pas les moyens d'en faire autant ! Incontestablement, pour le client, le rapport qualité/prix est toujours moins bon chez nous !» Une situation propre à la région bien sûr, en 10 ans, sur Menton, 800 chambres d'hôtels ont disparu, la plupart se sont transformées. Mais dans d'autres régions, les professionnels rencontrent d'autres formes de paracommercialisme.

«Le nerf de la guerre, c'est l'argent», prévient Maurice Peregrini, «et nous en avons, nous, hôteliers. Depuis 1985 à travers «l'Hôtellerie-Liberté», nous avons de l'argent qui dort ! Je déteste le gaspillage et suis quelque peu irrité de la manière dont cet argent est géré. Au 9 avril 1997, les fonds disponibles se montaient à 2.892.918 francs, je trouve que c'est bien peu quand on se souvient que nos cotisations s'élevaient à plus de 3 millions et qu'en juin 1997, nous avions un excédent de gestion de 2.432.659 francs. Même mal placé, voire très mal placé, cet argent en 10 ans a rapporté bien peu... 18% sur 10 ans, c'est une bien faible rentabilité annuelle. Comme nous n'avions jamais d'informations, à force de ne pas en parler, les hôteliers ont oublié. Je n'aime pas que l'on nous traite par dessus la jambe. Nous devons réagir et nous mobiliser. A titre personnel, hôtelier indépendant comme des centaines d'autres, j'ai versé 500 francs, je suis membre de cette association, et j'en appelle à tous les autres hôteliers comme moi pour que la base pousse nos instances nationales à se mobiliser. Cet argent pourrait servir à la liberté du travail, il ne sert à rien aujourd'hui, tout le monde sera d'accord pour qu'on l'utilise pour lutter contre le paracommercialisme. Que tous les hôteliers écrivent, pour soutenir une action, nous avons les moyens de confier ce dossier à un avocat compétent, nous devons être exigeants envers lui, envers nos instances syndicales et envers nous- mêmes si nous voulons survivre.» Un discours qui ne se veut en rien «revanchard» mais efficace. Autour de lui, de très nombreux professionnels pensent comme lui, il est certain que dans la France entière, la mobilisation peut se faire !

Ses coordonnées :

Fax : 04.93.28.88.50. http://www.imaginet.fr/vwestmins - E-mail : westmins@imaginet.fr

Les comptes

Au 9 avril 1997 : 2.892.918,81 francs

Entre 1988 et 1996 :

1.376.065,08 francs ont été dépensés (200.000 francs à titre d'une contribution à l'association ANDIHTA ; 575.750 francs pour une action de lobbying auprès des instances européennes, paiement des prestations d'un avocat ; 49.315 francs pour une étude juridique pour une éventuelle dissolution et 551.000 francs au titre d'une dotation à ACOTHEL.)


Qu'est-ce que «Hôtellerie-Liberté»

C'est une association créée le 17 juin 1987 loi de 1901 par la CFHRCD, la CNRH, la FAGIHT et la FNIH. Son président en est Jacques Thé, son trésorier Jean Blat, ses vice-présidents F. Brossard, R. Gaillot et
J. Jond ; son secrétaire Jean Bréville.

En septembre 1985, l'association avait 5.500 adhérents.

Les cotisations étaient :

- 200 F pour hôtels 1 étoile

- 500 F pour hôtels 2 étoiles

- 1.000 F au dessus.


Maurice Peregrini : «J'en appelle à tous les autres hôteliers comme moi pour que la base pousse nos instances nationales à se mobiliser.»


L'HÔTELLERIE n° 2553 Hebdo 19 mars 1998

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