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Bergerac

L'affaire du self

Polémique et agitation autour du restaurant de l'Associations des Oeuvres Laïques. Qui paye, combien ça coûte, et comment ça marche sont les questions, que se pose la Fédération départementale de l'hôtellerie.

Nul doute que Cyrano, qui n'a jamais mis les pieds à Bergerac, aurait adoré cette histoire. Un feuilleton politico-économique, mettant sur la scène élus locaux, fonds publics et syndicats professionnels, excitant la presse locale. Avec en bout de table des menus à bas prix, fort appréciés des autochtones, et de grosses interrogations venues des professionnels de la restauration connaissant, quant à eux, le prix des denrées.

"A 32,20 F le repas, en supportant toutes les charges, si cette entreprise y arrive, je veux bien aller me recycler.". La phrase est de Jean-Michel Garrigou, président de la FDIH de la Dordogne, et résume parfaitement le malaise ambiant, au point que le maire Daniel Garrigue, inquiet de la tournure des événements, consulte avocats et adversaires subodorant une possible affaire de détournements, d'après ses propres termes reproduits dans la presse locale.

Pour trouver l'origine de cette affaire, il faut retourner en 1994, époque à laquelle l'AOL (Ass. des Oeuvres Laïques) de Bergerac, achète un immeuble rue Neuve d'Argenson afin d'y ouvrir un nouveau self-service. L'association est alors présidée par Michel Manet, sénateur maire de la ville. L'AOL, fondée en 1931, régie par les lois de 1901, assurant pour la ville la quasi totalité de ses besoins en matière de restauration collective : gestionnaire de self, cantines scolaires, service traiteur pour les besoins spécifiques.

Affaire de sous

La situation est ambiguë dès le départ, à commencer par une transaction immobilière laissant apparaître des opérations successives entre les propriétaires de l'immeuble, la mairie puisqu'il s'agit d'une HLM, et ses acheteurs, puisque l'association est présidée par le premier magistrat de la commune. Les restaurateurs commencent à monter au créneau, inquiets de l'implantation en plein centre d'un self subventionné, donc très concurrentiel pour eux. Le président Garrigou évoque "une bombe amorcée par un paracommercialisme municipal". Car le nouveau self, représente une offre importante avec plus de 300 places contre 180 pour l'ancien, et surtout 140.000 repas annuels à bas prix. Tandis que l'AOL subit quelques bouleversements, changeant de président (Jacques Lamourane, puis Christophe Manet s'y succèdent), et d'activité, (elle est remplacée à la tête des cuisines centrales communales par la RHL), la mairie voit arriver un nouveau magistrat. En 1997, on commence à publier quelques comptes : l'AOL a investi 8 MF dans son nouveau self, grâce aux fonds qu'elle s'est constituée dans la gestion des cuisines centrales. Les termes de "trésor de guerre" sont prononcés, par le président Manet en personne, tandis que la FDIH recense les établissements qui auront à pâtir de l'implantation d'un restaurant servant au coeur de la ville des menus à 30 ou 40 F.

Aujourd'hui, les restaurateurs réclament à haute voix une transparence et une publication du montage financier, tandis que le maire en place envisage prudemment des poursuites judiciaires contre l'association qu'il soupçonne de "détournements de fonds publics".

Ouvert en janvier dernier, le self connaît un remplissage maximal, ce qui renforce l'inquiétude des restaurateurs. Une extension est prévue pour l'été prochain, avec la création d'une cafétéria. "Comment une association, qui est censée ne pas réaliser de bénéfices, peut-elle ainsi investir sur sa caisse des sommes qu'aucun d'entre nous ne pourrait mobiliser, sauf en recourant à l'emprunt ?", évoque-t-on au syndicat. Si aucune enquête officielle n'est ouverte à l'heure actuelle, le procureur de la République a néanmoins été consulté par la mairie.

AMP

Le président Garrigou évoque"une bombe amorcée par un paracommercialisme municipal".


L'HÔTELLERIE n° 2553 Hebdo 19 mars 1998

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