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TVA en restauration

Faut-il fermer boutique ?

Paul Benmussa, le célèbre restaurateur parisien, propriétaire de Chez Edgard, récidive et déclare haut et fort que si le taux de TVA ne diminue pas rapidement, il fermera son restaurant, comme beaucoup d'autres l'ont fait avant lui. Pour lui, cette situation ne peut plus durer à la veille du nouveau millénaire et de l'avènement de l'euro.

Paul Benmussa avait lancé le 23 janvier 97 (Cf. L'Hôtellerie n° 2494), un appel au gouvernement en faveur de la baisse du taux de TVA en restauration. Aujourd'hui, ni lui ni l'ensemble de la profession ne semblent avoir été entendus. Et le gouvernement n'a pas l'air décidé à bouger si l'on en croit les propos du propriétaire de Chez Edgard, l'une des tables parisiennes réputées pour sa clientèle majoritairement composée d'hommes politiques et de journalistes depuis trente ans. "Aux dernières nouvelles, le jour où la TVA en restauration baissera et deviendra unique, n'est pas encore arrivé", s'insurge le patron de Chez Edgard dénonçant l'attitude de Christian Sautter, secrétaire d'Etat au Budget.

"La réponse est claire, il l'a confirmé par courrier au président de la FNIH et ici même au cours d'un repas : le gouvernement dit non à la création d'un taux de TVA de 14% pour la restauration dans son ensemble sous prétexte que pour que l'opération soit blanche pour le budget, il faudrait aligner à 14% la vente à emporter donc la restauration rapide et la restauration collective. Et Christian Sautter refuse, sous prétexte que ce serait discriminant pour la clientèle jeune qui fréquente en majorité ces établissements." Des arguments qui scandalisent Paul Benmussa. "Le gouvernement ne prend pas en compte dans son analyse les créations d'emplois que susciterait une baisse de la TVA, pas plus que l'obligation d'arriver au plus vite à une harmonisation des taux de TVA avec l'avènement de la monnaie unique. Christian Sautter fait une réponse idéologique et dogmatique à un problème économique et financier, dénonce le restaurateur, il choisit dès lors de favoriser les fast-foods donc les groupes financiers qui n'offrent en matière d'emploi que des CDD plutôt que de soutenir ceux qui utilisent les produits français et qui embauchent, sur toute la France, des jeunes avec des CDI."

Pour lui, la situation est claire, après avoir réduit son personnel et l'ensemble de ses charges, dans la mesure où il continue à afficher des pertes, il préfère fermer boutique. "Je suis prêt à me faire hara-kiri si je n'arrive pas à convaincre le gouvernement de l'absolue nécessité de baisser la TVA. Entre payer toujours plus de charges et verser la TVA au Trésor, on ne s'en sort plus. Les établissements qui ont fait le succès de la restauration française déposent le bilan les uns après les autres, hier le Chiberta, qui sera le suivant ? Pour moi, c'est décidé, si je n'obtiens rien du gouvernement sur la TVA à 14%, je ferme pour louer ou vendre à des professionnels du textile mais en aucun cas à un autre restaurateur ou à un groupe de restauration !"

Aujourd'hui, il attend encore. Laurent Fabius lui a fixé un rendez-vous le 30 mars, certains restaurateurs l'ont contacté, l'idée d'une journée nationale des restaurants avec fermeture des établissements commence à germer. En attendant, on peut toujours réserver Chez Edgard, son patron laisse le temps aux politiques d'avant d'arrêter sa décision.

PAF

ON VOUS L'AVAIT BIEN DIT...

Médiatique, sympathique, convivial et restaurateur avisé, Paul Benmussa s'emporte et menace : si le gouvernement ne revoit pas sa position sur le taux de TVA en restauration, il fermera définitivement son célèbre "Edgard". Finis, les déjeuners entre Anne Sinclair et Robert Hue (c'est une hypothèse d'école, bien sûr), les apéros à la santé de Madelin ou de PPDA, les cigares échangés entre André Santini et Jean-Claude Narcy... Non, ce serait trop bête, tout ça pour une misérable dispute fiscale dont l'issue est déjà écrite. Nous n'y reviendrons pas, mais comme tous nos lecteurs le savent, et malgré l'immense plaisir que nous aurions éprouvé à annoncer une baisse de la TVA en restauration, c'est non, définitivement.

D'ailleurs, Christian Sautter, secrétaire d'Etat au Budget, l'a confirmé par écrit dans une lettre adressée au président de la FNIH qui en a averti Paul Benmussa. Dorénavant, tous les restaurateurs le savent aussi.

ALERTE

RUE DE GRAMONT

Tel est le nom de l'association qui vient d'être créée sous l'égide du SNRLH à Paris, présidé par P. Gauthier : Association pour Laisser Exister la Restauration Traditionnelle en Europe. Son siège est rue de Gramont et ses vice-présidents : Pierre Blanc, Jean-Paul Bucher, Didier Chenet et Patrick Derderian. Ils ont demandé à Paul Benmussa de prendre la présidence de l'association, à l'heure où nous mettons sous presse, il n'a pas encore donné sa réponse. De toute évidence, son "coup de colère" est mobilisateur et permet de réunir autour de lui des restaurateurs renommés pour leur esprit d'entreprise, leur dynamisme et leur capacité à créer des emplois !


L'HÔTELLERIE n° 2552 Hebdo 12 mars 1998

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