Jacques Maillot, président directeur général de Nouvelles Frontières (NF), n'a cette fois-ci rien pu y faire. Bien que son entreprise soit parvenue à séduire plus de 2,8 millions de clients (+11%) l'an dernier et que le chiffre d'affaires global ait progressé de 12,14% atteignant les 8,8 milliards de francs, le premier voyagiste français a bel et bien plongé dans le rouge pour la seconde fois de son histoire en 1997. Après un premier déficit observé il y a neuf ans, Nouvelles Frontières a effectivement enregistré une perte consolidée de 122 millions de francs au terme de son dernier exercice contre un bénéfice de 19 millions de francs en 1995-1996.
«Nous avons continué à subir durant une grande partie de notre exercice, les effets néfastes des tarifs suicidaires pratiqués sur les DOM-TOM en 1996 par la concurrence», a expliqué Jacques Maillot rappelant que ces destinations sont particulièrement importantes pour le groupe (560.000 clients sur les Antilles et 121.100 sur la Réunion). Et d'ajouter parallèlement, «NF a en outre beaucoup investi sur la desserte de nouvelles lignes notamment en Afrique de l'Ouest, aux Comores... Ces ouvertures ont généré des coûts conséquents qui ont été imputés dans leur intégralité sur cet exercice.»
Autant de charges supplémentaires, qui associées à des marges insuffisantes, ont évidemment pesé assez lourdement sur les résultats.
L'activité principale de Nouvelles Frontières, le tour-opérating, a ainsi perdu 122 millions de francs. L'aérien, avec la compagnie Corsair, a piqué du nez affichant une perte de quelque 20 millions de francs.
En revanche, les branches distribution et hôtellerie ont elles beaucoup mieux tiré leur épingle du jeu. Les 219 agences de voyages NF en France et à l'étranger ont de fait dégagé un bénéfice de 11 millions de francs. Quant à la chaîne hôtelière Paladien, actuellement composée de 19 établissements, elle a engrangé plus de 9 millions de francs.
A noter d'ailleurs que Jacques Maillot n'a pas encore dit son dernier mot dans le secteur de l'hôtellerie. Au cours de l'année 1998, Nouvelles Frontières va ainsi ouvrir deux nouveaux hôtels trois étoiles dont un premier à La Plagne-centre (comprenant 120 chambres) et un second à Ermioni en Grèce (150 chambres). A ce réseau devrait s'adjoindre d'ici la fin 1999 d'autres unités en Martinique (La Trinité) et à la Réunion (Les Villas du Lagon). Sans oublier que NF envisage aussi très sérieusement des implantations hôtelières à Malte, à Madagascar, à Saint-Domingue, en Sicile et en Turquie.
Un programme de développement ambitieux qui nécessitera sans aucun doute de lourds investissements. Avec une capacité d'autofinancement de 180 millions de francs, des fonds propres s'élevant à 540 millions de francs pour 780 millions d'endettement, Jacques Maillot ne se fait néanmoins guère de soucis pour l'avenir.
D'autant que le groupe affiche d'ores et déjà sur les trois premiers mois de l'exercice en cours, un résultat bénéficiaire de 24 millions de francs. Et mieux encore, prévoit un profit annuel de l'ordre de 120 à 150 millions de francs cette année.
Affirmant en outre avoir tout mis en oeuvre pour «restaurer les marges», Jacques Maillot estime en fait que sa société est fin prête pour aller sur le marché. «Nous n'avons pas de problème de financement. C'est par défi sportif que nous irons en Bourse», a souligné le P.-dg. L'introduction est prévue pour 1999.
C.C.
ccosson@lhotellerie-restauration.fr
Malgré les pertes enregistrées par son entreprise en 1997, Jacques Maillot, P.-dg de Nouvelles Frontières, est optimiste pour les années à venir.
L'HÔTELLERIE n° 2551 Hebdo 5 mars 1998
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