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Audace...

C'était la semaine dernière. A l'heure des croissants, sur France Inter, le nouveau président de la FNIH est invité à donner son point de vue sur la récente convention collective de la profession. Et la surprise fut grande, d'entendre André Daguin, avec l'accent chaleureux capable de mieux faire passer des positions tranchées, se déclarer en faveur des 32 heures sur 4 jours !

Nul ne déniera un sens aigu de l'évolution sociologique à quiconque se prononce en faveur de l'accroissement du temps de loisir de ses congénères, surtout lorsqu'on fait métier de leur proposer des services précisément lors de leurs moments de liberté. Certes. Mais la réalité de la profession est-elle véritablement mûre pour franchir un tel pas, alors que l'ensemble de la représentation patronale affiche haut et fort son hostilité au passage aux 35 heures, au plus tard en l'an 2002 pour les entreprises de moins de 20 salariés, qui composent la majorité des cafés hôtels restaurants ?

Le débat sur la réduction du temps de travail exige des analyses sérieuses et des convictions fortes. Il ne s'agit ni d'en faire une querelle idéologique ni de le transformer en phare de la nouvelle pensée économique. Rien ne serait plus dangereux que de considérer le passage aux 35 heures comme la panacée du mal ravageur du chômage, d'autant que les principaux spécialistes s'accordent pour évaluer l'effet de cette mesure sur les créations d'emploi de 200.000 à... 1 million ! Autant dire n'importe quoi lorsqu'on n'est pas capable, et pour cause, de chiffrer dans une fourchette de 1 à 5 l'impact d'une décision. Si les patrons géraient leur entreprise avec autant d'imprécision, que n'entendrait-on pas du côté des bureaucrates plus prompts à donner des leçons qu'à trouver des solutions ! D'ailleurs, on n'a jamais vu un économiste créer un emploi...

Pour en revenir aux propos d'André Daguin, ils révèlent une belle audace intellectuelle. En bon «trois quarts aile», il a pris tout le monde à contre-pied, tel un ballon de rugby incontrôlable au moment de toucher la pelouse... y compris pour le lanceur.

Alors que la convention collective vient d'entrer en application, fixant à 43 heures la durée du travail dans les CHR, et posant maints problèmes à de nombreuses entreprises, peut-être faudra-t-il du temps avant d'envisager des positions maximalistes.

Mais ce pavé dans la mare des relations sociales, souvent agitée ces derniers temps, aura au moins le mérite d'indiquer un axe de réflexion pour le futur. A condition que ce coup d'audace ne se transforme pas en un imprévisible boomerang...

L.H.



L'HÔTELLERIE n° 2546 Hebdo 29 janvier 1998

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