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Massif central

Les stations thermales se donnent les moyens

Face à la baisse régulière des curistes traditionnels, Thermauvergne, après avoir lancé les cures courtes qui commencent à porter leurs fruits, veut transformer les villes d'eau en lieux touristiques à part entière. Les explication de Jean-François Béraud, directeur de Thermauvergne.

Trop longtemps, les deux termes "thermal" et "tourisme" sont restés antinomiques. Les responsables des villes de curistes évitaient soigneusement toute image touristique dans la crainte que la sécurité sociale ne leurs coupent les vivres. L'image "santé", jouée à fond pendant des années, a suffit pendant très longtemps. Mais elle a fini par apporter une connotation négative, associant personnes âgées, lieux tristes et thermalisme. Et comme les curistes, de saisons en saisons, sont de moins en moins nombreux, les stations voient les conséquences de l'imprudence de ne s'appuyer que sur un seul produit. La nécessité de réagir en profondeur s'est donc imposée.

"Il faut en finir avec ces fonctionnements", lance Jean-François Béraud, directeur de Thermauvergne et administrateur du GIE (groupement d'intérêt économique) Auvergne Thermale développement, structures regroupant les acteurs du thermalisme de la région. C'est pourquoi l'association la Route des Villes d'Eau du Massif Central a vu le jour en juillet dernier. Elle regroupe 21 stations du centre de la France (1). Les buts : transformer les stations thermales en destinations touristiques. "Nous devons nous mettre dans une nouvelle logique, celle du développement touristique. Les sources thermales sont un plus, un atout supplémentaire. Nous sommes d'abord des lieux touristiques", souligne Jean-François Béraud.

Détente et culture

"Il faut jouer toutes les cartes existantes : tourisme de passage, courts séjours, remise en forme, découverte, etc... N'oublions pas que les stations thermales en Auvergne regroupent plus de 50% des chambres de la région, dans des établissements en général rénovés. C'est dire que la qualité et la capacité de l'accueil ne sont pas négligeables", ajoute le directeur de Thermauvergne.

L'offre touristique de la Route des Ville d'Eau va s'appuyer sur deux axes : d'un côté le sport, la détente et la remise en forme ; de l'autre la culture et le patrimoine. "Nous nous positionnons en opérateur pour attirer des touristes sur des activités précises, en nous associant avec des spécialistes comme Chamina pour les randonnées" poursuit-il.

"Et nous allons ouvrir les établissements thermaux à la visite. Certains sont des pures merveilles de la période napoléonienne".

L'avenir et le renouveau des stations thermales va donc passer par plusieurs étapes. Tout d'abord une opération de séduction. "Les entrées des villes vont être fleuries; et partout nous installerons une signalétique similaire, propre aux villes d'eau", ajoute Jean-François Béraud. Cartes et documentations vont être imprimées et distribuées par le relais des comités départementaux et régionaux du tourisme. Les premiers produits vont voir le jour, comme la boucle des villes d'eau en VTT. Une charte et des critères de qualité seront mis en place en 1998 en vue de la sélection des hébergements et des prestataires de service.

Cures anticellulites

Les années suivantes, un gros travail de commercialisation, incontournable pour la réussite du projet, sera entrepris auprès des autocaristes, des tours operators et des agences de voyages.

Ce volet de développement des stations thermales n'est pas le premier des efforts entrepris pour diversifier les activités des villes d'eau. Déjà depuis deux ou trois ans, la mise en place des courts séjours a permis de contrebalancer en partie la chute du nombre des curistes. "40 hôtels en proposent en Auvergne. Ce qu'il faut voir, qui reste très important: les cures courtes, qui fonctionnent hors sécurité sociale, rapportent plus que les cures traditionnelles", précise Jean-François Béraud qui insiste : "le plus important n'est pas tant le nombre de curistes que la marge bénéficiaire des entreprises travaillant avec eux".

Royat a ainsi lancé les cures anticellulites. Un début de succès se profile à l'horizon avec 1.000 forfaits vendus cette année. A Vichy, l'accent a été mis sur la remise en forme tout comme à Saint-Nectaire, petite station qui se tourne efficacement vers le tourisme puisque le thermale ne représente plus que 10% des nuitées de la station.

Dans certaines villes, les cures courtes compensent presque la baisse des curistes traditionnels. C'est un premier pas, encourageant pour assurer l'avenir des stations thermales.

P. Boyer

(1) Les villes qui ont rejoint l'association sont : Saint-Honoré-les-Bains, Bourbon l'Archambaud, Néris-les-Bains, Evaux-les-Bains, Chateauneuf, Vichy, Chatel Guyon, La Bourboule, le Mont Dore, Royat, Saint-Nectaire, Montrond-les-Bains, Chaudes-Aigues, Cransac, La Chaldette, Bagnols-les-Bains, Avène, Les Fumades, Saint-Laurent-les-Bains, Neyrac-les-Bains, Vals-les-Bains.


Jean-François Béraud, directeur de Thermauvegne : "Vivre sur le seul thermalisme n'est plus possible aujourd'hui. Il faut retrouver un développement touristique".


Thermalisme

Aix-en-Provence s'équipe

Réhabilitées, les Ther-mes d'Aix-en-Provence seront bientôt au centre d'un complexe touristique comprenant trois restaurants et deux établissements hôteliers.

Fermées depuis le 10 octobre 1990, les Thermes d'Aix-en-Provence auraient du rouvrir leurs portes en avril dernier. C'est finalement avec un an de retard en mars 1998 que l'inauguration devrait avoir lieu, espère-t-on du côté de la mairie d'Aix-en-Provence. Ce vaste chantier comprend d'une part la rénovation de l'établissement thermal soit un investissement de 50 à 55 millions de francs supporté par la municipalité. D'autre part, la construction d'un complexe touristique complet confié au groupe privé marseillais Delta G et structuré autour d'un institut de la beauté et de la forme installé sur 1.273 m2. «Nous voulons créer un complexe qui puisse s'inscrire dans le renouveau du thermalisme avec une unité de soins traditionnels pour les cures remboursées par la sécurité sociale et un institut de médecine préventive tourné vers la gestion du stress, le remodelage du corps», explique Paul Lespinat, adjoint au maire chargé du thermalisme.

Une locomotive pour le tourisme

Ce complexe thermal sera complété par un hôtel de 60 chambres et une résidence d'une cinquantaine de studios. Deux établissements quatre étoiles disposant d'une piscine de 25 mètres alimentée en eau thermale et ouverte toute l'année au public, d'un hammam, de salle de danse, squash... «Nous voulons lancer une véritable locomotive pour le tourisme aixois avec une offre très diversifiée», explique le docteur Paul Chatel, P-dg de Delta G.

Ainsi sur le site, les clients pourront choisir entre trois restaurants : un établissement gastronomique, une taverne Maître kanter et un restaurant végétarien. «Pour gérer les différentes parties du complexe hôtelier-restauration, nous allons nous entourer de professionnels», précise le PDG de Delta G. A l'horizon 2000, la municipalité d'Aix-en-Provence table sur un flux annuel de 7 à 10 000 personnes pour les Thermes et de 2 à 5000 pour les cures forme-santé. «Nous n'avons pas encore ouvert et les tours opérators américains , nous ont déjà inscrit dans leur programme, ce qui nous permet de démarrer avec 19 semaines de réservation ferme. Quant à la période de la Coupe du Monde de football, nous sommes déjà complets», ponctue le P-dg de Delta G. Seule station thermale de plus de 100.000 habitants en France, Aix-en-Provence entend attirer un flux important de clients venus de l'étranger et compte sur le renouveau du thermalisme pour générer près de 300 emplois directs ou induits dans la cité. Un chiffre calculé sur la base d'une dépense moyenne par curiste située, pendant son séjour entre 10 et 15.000 francs.

AMP

Aix-en-Provence compte sur le renouveau du thermalisme pour générer près de 300 emplois pour la Cité.



L'HÔTELLERIE n° 2538 hebdo 4 decembre 1997

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