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L'Evénement

Congrès de la FNIH à Bordeaux

Le changement dans la continuité

A l'occasion de son 53ème congrès en Gironde, la FNIH a mis en place ses nouvelles équipes.

C'est à peu près chaque année la même chose. A l'appel de leur syndicat patronal, une toute petite poignée de jeunes et un plus grand nombre «d'aînés», quittent au petit matin leurs entreprises respectives pour aller refaire le monde durant trois ou quatre jours selon l'occasion. Réunis au Palais des Congrès de Bordeaux, du 12 au 14 novembre derniers, les adhérents de la Fédération Nationale de l'Industrie Hôtelière (FNIH) n'ont pas failli à la tradition de ce «pèlerinage» annuel. D'autant plus que cette fois-ci, leur nouveau patron, André Daguin, prenait officiellement les commandes de la maison-mère. «Nous nous sommes déplacés pour entendre ce qu'envisage réellement de faire notre nouveau capitaine afin de maintenir à flot nos différentes professions dans les années à venir», confie un hôtelier, avant de s'engouffrer dans la salle où se déroule la dernière assemblée de ce 53ème congrès. Et d'ajouter, «notre démarche est identique pour les nouveaux membres qui constituent désormais son équipe.»

Reste qu'en dépit de l'élection de nouvelles «têtes» avec Guy Obozil à la présidence de la Fédération nationale de l'hôtellerie française (FNHF), Jean-Louis Gelos à la Fédération nationale des professions hôtelières saisonnières (FNPHS), Jacques Bellin au Groupement national des chaînes (GNC), André Delcassan à la Fédération nationale de l'hôtellerie familiale (FNHF), Jean-Louis Clauss à la FNCBD et Francis Attrazic à la Fédération nationale de la restauration française (FNRF), le monde demeure dans les faits difficile à changer. En d'autres termes, les élus ont préféré opter pour le changement dans la continuité plutôt que de jouer la carte franche du changement.

«La marmite fiscale
nous cuit à feu doux»

N'ayant d'ailleurs guère de marge de manoeuvre pour proposer des démarches «inédites», ces derniers se sont donc tour à tour attachés à plancher sur les problèmes propres à leur secteur respectif afin d'établir des actions tangibles au cours des prochains mois. «La marmite fiscale nous cuit à feu doux !», a ainsi déclaré haut et fort André Delcassan précisant l'impérieuse nécessité d'obtenir des prêts particuliers pour l'hôtellerie familiale ainsi que des avantages fiscaux afin de favoriser la transmission d'entreprise. Réclamant le droit à la prise en compte des particularismes des saisonniers, Jean-Louis Gelos a une nouvelle fois demandé la création d'un statut pour ce type d'activité ainsi qu'une redéfinition des modes de fonctionnement des entreprises de tourisme dites sociales.

«Nous n'avons jamais bénéficié d'une politique cohérente des pouvoirs publiques», a martelé pour sa part Francis Attrazic. Et d'ajouter, «nous réclamons l'équité tant dans le domaine de la TVA (un taux réduit pour tous inférieur à 15%) que dans celui de la reconnaissance professionnelle.» Sous la houlette de Jean-Louis Clauss, les cafetiers ont eux rappelé avec ironie que «cela faisait au moins 30 ans que l'on parlait de la révision du Code des débits de boisson et qu'il faudrait que l'on passe maintenant à l'action.» Sans oublier d'évoquer les dossiers chauds de leur corporation comme les fermetures administratives abusives, la formation du personnel et le paracommercialisme. Sur ce dernier point, le nouveau président de la FNCBD n'a d'ailleurs pas manqué de souligner que «lorsqu'un bistro disparaissait dans les campagnes, on n'en entendait guère parler. En revanche quand il s'agissait de la disparition d'un bistro implanté dans les faubourgs, cela devenait un drame social !»

Du côté de la FNHF, Guy Obozil a organisé dix groupes de travail, chacun étant chargé d'un dossier précis : surcapacité, paracommercialisme, redevance télévisuelle, étude sur les tarifs de l'eau à travers les différents départements français, normalisation et certification, résidence de tourisme, nouvelles technologies, analyse comparative du niveau de charges patronales dans les métiers de service, restructuration de la dette, valorisation de l'hôtellerie indépendante et développement de la commercialisation en réseau.

«Tout doit venir de vous»

Quant à André Daguin s'adressant à Michelle Demessine, la secrétaire d'Etat au Tourisme s'étant déplacée en Gironde pour assister à la clôture des débats, après avoir entendu les adieux à son prédécesseur, Jacques Thé, il a fait clairement entendre sa voix. En bon gascon, c'est avec l'accent et la force de l'image qu'il força le trait s'adressant à Michelle Demessine, secrétaire d'Etat communiste, il s'était promis de parler le même langage : «C'est dans le secteur des CHR que l'on trouve les vrais prolétaires. Bien souvent, ces patrons cachent leur misère. Parfois même, ils gagnent à peine le Smic pour deux et se retrouvent sans aucune indemnité après avoir déposé le bilan», a scandé le nouveau président de la FNIH. Et d'ajouter, «dans ces conditions, s'il faut appliquer les 35 heures par semaine dans ce métier, demain, 50% des professionnels du tourisme vont au casse-pipe. Ce n'est pas acceptable en l'état ! Il ne faut pas casser la mécanique, ne pas tuer 50% des entreprises sous prétexte d'idéologie». Il a mis en avant le fait que la ministre avait devant elle «la tête et le coeur de la plus grande et représentative organisation professionnelle du secteur» et a tenu à lui dire combien son attente envers elle était grande, plus grande qu'avec ses prédécesseurs «les professionnels que vous avez devant vous sont tous sûrs qu'avec vous, il va se passer quelque chose».

Quant à sa propre action, André Daguin se refusa à promettre quoi que ce soit, prévenant l'assistance «tout doit venir de vous». Avec qui gouvernera le nouveau président de la FNIH ? Avec des présidents de branches élus et quelques personnes choisies par lui, il en donne la liste : Jean Biron, Guy Obozil, Jean-Louis Gelos, Jacques Bellin, Jean-Louis Clauss, Francis Attrazic et André Delcassan, élus par les branches et A.Philippe Feutré, Gilles Douillard, Christian Navet et Alain Jacquier choisis par André Daguin.

Claire Cosson

ccosson@lhotellerie-restauration.fr

«Si je suis resté si longtemps à donner le meilleur de moi-même, a expliqué Jacques Thé dans son discours d'adieu, c'est parce que je vous aime».

«Il ne faut pas tuer 50% des entreprises avec les 35 heures sous prétexte d'idéologie», a prévenu André Daguin.

Intervention de la secrétaire d'Etat au Tourisme

Michelle Demessine : «la réduction du temps de travail dans le tourisme est une opportunité à saisir»

Invitée à suivre les travaux de la FNIH à Bordeaux, Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au Tourisme, a profité de l'occasion pour présenter ses différentes réflexions sur l'avenir de la profession. A ce propos, elle n'a pas manqué bien sûr de souligner l'importance des 35 heures par semaine dans le secteur du tourisme. «La réduction du temps de travail dans le tourisme est une opportunité à saisir», a ainsi confié Michelle Demessine. Et d'ajouter, «tous les acteurs y ont intérêt et peuvent y participer. Je trouve néanmoins légitime que certains professionnels s'interrogent quant à l'application dans les faits de cette mesure.» Selon la secrétaire d'Etat, s'il est en effet impératif que «l'industrie touristique ne reste pas en dehors du progrès social», elle ne mésestime pas les réticences de la profession. D'autant qu'aujourd'hui, grâce à ses différents contacts sur le terrain, elle dit comprendre les difficultés de l'hôtellerie et la restauration notamment.

«Il est clair que les difficultés du secteur de l'industrie hôtelière se situent essentiellement du côté des charges financières, sociales et fiscales», a-t-elle indiqué. A ce propos, Michelle Demessine a rappelé qu'il était dans ses intentions d'augmenter les moyens financiers de la Sofaris dans le cadre du dispositif de la restructuration de la dette. «170 entreprises ont bénéficié à ce jour de ce dispositif. Ce résultat n'est pas suffisant», a-t-elle ainsi reconnu. Elle a en outre appelé la profession à jouer la solidarité entre les entreprises et à réfléchir sur la mise en place d'un système de prêts bonifiés à très bas taux d'intérêt, avec une bonification qui varierait en fonction des objectifs d'emploi, de formation et de réduction de temps de travail.

Au sujet du poids des charges sociales et fiscales, Michelle Demessine a prôné une meilleure répartition pour les entreprises de main d'oeuvre. Enfin, concernant la TVA, la secrétaire d'Etat a expliqué que la question méritait d'être examinée de près notamment pour les sociétés employant beaucoup de salariés. D'autant plus que la baisse de cette taxe aurait des retombées directes sur l'emploi et la consommation intérieure. A noter également, l'annonce du déblocage des réserves du FAFIH d'un montant de 77 millions de francs qui permettrait la poursuite du Plan emploi.


Alain Juppé, en tant que maire de Bordeaux, accueillit les congressistes. Jacques Thé le décrivit «homme ouvert, attentif, parlant vrai mais qui, par la faute de l'administration, ne put faire en sorte de voir concrétiser les promesses qu'il avait faites au Président de la FNIH pour le secteur des CHR».

LE NOUVEAU DIRECTOIRE DE LA FNIH

* André Daguin, Président - GERS

* Jean Biron, Vice-Président - PARIS

* Guy Obozil, Hôtellerie - SAONE et LOIRE

* Jean-Louis Gelos, Hôtellerie saisonnière - LANDES

* André Delcassan, Hôtellerie familiale - PARIS

* Francis Attrazic, Restauration - LOZERE

* Jean-Louis Clauss, Cafés - BAS-RHIN

* Jacques Bellin, GNC - PARIS

* Alain Jacquier, Développement syndical et partenariat - COTE d'OR

* A.Ph. Feutré, Europe - PARIS

* Christian Navet, Emploi - PARIS

* Gilles Douillard, Affaires économiques - PARIS.


Christian Sauvage

«L'aboutissement des promesses électorales»

En tant que président de Région, Christian Sauvage remercia Jacques Thé pour sa contribution à l'évolution de la FNIH «L'hôtellerie est un métier d'hommes et de femmes de passion qui peuvent quelquefois appliquer le meilleur et le pire, faire vivre des peines ou des joies mais nous savons que la découverte du goût se fait avec l'acide, le sucre, l'amère ou le salé. Chacun d'entre nous pourra se concocter le cocktail qu'il voudra.»

S'adressant à la nouvelle équipe qu'il remercia de son engagement, il prévint «nous sommes à l'aboutissement des promesses électorales et à la veille des engagements que vous avez pris, bon voyage, même si l'on sait que celui-ci ne sera pas forcément une croisière. Rendez-vous à la prochaine halte.»



L'HÔTELLERIE n° 2536 hebdo 20 novembre 1997

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