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Beaucoup d'ambiguités

Une chose est claire : trop d'établissements hôteliers sont aujourd'hui fragilisés par des charges financières trop lourdes du fait de l'évolution de l'activité économique et de la chute des taux d'intérêts. Voici plusieurs années maintenant que les instances professionnelles en appellent aux responsables politiques successifs qui ont toujours fait preuve de la plus grande réserve en la matière, mettant en avant la liberté incontournable des banques et l'indépendance de l'Etat vis à vis des organismes financiers. Ce qui porte plutôt à sourire quand on sait ce que les interventions politiques ont pu coûter aux contribuables français en matière bancaire justement ! Qu'à cela ne tienne, les hôteliers les plus acharnés ont réussi à se faire entendre de leurs banques en dehors de tout accompagnement de l'Etat dans un certain nombre de cas, réussissant à sauver leur entreprise en rallongeant la période de remboursement et en baissant les taux, malheureusement, tous n'ont pas été logés à la même enseigne, loin s'en faut et un certain nombre, dont l'activité était pourtant tout à fait convenable, se sont vus obligés, par le fait des organismes prêteurs, de déposer le bilan. Pendant ce temps, les politiques demandaient à l'administration de trouver des solutions...histoire de calmer les professionnels au moment des congrès ! Chaque ministre a ainsi pu présenter son projet...des «usines à gaz» si lourdes et compliquées, que peu de professionnels ont pu en bénéficier mais suffisamment semble-t-il, pour que les politiques inscrivent à leur bilan personnel le mécanisme mis en place.

Il fut beaucoup reproché à B. Pons de se distancier, en tant que ministre des Transports, de l'Equipement, du Logement et du Tourisme, de l'activité de l'hôtellerie-restauration. Le fait d'avoir un certain recul par rapport à cette activité lui permettait peut-être de moins y rechercher des signes de reconnaissance et des raisons d'exister au sein du gouvernement auquel il appartenait. Son image de «vieux routier de la politique» lui donnait aussi les moyens de se placer quelque peu au delà des codes, au delà des règles de l'administration quand il pensait qu'il fallait favoriser l'efficacité au conformisme politique. C'est tardivement qu'il mit sur orbite ICD, un organisme privé, (crime de lèse majesté ?) pour aider les hôteliers à restructurer leur dette. Tous les risques étaient pris par cet organisme de caution, l'Etat se contentait d'assumer la paternité de l'accord et envisageait pour certains dossiers, une prise en charge partielle des frais de caution. Mais bien au delà de cet aspect financier, il s'engageait pour qu'un mouvement se fasse en direction de cette aide à la renégociation. Mis en place par le gouvernement précédent, l'accord semble être ignoré des équipes en place aujourd'hui tant sur le plan politique qu'administratif alors qu'il pourrait permettre, en dehors d'une intervention financière de l'Etat, à certains hôteliers de sauver leur entreprise. La ministre du Tourisme aujourd'hui pourtant affirme «je ne suis pas pour le moins d'Etat mais pour le mieux d'Etat. L'intervention de l'Etat est nécessaire pour définir une politique, donner les impulsions et fédérer les actions» et abordant le problème de restructuration de la dette hôtelière «le processus passe par une meilleure mobilisation des garanties Sofaris»...Quand on sait que Sofaris est un système qui repose sur des fonds publics, on mesure mieux les contradictions entre discours et réalité...L'administration française comprendra-t-elle un jour que les solutions peuvent venir aussi du secteur privé et qu'il n'est pas besoin d'être sous la tutelle de l'Etat pour que d'une manière collective, les choses évoluent ?

P.A.F.



L'HÔTELLERIE n° 2535 Hebdo 13 novembre 1997

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